Citations de Jean-François Pré (57)
Vous connaissez la différence entre les spermatozoïdes et les immigrés ? Y en a aucune : ils arrivent par millions et y en a qu'un qui bosse.
C’est comme quand tu pionces dans une banlieue pourrie et qu’une gonzesse, draguée dans un aéroport, te demande où tu crèches… tu réponds : Paris. Ça classe tout de suite et t’as quand même plus de chance d’emballer que si tu dis : Bécon-les-Bruyères. C’est pas vraiment un gros mensonge, c’est juste que t’enrobes la pilule. Comme la vérité. Elle est plus facile à avaler avec un bon excipient.
"Langsamer se sent l’air idiot.
Comme s’il regardait sa propre image dans un miroir, croyant y voir quelqu’un d’autre.
C’en est presque risible.
Arriver à son âge et se trouver devant une scène que le plus hardi de ses fantasmes n’eût jamais pu concevoir. Et, de surcroît, acteur de cette scène. Le comble… !
Acteur involontaire, peut-être, mais acteur quand même.
La honte….
La seule matière qui ne ment pas chez l’homme, disait une féministe inconnue, ce sont les phéromones.
Tu sais que la France détient le record du monde de consommation de produits pharmaceutiques… mais est-ce que tu sais combien pèse l’industrie pharmaceutique en France ?
– Non.
– 950 milliards, mon vieux… oui, tu as bien entendu. Neuf cent cinquante milliards… !
Il laisse à Bonnet le temps de digérer l’info et développe :
– Certains scientifiques – et non des moindres – prétendent que 80 % des médocs ne servent à rien. Cela correspond à ce qu’ils appellent Le façonnage de maladies. Les départements marketing des grands labos, comme celui que dirige l’affriolante madame Stock, vont jusqu’à inventer des maladies imaginaires pour nous faire gober leur camelote, au sens propre comme au figuré. Ils investissent en moyenne 25 000 euros, par an et par médecin, afin de s’assurer que le corps médial prescrira la bonne pilule, au détriment d’autres, peut-être plus adaptées à la pathologie des patients…
– On en revient à la corruption, s’attriste Bonnet.
– De la corruption indirecte car les 25 000 euros, tu t’en doutes, ne sont pas versés en cash. Ce sont des voyages, des séminaires dans des endroits paradisiaques, des soirées pharaoniques, des cadeaux, etc.
– Et le succès du Cholestril viendrait de là ?
– Pas seulement. Le Cholestril est le navire amiral de la flotte Curitas… mais il n’est pas le seul sur le segment, loin s’en faut. Ils sont nombreux à bouffer sur le dos de la bête. Tu te rends compte que le lobby de l’industrie pharmaceutique a obtenu de l’OMS 21 qu’elle baisse de 240 à 200 milligrammes le plafond de tolérance de cholestérol dans le sang. Ce qui a eu pour effet d’augmenter son chiffre d’affaires de 42 %. Vu qu’un médoc de 500 euros a un coût de fabrication de 7 euros au Bangladesh ou en Afrique, tu imagines un peu le bénef…
De son temps, les flics en imposaient. Aujourd’hui, fringués comme des ados… comment peuvent-ils être crédibles ? Commandant, capitaine et lieutenant semblent s’être donnés le mot. Tous trois portent un jeans tuyau de poêle qui met en exergue la maigreur des mollets et donnent aux chaussures des dimensions gullivèriennes.
Si tu ne tires pas, je te tue.
Si j'avais eu le temps de réfléchir, j'aurais pu esquiver son coup, reculer d'un mètre et la garder sous contrôle. Peut-être que cela lui aurait retiré l'envie d'opposer l'arme blanche au revolver. Mais dans l'urgence, ce sont les réflexes qui décident. L'instinct de survie prit les commandes de" mon corps.
Mon index pressa la queue de la détente.
Il faut savoir être unique pour susciter l’admiration et accessible pour couper la racine à tout germe de singularité. La singularité étant le marchepied de l’exclusion. Adam est un alchimiste de la démagogie invisible. Il chante un refrain que le peuple reprend en chœur, tout en ayant l’impression de l’avoir composé. L’homme est un favori logique à l’élection présidentielle. D’aucuns le disent imbattable.
Le propre de l'amour, c'est qu'il échappe à toute rationalisation. Quelque part, c'est une maladie de l'esprit, du coeur et du corps aussi... car c'est le corps qui traduit la douleur.
Ça, c'est la meilleure ! La Fondation Global - je ne savais pas qu'ils avaient une fondation, ces enculés - collecte des fonds pour l'institut Duch'mol qui - vous savez quoi ? - est spécialisé dans le cancer du poumon. Si je voulais faire un jeu de mots foireux, je dirais qu'ils ne manquent pas d'air.
Une journée sans ronchonner, c’est comme un fromage pasteurisé.
De quel droit un flic à la retraite se prévaut-il pour interrompre une journée de travail, comme ça ? En claquant de doigts ! Du droit dont l'article premier dit Le chefa toujour raison et dont l'article deux stipule Si le chef a tort, se réferer à l'article premier. Le chef, en l'occurrence, c'est le commissaire de l'arrondissement. Et le commissaire de l'arrondissement a donné pleins pouvoirs au commissaire de la Crim' qui a donné pleins pouvoirs à ce gros patapouf qui les mate, de ses yeux de belette, en attendant leur réponse.
C’est une auberge à l’ancienne. Cuisine traditionnelle. Où se retrouvent les familles pour le repas dominical. Où les grand-mères tentent encore de sortir les rejetons du marketing agressif de l’agroalimentaire. Ça sent bon la France des gilets jaunes et du pastis. Jaune aussi. Ça rétropédale dans le ringard… mais ça caresse les narines.
– Et alors ? lâcha-t-elle, froidement.
– Nous nous sommes disputés.
– Ça, j’ai compris. Mais toutes les disputes ne finissent pas en meurtre.
– Ce n’est pas un meurtre ! protesta Le Cafard.
– Va le prouver ! Si la police fourre son nez là-dedans…
Le Cafard s’épongea la joue d’une pochette qu’il remit en place sur sa veste de lin blanc cassé. Il avait retrouvé son maintien d’homme public. Il s’en voulut de cette défaillance, fût-elle fugace. Même devant des amis, gagnés à sa cause. Il ajusta son foulard qui s’était quelque peu relâché, tant son cou était fin, et affirma :
– La police ne mettra jamais les pieds ici, j’en fais mon affaire.
- On se croirait revenu aux années trente quand les Nazis faisaient des autodafés de ce qu'ils considéraient comme une littérature subversive. C'est-à-dire, tout ce qui ne ressemblait pas à de la propagande nationale-socialiste.
- Sauf que les Nazis sévissaient en uniforme, précisa Langsamer. Cet homme, lui, nous ressemblait. D'ailleurs, il a passé les contrôles sans coup férir. C'est cela le grand danger de l'islamisme aujourd'hui.
Il lui avait fallu quatre mois, tout au plus, pour rédiger sa Comédie humaine à lui. La comédie de la rue. C'était d'ailleurs le titre quil avait donné à son ouvrage, La comédie de la rue. Et puis, un grain de folie ou d'inconscience, un de ces oublis de ces égarements passagers qui estampillent une existence... l'avait ramené dans le troupeau. Petit boulon vissé sur les rouages complexes de la machinerie humaine. Il avait envisagé de se faire éditer. II voulait publier son roman. Savait-il que cet acte le replaçait dans le jusant de la vie commune...?
Outre les bouquins, il glanait les vieux journaux et parcourait les nouvelles. Des nouvelles qui dataient. Et alors ? Pour lui, le temps n'existait pas. Comme il lisait les pages Culture, il constatait que les critiques mentionnaient souvent les éditions Talbin-Jérôme. Leurs romans suscitaient souvent le dithyrambe.
Il décida que Talbin-Jérôme le publierait.
Une voie privée serpente à travers des arbres centenaires. Les accotements sont manucurés. L’asphalte est lisse comme une piste de curling. On glisse sur l’aisance matérielle comme dans la douce tiédeur d’une couette.
On ne scelle pas un accord avec une infusion. Langsamer suggère de trinquer avec une boisson plus musclée, voire festive.
De manière à ce qu’il pût les voir de la fenêtre de son bureau. Puis, dans la cour d’une chapelle attenante, il avait instauré le cimetière des étalons, à la manière des church yards des petits villages de la campagne anglaise. Chaque sire, passeur d’un capital génétique savamment élaboré par plusieurs générations de Pullborough, y avait sa pierre tombale.
– En public, que tu me donnes du Madame ou même du Lady Malvina, comme le font les jardiniers et le personnel de maison… le contraire serait, comment dire… irrévérencieux ou, pire encore, indiscret… mais entre nous, mon minou, pas de barrière sociale ! Tu connais ma devise : le plaisir n’accepte aucune entrave.
– Ta devise, elle est en train de ruiner ma santé. Tu crois que j’étais capable de jouer les Fangio dans l’état de fatigue où tu m’as mis cette nuit ?
– Eh, mon joli, quand on veut se taper la patronne, il faut le mériter.