Conversation avec Jean-Gabriel Fredet sur l'art contemporain
Saurons-nous un jour ce qui lui est arrivé ? Comme un soleil noir, son fantôme continue à planer sur cette Amérique duale, écartelée entre son aspiration à la sagesse et à la décence et sa propension au chaos, au drame et à la violence.
Voir sans être vu: la prison new-yorkaise est conçue suivant les principes du panoptique. Ses bâtiments sans grâce, dressés verticalement comme une forteresse, n'ont certes rien à voir avec les structures carcérales imaginées en 1787 par Jeremy Bentham. L'architecture circulaire de cet utopiste réformateur permettrait à un seul gardien, logé dans une tour centrale, de contrôler tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles, sans qu'ils se sachent observés. La philosophie du MCC est pourtant la même. Avec des milliers de caméras disséminées dans les cellules et à l'extérieur, toutes reliées à une salle de contrôle, un seul gardien peut zoomer à chaque instant sur chacun des 755 détenus. Surveiller et punir.
De 2001 à 2005, une cinquantaine de jeunes filles, la plupart âgées entre 14-15 ans au moment des faits, raconteront les attouchements, les viols, la maltraitance. ' Jeffrey payait des filles en difficulté, souvent sans domicile fixe. Il s'en prenait à celles dont il pensait que personne ne les croirait, et il avait raison', racontera Courtney Wild au Miami Herald. Elle avait 14 ans lorsque sa route a croisé celle d'Epstein.
Le choix de ses victimes, toutes vulnérables en raison de leur âge, de leur situation sociale et souvent, après 2008, de leur statut juridique précaire - immigration clandestine, absence de visa de travail -, rend toute excuse de ce type irrecevable. Après le viol, accompagné parfois de violences, vient toujours la menace.
Aucune œuvre de Paul McCarthy, cet Américain élevé chez les Mormons de l'Utah, connu pour ses provocations sadiques-anales qui ont enchanté l'intelligentsia au nom de la critique de l'ordre et de la société de consommation.
Sans diplôme, sans aucun bagage scientifique, par la seule grâce de ses donations, Jeffrey Epstein a disposé pendant vingt ans d'un bureau à Harvard, où il rencontrait et traitait avec l'élite de la communauté scientifique.
Qu'ils soient financiers, scientifiques, politiques, grands patrons ou avocats, l'île aux nymphettes n'accueille que des hommes d'influence.
A Paris, pas de grand projet sans scandale ou, en tout cas, sans parfum de scandale.
"Good business is the best art" disait déjà Andy Warhol.