Citations de Jean Jouzel (16)
■ Quasi mécaniquement, le réchauffement climatique moyen qui est lié aux activités humaines s'accompagne de plus en plus de canicules qui peuvent être plus importantes, avec des records plus élevés, mais aussi précoces ou tardives quelquefois.
■ Les températures pourraient atteindre 50°C, voire 55°C l'été dans la deuxième partie de ce siècle.
■ Si nous ne faisons pas d'effort dans cette décennie, au cours des prochaines années, et bien nous préparons pour les jeunes d'aujourd'hui, (je ne parle même pas des générations futures) un monde auquel ils ne pourront pas s'adapter.
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• Jean Jouzel, climatologue et glaciologue, est l'invité de 'Chacun sa route'. Il s'entretient au micro d'Elodie Font sur les fortes chaleurs qui frappent la France et le monde cet été. Il explique pourquoi cette augmentation est inéluctable et en quoi elle est un effet direct du réchauffement climatique.
>> https://www.franceinter.fr/emissions/chacun-sa-route
(émission du 3 août 2020)
Les quatre dernières années vont être les quatre années les plus chaudes qu'on ait connues depuis 150 ans.
Alors qu'elles ont tant à apprendre l'une de l'autre, les générations ne s'écoutent pas. Elles ne s'entendent plus. La nouvelle reproche à la précédente son laxisme, voire son inconscience. La précédente estime qu'elle ne savait pas et ne pouvait rien faire. Qui croire ? La vraie question est bien plus profonde. Nous n'avons pas le temps de réfléchir aux coupables qui nous ont menés à cet ultimatum écologique. Nous n'avons le temps que de trouver les réponses et de les mettre en place. Une fois cette transition mise en oeuvre, nous saurons qui juger.
Si nous voulons préserver l'équilibre de la planète et notre dignité d'Hommes il nous faut changer. Même s'il n'y a guère d'alternatives, cette nouvelle ère qui s'ouvre à nous est riche d'opportunités. Elle est une chance à saisir, et non une croix à porter. Le travail de milliers de scientifiques met à notre disposition des centaines d'initiatives à prendre, qui, toutes améliorent notre vie. De nombreuses personnes sur la planète sont en train de prendre ces initiatives, de saisir cette opportunité. Rejoignons-les, et poussons nos décideurs à s'engager.
J'en reviens à la notion de solidarité entre pays. On ne parviendra pas à lutter contre le réchauffement climatique sans cela. Les économistes parlent souvent de "passager clandestin" : un pays décide de ne rien faire et se dit que, si un autre agit, il en profitera. Je trouve cet état d'esprit scandaleux. Sans solidarité, on n'y arrivera pas : c'est le mot-clé de la lutte contre le réchauffement climatique.
Lorsque l'on évoque ces grands défis de l'humanité, au fond de nous, nous espérons, mais nous avons aussi une petite voix, ou une conscience intérieure, qui sait si nous allons dans la bonne direction ou non. L'espoir, je l'ai. Mais au fond de moi, et ce que je vais dire est terriblement pessimiste, j'ai beaucoup de mal à y croire. Lorsque j'observe l'état climatique et géopolitique de notre planète, je peine à entrevoir une fin heureuse. Je ne perçois pas de front commun pour le climat et, à mon âge, j'en suis désespéré.
Ce qui est intéressant, c'est que les Gilets jaunes militent pour la fin du mois et les jeunes contre la fin du monde.
Si on ne fait rien contre ce réchauffement, nous constaterons probablement une augmentation de la température de 4 à 5 degrés d'ici la fin du siècle, et le réchauffement se poursuivrait par la suite.
Anthropocène : période qui a commencé à la fin du XVIIIième siècle, à partir de laquelle les bulles d'air enfermées dans les glaces polaires montrent une augmentation des concentrations en dioxyde de carbone et en méthane.
Il y a l'adaptation, mais il y a l'urgence climatique. La difficulté est de faire vite, bien et durable.
Chez les jeunes, justement, j'entends régulièrement le même argument : beaucoup agissaient, faisaient attention aux petits gestes du quotidien, puis ils se sont demandé pourquoi ils se donnaient tant de mal. Et ils en sont venus à la conclusion qu'un individu ne ferait pas la différence, et qu'il ne servait donc à rien d'agir.
Ce serait évidemment faux d'imaginer que ces petits gestes ne comptent pas, et je regrette que certains jeunes puissent le penser. C'est comme lorsque les gens pointent le fait que la France ne représente que 1% des émissions de CO2 dans le monde. C'est souvent un prétexte pour ne pas agir. Si l'on réussit à atteindre nos objectifs environnementaux, déjà, il y aura une force d'exemple et nous entraînerons d'autres États avec nous.
Les océans réagissant avec un temps de retard au réchauffement l'élévation du niveau de l'eau devrait s'accélérer au fil du siècle (...) on estime que si le niveau de la mer monte de 100 cm, 20% du territoire du Bangladesh sera inondé, 12 % du Vietnam (...) En France les côtes sans relief se verront progressivement grignotées : Languedoc, Camargue, Bassin d'Arcachon (...). Une élévation de 40 cm affecterait 250 millions de personnes.
Et puis la machine n'embraye plus grand chose, et s'accumulent les décennies perdues.
Mon idée, c'est que le problème climatique ne va pas se régler seul. S'il se règle, donc si on reste en dessous de 1°C de réchauffement supplémentaire, il faut que tout le monde se serre les coudes. Toutes les économies doivent faire un effort, aller vers le renouvelable, vers une certaine sobriété... Tout le monde est concerné.
En étudiant cette composition de l'atmosphère, nos collègues grenoblois ont pu constater que les teneurs en gaz carbonique qui étaient de plus de 350 particules par million dans les années 1980, n'avaient jamais été atteintes au cours des 150 000 dernières années. Depuis 200, les concentrations de gaz à effet de serre sont anormalement hautes, aussi bien pour le gaz carbonique que pour le méthane.
Le changement climatique est en cours,c'est une certitude.Et avec plus ou moins de bonne volonté, notre civilisation s'engage dans une nouvelle ère. Malmenée,la planète nous rappelle à l'ordre et nous propose une nouvelle voie de développement ,plus durables,plus respectueuse de notre environnement et de nos semblables, qu'ils soient nos contemporains ou nos descendants.
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Pourtant,si nous ne faisons rien aujourd'hui, ce ne sont pas de lointaines générations futures qui auront a affronter un climat hostile mais bien les enfants qui jouent aujourd'hui dans nos cours d'école.