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Citations de Jean-Claude Pinson (12)


Pourquoi ne pas essayer, nous autres, a proposé Giacomo, l’écriture à l’envers ? Pas seulement pour le verlan, le verlan distingué, qui de rouge fait jour. Non, ce pourrait être une façon dans la prose de se souvenir de la poésie, d’y faire passer en contrebande des vers oppositionnels.
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Où, sinon dans les vers-alambics qui mieux que vodka incendient et font encore marcher quand on est au bout du rouleau ; où sinon en eux qui sont du feu, Chalamov aurait-il bien pu trouver l’énergie, l’eau-de-vie qui le fit parcourir, en plein hiver, 1500, oui mille cinq cents kilomètres, en traîneau puis camion, à travers la taïga, pour aller chercher, par un froid de moins cinquante, une lettre de Pasternak (1952) ?
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Pas vraiment le moment de tenter une sortie sur la page quand s’additionnent :
année du Brésil qui prend fin
+ ordinateur qui rend l’âme lâché par sa carte mère
+ otite (because eau de mer obstinément squattant un fond d’oreille où capuchon du stylo charcuteur sûrement n’arrangea pas les choses […]
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« (heccéité du 09.10.2005)
été indien tomates
ultimes
corne de brume (car
brume en mer)
+ haie d’éléagnus en fleurs
qui plein pot claironne
sa bouffée de
parfum vanillé
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il y a une émotion singulière à regarder des photos de groupe où figurent, jeunes, des aïeux. Car vous les voyez comme jamais vous ne les avez vus de leur vivant, et pourtant vous les reconnaissez parmi beaucoup d’inconnus. Vérité infime d’un regard, d’une pose. Et vous vous dites que le secret de ces êtres, que pourtant vous avez fréquentés pendant une bonne vingtaine d’années, à jamais vous aura échappé. Qui furent-ils vraiment ? Quelles furent leurs pensées intimes, leurs émotions les moins dicibles ? Pour quel avenir, quel destin posent-ils ainsi en groupe ?
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Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 1

Bucoliques feuillées. — Au Japon, on n’a pas nos préventions. Les toilettes, écrit Tanizaki, sont l’endroit le mieux fait « pour la paix de l’esprit ». On y peut tout à loisir « goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les anciens poètes de haïkaï ont dû trouver là des thèmes innombrables. » Conditions toutefois : le silence, « une absolue propreté » et une certaine qualité de pénombre. Mais d’abord un dispositif architectural qui fait que l’endroit est situé à l’écart du bâtiment principal et à l’abri d’un bosquet (éloge de l’ombre oblige).
     J’ai connu des lieux très semblables : les toilettes que mon père avait construites au-dessus du cabanon familial accroché à mi-pente sur une colline, dans l’arrière-pays de Menton, au lieu-dit le Maura. Sise à l’ombre de grands châtaigniers, habillée de canisse en roseau, la cahute filtrait la lumière, tout en laissant entrevoir en contrebas la mer et la promesse en majesté d’ivresse renouvelée. Car elle offrait en plongée son vin bleu très intense, dans ce très grand ciboire que la montagne découpait entre Cap-Martin à droite et la pointe italienne de Mortola Inferiore, à main gauche.
...
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ce que c’est que « porter rétrospectivement » ? –C’est comme marcher sur la terre encombré d’un scaphandre, pataud, ankylosé de partout, ayant du mal à plier les membres. Et pas du tout pour autant cosmonaute dans la tête. Au contraire, gardant de ces années-là de cérébrales lourdeurs et lenteurs dans les circuits.
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GAGARINE DE LA MARINE


(littorini), bigorneaux
Extrait 2

Vous auriez quand même pu vous en douter, a dit Leo. D’ailleurs, vous confondez : Linné, pas Littré.

et en effet ça sonne très lettré, littorina littorea. Un nom très classe pour une bestiole très ordinaire, cagouille des rivages, qu’on préfère imaginer en petit cosmonaute des bords de mer, en Gagarine de la marine, plutôt qu’en centurion romain.

On l’a même baptisé (Bigarine), inventant pour Alissa Nikolaiëvna une histoire où, échappant de justesse à la voracité des tourne-pierres, il ferme à double tour son opercule et, barricadé dans sa pas spatiale capsule, s’en va pour cent ans de solitude explorer les trous noirs de sa mémoire animale vieille de six cents millions d’années
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GAGARINE DE LA MARINE


(littorini), bigorneaux
Extrait 1

littorini’s lubie qui a saisi Baudelaire à Moscou. Voulait absolument y déguster des bigorneaux. Besoin de recharger son organisme en magnésium, paraît-il.
On a eu beau lui dire qu’on n’était pas en Bretagne, pas à Tharon-Plage, qu’il mélangeait les cartes, etc. Rien n’y a fait.
Et évidemment, de bigorneaux, à Moscou, niet, zéro. D’iceux pas la moindre corne pointant à l’horizon son périscope.
Pas de quoi broyer du noir. Mais pas non plus d’autre solution que de se rabattre sur le mot et sa traduction. Séance lexicographique à mâchouiller des mots, bidouiller des étymologies. Dont il ressort, grosse déception, que ce n'est même pas un mot russe, mais latin. Un mot savant venu de Littré et non du slavon.
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Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 3

Car le cabanon, écrivais-je, possédait, un peu plus haut sur la
pente, des cabinets vraiment royaux
guérite où l’on montait la garde pour voir de loin venir
                 les sarrasins, disions-nous en riant
bucoliques feuillées
chaque matin on y montait
un broc de plastique bleu en main,
           pour y siéger longtemps, jouer à baron perché
      à hauteur des grandes branches de châtaignier qui, descendant presque jusqu’à terre (n’oublions pas que le terrain est très pentu), faisaient comme un camouflage où le soleil diffusait une lumière verte de fonds marins. Pas étonnant que le plongeur, perdu dans sa lecture ou ses pensées, tardât à remonter : nul lieu plus idéal pour la paix intestine
    et l’effusion lyrique aussi (celle que suscitent les belvédères), puisqu’on y pouvait à satiété contempler, à travers la canisse qui habillait l’armature de bois de l’endroit, entre le vert des pins déchiquetée
             la frise ultramarine de la mer
             avec le mouchetis de plume des voiliers
             lâchés au large comme d’un édredon crevé
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Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 2

     Ce lieu, ces lieux d’aisance, je les ai, dans un poème intitulé « Barone rampante (grotesco) », célébrés — chantés même si l’on veut (car c’était bien comme une chanson de la plus haute tour où l’on montait souvent en fredonnant). Je reprenais ainsi le titre italien d’un livre aussi profond que réjouissant d’Italo Calvino, Il barone rampante. En traduction française, c’est devenu Le Baron perché, titre pouvant donner le sentiment aux locuteurs de la langue de Molière que le héros du récit, le baron Cosimo Piovasco di Rondo, devenant Côme Laverse du Rondeau, en passant d’une langue à l’autre (comme il passe d’arbre en arbre), est comme monté en grade, gagnant un quartier de noblesse par la simple vertu d’un mystérieux ascenseur linguistique qui le fait quitter le sol et les racines pour siéger au plus haut des houppiers, de même que les gogues du cabanon, d’être perchées sur la colline du Maura, malgré leur fonction, nous paraissaient dignes de la sublimité du paysage. — En réalité, en italien, rampante est un terme d’architecture désignant, comme son homologue français, la partie inclinée d’une toiture. Rien à voir donc avec le verbe « ramper » ; dans une langue comme dans l’autre, on reste bien dans les hauteurs. Et si Cosimo « rampe », ce n’est pas sur le sol, mais en sautant d’un arbre à l’autre, au gré des branches, comme un couvreur courant de par les toits.
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Et l'auteur [Abdennour Bidar] de reprocher aux "intellectuels occidentaux", à la plupart d'entre eux du moins, de rester aveugles à cette réalité : "ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion", ils "vivent dans des sociétés si sécularisées qu'ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur de réacteur d'une civilisation humaine".
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