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Critiques de Jean Bricmont (18)
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Impostures intellectuelles

En 1996, Alan Sokal, physicien de son état, publie un article « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique » dans une revue américaine. L'article était en réalité un tissu d'âneries (implications politiques de la théorie quantique, réduction de la réalité physique à une construction sociale comme une autre, ...), mais irréprochable dans sa forme : nombreuses références d'auteurs connus, vocabulaire technique, bibliographie imposante.



Cette parodie vise certains auteurs de sciences humaines, qui n'hésitent pas à truffer leurs propres textes de références à des théories scientifiques en vogue, dans le but de profiter de leur prestige, ou d'éviter les critiques des opposants peu versés dans ces domaines. Cet essai met en avant les ressorts utilisés en présentant des exemples tirés d'auteurs connus (Lacan, Deleuze, …) Les textes sont remplis de concepts que les auteurs comprennent mal, ou ne se sont même pas donné la peine de comprendre, se contentant parfois de simplement jouer sur les mots : les théories scientifiques regorgent en effet de mots d'usage courant (anneaux, corps, chaos, cordes, choix, …) qui peuvent évoquer tout autre chose que leur sens précis dans la théorie en question.



La lecture devient tout de même pénible à la longue, puisqu'on est obligé de devoir lire des pavés de texte sans queue ni tête avant de pouvoir les déconstruire.



Reste à savoir, quand un texte semble incompréhensible, s'il est réellement compliqué ou si son auteur brasse de l'air. Quelques conseils sont donnés : chaque exemple, chaque métaphore, doit éclairer le lecteur, et pas l'entraîner dans des théories encore plus complexes ; les prérequis doivent être clairement énoncés, ainsi que des ouvrages de référence pour les acquérir ; et surtout, ne pas hésiter à s'avouer qu'on ne comprend pas. Au final, ces textes passent uniquement parce que tout le monde se tait par peur du ridicule.
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La République des Censeurs

Reçu dans le cadre de masse critique, j'avais eu vent de Jean Bricmont lors d'une émission de télé. Wahouh quel essai ! En 162 pages il y a plus de réflexion qu'en 6 mois de salmigondis sur l'affaire valls, diedudonné et par extension sur la question brûlante et essentielle posée par l'essayiste : la France est-elle régie par la censure ? A l'aide d'exemples très éclairants il démontre que les citoyens ne sont pas tous égaux selon leur obédience alors que leur discours est sensiblement identique, je pense aux fiançailles du fils Sarkosy traité par sine hebdo et libération par exemple.

On y croise évidemment Chomsky, et toute une tripotée d'historiens, de rigolos de gauche et de droite, Henry IV...

Au sortir de ce livre on souhaiterait entendre ces auteurs plus souvent, comme ce n'est pas demain la veille, je vais continuer à les lire.

Très bon essai, vraiment.
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Impostures intellectuelles

Alan Sokal a tenté de faire publier un article parodique, truffé d'incohérences et d'aberrations scientifiques... et il y est parvenu! Ce livre décortique les impostures intellectuelles: sous un vernis scientifique (langage technique) se trouve en fait du vent abscons.

J'ai survolé rapidement plusieurs chapitres, notamment celui sur Lacan, y ayant déjà suffisamment été confrontée, mais qui m'a confirmé ce qu'on m'avait déjà rapporté: Lacan ne comprenait visiblement pas les concepts mathématiques qu'il utilisait.

Les textes présentés sont le plus souvent abscons, très ennuyeux, les auteurs expliquent ensuite. Certains textes présentés sont affligeants comme le par exemple dans le chapitre sur Luce Irigaray et comme les auteurs le font remarquer: "avec ce genre d'ami (e)s, la cause féministe n'a pas besoin ennemis".



Je n'ai pas trouvé ce livre agréable, ni passionnant à lire, je l'ai d'ailleurs à plusieurs reprises survolé, c'est plutôt un livre intéressant à garder sous le coude en cas de besoin.
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Impostures intellectuelles

Il s'agit du développement et argumentaire qui a fait suite à l'affaire Sokal (publication dans un journal de science humaine d'un article farfelu mais accepté par le comité de lecture). Ce livre tente de démontrer que quand un scientifique de charisme propose un discours ou une théorie qui a l'apparence de la rigueur (en particulier une théorie qui s'appuie sur les mathématiques dans le domaine des sciences humaines), il y aura toujours nombre de personnes qui crieront au génie. Le livre ne discute pas l'aspect mouton de Panurge mais démontre que de nombreux scientifiques de renom (Lacan, Kristeva, Deleuze, ...) ont appuyé nombres de leur théorie sur des bases mathématiques qui ne tenaient pas la route. Plus pernicieux encore, ils ont souvent fait valoir que l'analogie mathématique aidait a comprendre le sens d'un discours alors qu'il ne faisait que l'opacifier pour ne pas dire le rendre abscons. Impostures intellectuelles ou la théorie du vent et du verbiage. En soit le travail est remarquable et à mon sens tient la route. Cependant, le livre est parfois un peu lourd à lire.

Un travail qui sera jugé par certains comme iconoclaste, arrogant voire inutile. Un travail qui surtout encourage à ne jamais perdre son esprit critique, à ne pas tomber dans le panneau de l'apparence, à oser dire « je ne comprends pas » de peur de passer pour un c...
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La République des Censeurs

Je remercie Babelio et les éditions de l'Herne grâce à qui j'ai reçu et pu lire gracieusement ce livre. La lecture en a été rapide, accessible et intéressante.



"La république des censeurs" me semblait être tout à fait d'actualité vu les remouds que peuvent faire continuellement des opinions de politiques ou personnalités diverses dans les médias. On parle souvent de "dérapages" et on intente régulièrement des procès médiatiques ou juridiques pour des propos choquants. L'intérêt de ce livre était d'avoir accès à une réflexion un peu poussée tout en restant accessible dans son écriture vu que l'auteur n'est pas un philosophe mais un physicien à la base. Pari réussi.



La république des censeurs développe une thèse assez simple : on ne doit pas réprimer une opinion, qu'elle nous plaise ou pas. Sinon on juge une personne pour délit d'opinion. C'est ce que s'attache à démontrer Jean Bricmont dans son essais de 150 pages.



Le livre est composé de trois parties. La première qui pose les bases légales et philosophiques de la liberté d'expression tout en montrant divers exemples de censures qui touchent des propos actuels en vertu de la Loi pleven (ne pas inciter à la haine raciale, etc). Il est intéressant de penser que la loi pleven est difficilement applicable du fait de son manque de précision. Elle sera forcément soumise à interprétation, ce qui signifie à un avis subjectif, et donc peu probablement à un avis suivant l'esprit de la loi. L'auteur met notamment le doigt sur le fait que selon la personne et le sujet, les propos tenus ne seront pas jugés de la même manière, ce qui est contraire à l'égalité de la loi.



La deuxième partie revient sur la loi Gayssot qui interdit la négation de crimes contre l'humanité établis par le tribunal de Nuremberg. J'avoue ne m'être jamais posée de question sur cette loi et son bien fondé. Or l'auteur nous montre bien simplement que cette loi est injuste envers d'autres crimes commis que l'on est libre de nier. Il y a un effet pervers qui pousse à une hiérarchisation des crimes. L'autre point défendu par l'auteur est l'impossibilité de remettre en cause un fait historique comme si les faits étaient figés et qu'aucune découverte ou travaux de scientifiques ne pouvaient apporter de nouvelle lumière sur un évènement. Cette idée ne nous viendrait pas pour un fait scientifique. Il y a donc une notion de politique, d'idéologie derrière cette loi. De plus, on ne peut pas interdire une idée parce qu'elle est fausse, sans quoi bien des personnes ne pourraient plus parler! Au contraire, il faut profiter de cette erreur pour la rectifier.



Cette partie, la plus importante de l'essai, comporte des longueurs et revient surtout sur les querelles historiques à propos du génocide juif. Pour l'auteur la loi Gayssot a empêché dès sa promulgation une réflexion ou de nouvelles conclusion sur la question des chambres à gaz dans le génocide juif. Ce qui a permis la montée du négationnisme et non pas son éviction selon le principe que la où nous empêche de regarder, c'est qu'il y a anguille sous roche. De même, la montée en puissance de personnalités telles de Alain Soral, Dieudonné ou Eric Zemmour viendrait indirectement de la loi Gayssot et du tabou qui frappe la question des juifs dans la seconde guerre mondiale.



J'ai regretté, et cela dans l'ensemble de l'ouvrage, le manque d'ouverture sur d'autres thématiques que les polémiques touchant à Israël ou à l'antisémitisme. Mais cela provient peut-être du fait que ces polémiques intéressaient plus particulièrement l'auteur et donc qu'il les maitrisait mieux.



Son développement en arrive donc à la conclusion que les lois qui appellent à la censure depuis une trentaine d'années poussent la montée des idées extrémistes puisque la personne accusée, si l'on ne rectifie pas ses propos, est perçue comme une victime et a finalement gain de cause dans l'opinion publique. Le mieux est l'ennemi du bien dira t-on. A force de vouloir être bien pensant, et vouloir que l'autre pense de même, on étouffe l'expression de son voisin.



Un petit ouvrage que je conseillerais donc pour une approche des questions liées à la liberté d'expression, aux différences de traitement qui existent selon le sujet que l'on traite, qui remet les pendules à l'heure aux personnes qui jugent des idées et non des faits, ce qui, je pense, arrive à peu près à chaque être humain.



Mais un ouvrage qui ne pourrait se suffire à lui même. L'orientation du discours cible uniquement, ou presque, comme je l'ai dit, les personnalités ayant été inquiétées suite à des propos qualifiés d'antisémites ou antisioniste (ce n'est pas à moi de le juger) et c'est dommage.
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Impostures intellectuelles

Je l'ai lu à sa sortie initiale. Je me souviens d'un livre pas vraiment "facile" à lire quoique assez court. Néanmoins c'est le genre de bouquin dont on ne peut que saluer la démarche, où des scientifiques dénoncent le recours abusif par des spécialistes de sciences humaines à certains axiomes, formules ou théories incompréhensibles du commun de leurs collègues afin de conférer un semblant d'irréfutabilité à leurs propres théories. Je me souviens de tout le ramdam que ce bouquin fit en France car celui-ci descendait rudement Jacques Lacan de son piédestal en couvrant de ridicule ses pseudo références scientifiques.

Bien entendu la démarche des auteurs pouvait être diversement comprise. On pourrait leur prêter une intention négative, à savoir un message adressé à leurs collègues des sciences humaines en forme de "pas touche à ce que vous, pauvres crétins, êtes incapables de comprendre et de manipuler correctement". Mais telle n'a pas été leur intention qui était plutôt de mettre en évidence que le recours abusif à des éléments scientifiques non maîtrisés par l'auditoire cible sert à dissimuler un argument d'autorité détournant l'attention d'une partie éventuellement faible de cette théorie. Ensuite bien sûr la nature humaine "de base" prend le relais: plus l'argumentation est abstruse plus les spécialistes en réalité largués feront mine de l'avoir comprise, pour éviter le discrédit auprès de leur communauté.

La démarche des auteurs me semble salutaire et trouve d'ailleurs maintes hypothèses d'application autres que celles qu'ils ont étudiées. Ainsi aujourd'hui c'est un argument darwinien et scientiste qui est brandi par les économistes de la nouvelle orthodoxie néo libérale pour justifier que le monde soit aveuglément gouverné par une sorte de divinité tutélaire appelée "Marché" (dont ils sont les seuls à pouvoir interpréter les oracles, bien sûr), excluant ou rendant illusoire toute décision ou réflexion politique sortant de cette orthodoxie.

A lire et à transposer à d'autres démarches dont il importe de se méfier à chaque fois qu'on vous dit: "c'est comme ça !", sans autre explication.
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Raison contre pouvoir : Le pari de Pascal

Raison contre pouvoir : Le pari de Pascal est un livre sous forme de recueil de correspondances échangées entre Jean Bricmont et Noam Chomsky, dont le premier joue le rôle de l'intervieweur et le second de l'interviewé.



Tout au long de ces correspondances, Bricmont pose à Chomsky des questions d'une nature politique - relatives essentiellement à la politique étrangère américaine, l'économie mondiale et l'anarchisme, mais également des questions d'une nature philosophique et morale - se rapportant essentiellement à la nature humaine et à l'éthique. Quant aux réponses de Chomsky à ces questions, elles sont méthodiques, simples et d'une clarté qui ne laisse aucune confusion dans l'esprit du lecteur.



Les points évoqués dans ce livre ont un caractère élémentaire pour la compréhension des travaux - politiques de Chomsky. Ce qui fait de cette oeuvre, une excellente introduction à la philosophie Chomskyienne, que je recommande en l’occurrence aux novices et aux curieux.
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Impostures intellectuelles

Un essai jouissif qui démasque la pédanterie, la nonchalance et la confusion des intellectuels post-modernes dans un débunkage minutieux des utilisations les plus fallacieuses des théories physiques et mathématiques par ces auteurs / imposteurs.

Les imposteurs en question : Deleuze, Latour, Lacan, et quelques autres moins connus. La palme de l'incompréhensible revenant à Lacan : ce qu'il écrit est tellement dénué de sens, tellement coupé du réel qu'on se demande comment il a pu recueillir autant de disciples - si ce n'est via une explication quasi-religieuse : il était un gourou dissimulant sa gnose irréfutable dans un texte hermétique vide de sens.

Ce démontage est sympathique, mais les parties les plus intéressantes sont les introduction, intermezzos et conclusion qui essaient de montrer de façon plus systémique en quoi ces comportement (le détournement fallacieux de théories qu'on ne comprend pas pour illustrer ou justifier des assertions idéologiques) est néfaste, pour la vie intellectuelle (les faits n'existent pas, tout est interprétation, donc la connaissance n'existe pas), pour les sciences en particulier (tout est politique, tout n'est que point de vue) voire pour la vie politique (si la connaissance est vaine, pourquoi éduquer les masses ?).

En annexe, le canular à l'origine du livre et de la fameuse affaire Sokal (1997) : l'article parodique totalement bullshit publié par Alan Sokal (co-auteur du livre) dans une revue en vue de sciences humaines américaine. Difficile à lire, mais assez drôle quand on sait que c'est passé !
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La République des Censeurs

J'ai découvert Jean Bricmont en 2001, lors d'une conférence avec Noam Chomsky. Je savais dès lors avoir à faire à un auteur engagé.

« La république des censeurs » pose dans un premier temps les bases théoriques de la liberté d'expression au travers une série de citations tirées de textes fondamentaux (souvent ancrés à gauche de la gauche).

Vient ensuite le temps de se penser sur les « affaires » ayant parcouru la France ces dernières années. L'auteur illustre parfaitement le climat de chasse aux sorcières qui s'est installé dans la République et les poursuites judiciaires qui viennent museler ceux qui viendraient contredire la pensée dominante. On est vite frappé d'un sentiment d'injustice quand on découvre que les principes de liberté individuelle, tant chérit par la France et brandis en étendard, sont mis en œuvre dans un deux poids, deux mesures constant.

Force est de constater la fragilité, mais surtout la subjectivité des lois condamnant des « crimes de pensée », la plupart du temps basées sur des théories sociologiques tout aussi subjectives.

Au final l'ouvrage soulève la question de l'utilité de la censure, pour Bricmont cette dernière est contreproductive puisque non seulement elle ne fait pas taire les idées jugées dérangeantes, mais elles les alimentent et leur accordent une certaine crédibilité en vertu du principe : « Il n'y a que la vérité qui dérange ».

Merci à Babelio et aux éditions L'Herne !
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La République des Censeurs

Jean Bricmont dresse un état des lieux de la liberté d’expression en revenant sur les différentes affaires qui ont agitées la France ces dernières années ; Zemmour, Mermet, Siné, Israël, le Pen, Dieudo, les lois mémorielles, etc. . . .

Un énième coup de projecteur sur cette censure qui chaque jour gagne un peu plus de terrain dans notre pays.

Remarquons tout de même que toutes ces affaires tournent autour de l’antisémitisme et d’Israël.

Impossible aujourd’hui en France de critiquer objectivement la politique Israélienne sans passer pour un antisémite.

L’antisémitisme : arme de discréditation massive, tout comme le « complotisme », anesthésiant d’esprits critiques !

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La République des Censeurs

Une citation dont j'ai perdu les références en guise de commentaire :

502 Dans son De la Démocratie en Amérique, Tocqueville avait remarquablement analysé le risque de « tyrannie de la majorité » inhérent aux régimes démocratiques, soulignant combien la démocratie américaine y était organiquement sujette : « Je ne connais pas de pays où il règne, en général, moins d’indépendance d’esprit et de véritable liberté de discussion qu’en Amérique. […] la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir. »
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Impostures intellectuelles

Un must have indispensable dans une bibliotheque contemporaine même si le nom de Bricmont s'est plus illustré dans des arcanes obscures ces dernières années, le propos du livre est indispensable. Démontage en règle de la malnommée "French Theory" soit le postmodernisme de Derrida, Lacan, Baudrillard, Debray... et leurs aventures catastrophiques dans leur rapports aux sciences exactes et aux fourvoieents de tout ordre (Théorèmes de Godel, physique quantique...)
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La République des Censeurs

Dévoré en très peu de temps, l’ouvrage c’est avéré particulièrement intéressant. Il est aisé de défendre la liberté d’expression pour ceux qui partagent nos idées, cet essai explique pourquoi il est tout aussi important de défendre la liberté d’expression de ceux qui ont des propos qui nous dérangent, avec lesquels nous sommes en total désaccord. C’est beaucoup plus difficile et c’est ce que Jean Bricmont réussi ici particulièrement bien. Il m’a apporté des clarifications et réordonné dans mon esprit, certaines notions et constats (politique, sociétal,…) mais surtout, il contribue largement à une remise à plat importante de ma conception de la censure. Un essai très appréciable, que j’estime beaucoup !
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Raison contre pouvoir : Le pari de Pascal

Cet ouvrage est un livre d'entretien dans lequel le questionneur (Jean Bricmont) tente de jouer l'avocat du diable pour permettre au questionné (Noam Chomsky) de préciser sa pensée. Malheureusement la sauce ne prend pas et la forme comme le fond m'ont décue.

Les entretiens se sont déroulés par écrit et on sent clairement que les relances de J. Bricmont sont déphasées par rapport aux réponses de N. Chomsky ce qui brise la dynamique et rend le dialogue très artificiel. C'est d'autant plus vrai que N. Chomsky ne joue pas vraiment le jeu de la contradiction et balaye beaucoup d'oppositions d'un revers de main en affirmant que la question n'a pas de sens ou que rien ne permet de l'étayer.

Le fond est également décevant quand on connaît la clarté et la pédagogie des ouvrages de N. Chomsky. Ici, on a le sentiment qu'il revient sur ses positions mais à contrecœur et en se référant souvent à des écrits passés.

Le petit format du livre pourrait laisser penser qu'il constituerait une bonne introduction aux réflexions de Chomsky, mais je ne le crois pas car les propos sont plus confus et moins aboutis que dans les livres écrits par lui sur des sujets particuliers.

L'idée de cette interview à charge était bonne mais le résultat n'est pas, selon moi, à la hauteur.
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La République des Censeurs

La France est certes loin d’être le pays le plus répressif en matière de liberté d’opinion. N’empêche, c’est un pays occidental où un délit d’opinion peut conduire à la prison, à de lourdes amendes ou à la destruction de livres. Bricmont montre que la loi Pleven et surtout celle du député communiste Gayssot sont inefficaces et, pire, contre-productives à l’âge d’Internet (voir p.ex. la Dieudonné-mania). Bricmont illustre que la pratique des “deux poids deux mesures” (particulièrement en faveur d’Israël) exacerbe les conflits intercommunautaires. La France vit dans une culture profondément imprégnée par la “reductio ad hitlerum”, depuis le vieux “CRS-SS”. Un exemple qui me concerne personnellement : les auteurs du “Livre noir de la psychanalyse” ont été qualifiés d’antisémites et de fascistes, notamment par E. Roudinesco (la journaliste du “Monde” pour les questions psys), parce qu’ils avaient critiqué un Juif, S. Freud. La dernière partie de l’ouvrage porte sur la “gauche morale” et les dérives moralisatrices de la gauche actuelle. Ce livre se caractérise par la précision des références de faits et par la rigueur de l’argumentation.
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Raison contre pouvoir : Le pari de Pascal

Ce livre regroupe deux interviews de Noam Chomsky, l’un des plus grands intellectuels du XXe siècle. Conduites par Jean Bricmont, professeur de physique théorique à l’université de Louvain, en 2001 et 2009, elles permettent au célèbre linguiste américain d’aborder une multitude de sujets : relations internationales, économie, nature humaine, philosophie, sciences, etc. Comme à son habitude, Chomsky se mue en pourfendeur des lieux communs, balayant les incohérences de la pensée dominante du revers de ses arguments. Pour cela il s’appuie sur ce qu’il nomme « le pari de Pascal : supposons que rien n’est possible et le pire arrivera ; supposons que l’on peut améliorer les choses, alors, peut-être, le fera-t-on ». Un optimisme de bon aloi, qui ne l’empêche pas de toujours se montrer ultra-réaliste quant à son raisonnement. Et ce n’est pas parce qu’il se déclare à la fois socialiste et anarchiste qu’il prêche un utopisme farfelu. En effet, il définit l’anarchisme comme « une tendance de la pensée et de l’action humaines qui cherche à identifier les structures d’autorité et de domination, à les appeler à se justifier, et dès qu’elles s’en montrent incapables, à travailler à les surmonter ». Voilà un programme que Bourdieu n’aurait lui-même n’aurait pas renié.



Raison contre pouvoir, le pari de Pascal est un ouvrage qui ouvre multiplie les pistes de réflexion les plus salutaires. Ses deux auteurs confrontent le lecteur à sa propre méconnaissance du processus de mondialisation et de ses rouages les plus obscurs. En posant ses questions sous forme d’objections, Jean Bricmont permet à (...)
Lien : http://leslecturesdares.over..
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La République des Censeurs

Puis-je parler mais pour quoi dire ?



La liberté d'expression, si chèrement acquise par notre civilisation est largement débattue dans cet ouvrage et l'auteur nous interpelle sur cette question fondamentale.

Ou sont les limites à cette liberté et qui peut juger ? Comment punir et la Loi peut-elle suppléer à ce droit ?

Et que dire de la censure ?



Alors peut-on tout dire, tout exprimer librement, doit-on punir autrui pour une remarque caustique, et l'humour, l'autodérision, qui sont ces hommes qui définissent ces lois ?



En attendant, lisez, réfléchissez, et tournez ...votre langue dans votre bouche avant de parler !!
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Noam Chomsky, activiste : Suivi de Les inte..

Un livre loin d'être consensuel, écrit par un auteur à l'aura sulfureuse pour un public plutôt orienté gauche toute, voir un chouia marxiste. Des opinions tranchantes sur les rapports de forces peuple pouvoir , nord - sud et les mécanismes de la démocratie qui plairont à coup sûr à un public motivé sur la question de l’engagement politique et l’activisme. En tant que lectrice, je ne partage pas l’ensemble des propos de l’auteur et de son sujet, j’ai même un peu tiqué sur le traitement plutôt simpliste et manichéen du conflit Vietnamien, néanmoins l’écriture est fluide, le propos clair et bien organisé et des questions plutôt intéressantes sont posée
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