AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-François Leblanc (21)


La poésie est un cœur qui existe à l’épicentre du monde.
Commenter  J’apprécie          100
Royer ne fermait plus les lumières chez lui ; il branchait invariablement de petites veilleuses dans chaque pièce de son appartement, de sorte q'une aube artificielle menaçait de se lever en permanence, comme une garde à l'affût des horreurs qui lui revenaient derrière les yeux à chaque instant de la nuit.
Commenter  J’apprécie          90
Elle gisait là, cette pute, d'abord sous la lune et maintenant sous le soleil de juillet, au sommet du chantier de son destin, à pourrir comme une salope qui voulait tout prendre, toujours. Tuer la première femme de ma vie n'avait été qu'une simple formalité, aussi simple que de planter un clou dans le bois de mon existence. J'y pensais totalement nu dans la nuit éclairée d'un seul feu, bandé, debout, tout en hauteur, les pieds fixés sur les poutres juchées dans le ciel, le regard vif, le souffle fort, le coeur libéré de toutes mes peurs. Enfin, sous la férule de juillet, Catherine m'aimait, dans la rougeur du sang et de la mort.
Commenter  J’apprécie          90
Le froid s'installait en raison de la pluie ; comme si l'hiver refusait de mourir une dernière fois en tentant de tuer le printemps.
Devant la bâche, il contempla les gouttelettes de pluie qui embrassaient le plastique industriel ; il n'avait jamais souhaité se retrouver devant pareille reprise de l'horreur.
Mais aujourd'hui, il était prêt ; sa vie restait vouée à traversée cette infamie.
Il se retourna vers Khoury.
- N'entre pas.
- Pourquoi ?
Le pluie dominait l'endroit ; elle n'était pas tendre.
- Tu veux des enfants ?
- Quoi ?
Royer regardait Khoury dans les yeux.
- J'ai dit : tu veux des enfants ?
- Je ne sais pas… J'imagine…
- Alors n'entre pas.
Et Royer leva la bâche et s'engouffra dans l'enfer.
Commenter  J’apprécie          80
Le visage neutre, Royer regardait le tarmac de l'aéroport international de Val-d'Or : les avions, de petits jets de transports, baguenaudaient sur la piste, on aurait dit des frères eux aussi. Silencieux, les deux hommes tentaient de réapprendre leur compagnie mutuelle.
Commenter  J’apprécie          80
La découverte des gamins embrochés derrière la grange abandonnée le tuait. Il se souvint de l'opacité du ciel grisâtre fixé un temps tandis que ses yeux pleins de larmes peinaient à se contenir, à se retenir de l'exposer. Cette image des cadavres bleuis par le froid de novembre et la saignée provoquée par la longue broche effilée, en fer rouillé, qui transperçait les 3 petits frères, l’un derrière l’autre, du rectum au bas des ventre et leurs yeux ouverts comme leurs bouches, dévoilant mille insectes dans un cri entendu seulement du meurtrier, l’aspirait chaque nuit dans une inquiétude coupante.
Commenter  J’apprécie          80
Arrivé du ciel tel une comète infernale, le mégot achevait ses triples vrilles pour mieux assassiner, au sol, quelques insectes encore résolus à manger toute la chair animale disponible. L'homme regardait la cigarette s'éteindre au contact de sa pisse.
Commenter  J’apprécie          70
Il lui arrivait de parler, tout bas, à cette vision fantomatique de son père qui ne lui répondait jamais, se contentant de se caresser la nuque à l’aide de cette paume au bout de laquelle des doigts jaunis par le tabac faisaient l’envie de Royer. Derrière ce chef de famille déchu, deux tables plus loin, Jean Royer distinguait le profil de sa mère décédée de cause naturelle, qui se refusait à venir à la même table qu’eux, frustrée de l’abandon inexcusable de son mari. Même dans la mort, la réconciliation restait impossible dans cette famille devenue, à force d’échecs, d’humiliations et de pauvreté, dysfonctionnelle. Jamais Marc, le frère de Royer, n’apparaissait dans ces soirées réservées aux morts de la famille. Il poursuivait pourtant une existence heureuse et tranquille en Abitibi-Témiscamingue, dans la ville de Val-d’Or, où il dirigeait une entreprise minière appartenant à une multinationale.
Commenter  J’apprécie          70
Hansel et Gretel dormaient au côté de Catherine Grégoire, chaque soir de sa vie passée.....

Plaçant son pied droit dans son talon haut rouge fonçé, Catherine regarda son profil qui, sous les airs uniques de Black to Black, détendu dans la réalité par l'inoubliable Amy Whinehouse, se fondait dans le miroir de sa chambre.....
Commenter  J’apprécie          70
Ce polar croise trois trames: une description absolument extraordinaire de précision de ce qui se passe dans la tête d'un pervers que Royer traque, l'idée que les zones de non droit (bidonvilles de Caracas, réserves d'amérindiens) servent de bases opérationnelles à la mafia pour organiser le trafic de drogue, ce qui est vrai, que seul un flic borderline est assez fou pour s'attaquer frontalement à ces deux monstres ( la mafia et la perversion sexuelle).
En plus, LEBLANC, montre comment est constitué l'esprit du Québec : un mélange de christianisme dégoulinant et une volonté de non dit qui justifient les pires violences.
Je peux comprendre que cela choque Amaranth,car c'est choquant, le texte est choquant. Pourquoi ne pas le dire? En revanche sa critique n'est pas très honnête, elle tourne autour du pot pour tenter de décrédibiliser une oeuvre franchement nouvelle, originale, puissante. Pour une fois qu'un polar associe lyrisme, action, jazz et poésie.Moi je dis; Chapeau LEBLANC, vous portez bien votre illustre nom. Oui j'ai été choqué , mais au fond de cette fiction tout est vrai
( presque vrai). Comme le dit tout de même Amaranth (on dirait que ça lui échappe à la fin), il ouvre de nouveaux horizons
Commenter  J’apprécie          50
Un instant
précipite dans l’immortalité

les parages
tes seins
tes lèvres

et la beauté devient jour
Commenter  J’apprécie          40
Sans bruit
le mensonge laisse sa composition
se jouer

l’orage des souvenirs meurt en une
rosée embrassant la nécropole de
notre tendresse
Commenter  J’apprécie          30
Pour fuir je détourne mon visage
cours sans perdre mon impatience
qui me traque

je dépèce les rumeurs
avorte les bourgeons des érables
médite ta nudité sous la pluie

tout me fait au nom de l’échec
ce partage coupable.
Commenter  J’apprécie          20
Rien n’est deviné
écrire ton prénom
danser
dire ce qu’il me faut traverser
la haine
l’arrogance la mort
ces doigts de ma peur
de vivre.
Commenter  J’apprécie          20
Elle portait une robe légère, fleurie, sur laquelle on reconnaissait des roses rouges avec des épines. Catherine adorait les roses, pour elle, ces fleurs possédaient un parfum supérieur, féérique. Leurs pétales restaient toujours soyeux à tous les touchés des corps étrangers, si on respectait profondément leur état naturel. Et quand une main étrangère à la vie de ces créations divines venait les arracher à leur tranquillité, pour pénétrer dans leur beauté à travers la distance qui ne les rendait pourtant pas moins belles, ces fleurs piquaient leurs assaillants. Les épines correspondaient à une justice de dernier recours, une légitime défense parée à être plaidée devant toutes les juridictions. (P 182-183)
Commenter  J’apprécie          10
Avant de sonner à la porte principale, il se retourna pour voir Montréal dans toute son élégance ; cette ville révélait toujours un angle jamais vu à ceux qui la regardaient avec le cœur : une gueule d'enfer, une ville comme l'esprit d'un parfum de femme qui éveille toutes les furies masculines, une ville belle comme la fossette présente sur la joue droite de Martine au moment de ses sourires. Une ville dont il serait incapable de se séparer et qui lui apprenait qu'il en allait de même avec Martine. Jamais il ne pourrait la quitter malgré leur séparation : elle resterait en lui, à l'abri de l'oubli creusé par le temps, il ne la laisserait pas partir de sa mémoire, de son corps, de sa vie intérieure. Même si cette rétention incarnait un glaive lui forant le cœur. (P 40-41)
Commenter  J’apprécie          10
Ecoute-moi bien, petit : désormais, tu es marqué. Marqué aux yeux de ton frère, de tes amis, de ta mère, de ton quartier. Les gens ont vu, les gens t'ont vu. Cette violence, cette rage que tu portes, je te rassure : elle existe. Mais tu l'as mise au monde. Ce type capable de défigurer quelqu'un pour un oui ou pour un non, c'est toi. Tu vas devoir revenir de ça, sinon tu vas y rester, dans cette zone, dans cette ombre, tu vas t'y enfoncer jusqu'à la mort. Pour revenir, tu vas devoir prendre le chemin le plus long, le plus dur, le plus chiant. Tu vas devoir agir comme un homme. Pas seulement prendre tes instincts à la gorge, mais les étrangler pour les dominer. Pour commencer, ce soir, tu vas rentrer chez toi, te reposer et te tenir tranquille. Point à la ligne. (P 23-24)
Commenter  J’apprécie          10
Royer nota que son frère lui mentait, mais il ne poussa pas son désir de vérité plus loin ; il ne s'agissait pas d'un interrogatoire, il s'agissait de sa famille, de sa vie privée.
Commenter  J’apprécie          10
Je cherche notre droit de passage sorte
d’offrande indiscutable consignée par les
photographies décolorées.
Commenter  J’apprécie          10
Si tu veux je t’offre celui qui réclame le
vertige foudroyant que tu portes.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-François Leblanc (37)Voir plus


{* *}