Il y a des pauvres qui ne sont pas précaires et il y a des riches qui le sont. La pauvreté c’est le fait d’avoir peu.
J'ai vécu un moment paranoïde, un matin, pendant le confinement du printemps 2020 : un sentiment de grande faiblesse corporelle, une forme d'amnésie, une perte totale de la capacité de penser autre chose que : "j'ai le virus ". Mon épouse prend ma température, ma tension artérielle et, après un câlin affectueux, je suis guéri.
Il reste capital de comprendre dans quel monde nous habitons, comment la pandémie est gérée dans le monde tel qu'il est, et comment cela peut nous empêcher de vivre. Et il nécessaire pour cela de garder sa capacité de penser.
Au lieu de réfléchir aux moyens de réussir la reprise scolaire, pour redonner confiance, on insiste sur l'insécurité qui va en résulter, cela ne fait que renforcer la peur et... le sentiment d'insécurité.
Le syndrome d'autoexclusion, issus d'un découragement et d'un désespoir devenus absolus, consiste à éviter le suicide en s'excluant de soi-même, ce dont l'être humain est capable, afin de ne plus ressentir la souffrance psychique d'origine sociale ; car on sent d'abord la souffrance dans son être intime corporel, émotionnel, dans sa chair psychique, pourrait-on dire. Cela permet de se couper de l'angoisse , mais au prix de se couper soi-même.
Dans les écoles, les cliniques ou les hôpitaux, la complexité des protocoles qui visent également l'autoprotection des responsables est devenue hallucinante.
Le virus ajoute une crainte biologique à un terrain déjà conquis par la peur de l'autre.
La pensée écologique actuelle obéit elle aussi à une logique de survie : ce n'est pas très motivant de se battre juste pour "ne pas crever", par peur, ce serait mieux d'agir par amour de la planète et des vivants.
Si j'étais un homme politique, je craindrais, à chaque décision, d'être condamné par la suite, ce qui ne m'aiderait pas à décider le plus sereinement possible : j'en rajouterais dans le normatif pour ne prendre aucun risque.
L'hyperindividualisme se trans met comme une pandémie psychosociale, dans laquelle personne ne se donne le mot. L'angoisse suscitée par la Covid-19 surviendrait ainsi dans un monde où circule déjà la peur du proche.
Si certains osent envisager des hypothèses favorables quant à l'issue de l'épidémie, ils n'ont pas officiellement voix au chapitre et ne s'expriment que le web : ils sont hors propagande de la peur.
Le virus serait plus contagieux, pas plus virulent. Mais on insiste exclusivement sur le danger.
Le principe de précaution n'est absolument pas le principe de prudence, qui est plutôt "je ne fais pas n'importe quoi parce que j'aime la vie et les vivants, et que j'aime ma vie".