Un poème de Jean Lavoué, dit par lui-même, accompagné à la guitare par Alejandro, un ami mexicain
Sous la pierre du poème
Tremble un vide ardent
Brûlure d'enfance
Tous les oiseaux de mai
Ont rendez-vous avec l'azur
Le vent signe d'un grand silence
Ce jour ébloui
Nous marcherons encore longtemps
Sous les verrières de l'aube
Acclamant la beauté
Qui nous réconcilie
Celui qui cherche un sens à sa vie
Ne sait pas que la vie, dans sa profusion même, est le sens.
Pas de ligne droite, pas d'horizon, pas de chemin tout tracé !
Mais partout où la nuit recule, les traits silencieux d'un amour,
Dans l'éclat de chaque instant, la brèche inespérée ,
Le chevreuil bondissant ,
Dans chaque paume ouverte, le sésame oublié,
Sur chaque mur qui se dresse, les graffitis de la joie!
L'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse.
Ecrire
c'est laisser le vent
s'emparer de toi
Tu ne sais d'où il vient
ni où il va
tu suis la main
et son mouvement léger
de plénitude
sur l'abîme
(" L'enfance des arbres")
La poésie…
Elle se tient là dans le miroir des jours
Elle caresse le ciel du bout des doigts
Elle se tait entre deux battements d’ailes
Elle dit le feu le vent et l’étincelle
Elle est la faim la soif qui ensorcelle
Elle est soleil levant
pépiement matinal
Elle est poisson volant dans un feu végétal
Elle est lointaine et proche étrange et familière
Elle est le chant secret
la danse des fougères
Elle est la fleur sauvage la flûte traversière
Ombre posée sur les paupières de la nuit
Elle se tient silencieuse aux carreaux de ta vie
Elle est celle qui prie aux croisées de ta joie
Ce rien qui nous éclaire
Cette lumière fragile
Sur les branches encore nues,
Et cette simple audace d'oser lever les yeux
Pour ne faire qu'un avec le jour,
En laissant les heures sombres
Se corrompre d'elles-mêmes
Dans les allées perdues.
Après la pluie
Cent mots au bout des doigts
Ne valent pas une once de joie pure
Dans un jardin en fête
Chaque fleur est une reine
Quand le soleil en tremblant
Console sa lumière
Le poème s'inflitre alors à grosses gouttes
Dans les nervures de l'âme
Sous la main de l'instant
Immobile un pétale luit
Quelques graines roulent encore
Sur la peau des rivières
Il pleut sans trêve du feu et de l'amour
Dans le vent des larmes
Les nuages célèbrent en pleurant
Les myosotis du ciel
Les arbres exultent en silence
Le bonheur perle sans bruit.
(" L'enfance des arbres")
La clairière…
La clairière,
Elle s’ouvre à chaque pas
Même si tu ne la vois pas.
Elle appartient au chant du fleuve.
Elle niche avec ses oiseaux
Dans le feu des journées.
Elle n’a pas d’autres rides
Que celles du vent remontant vers la Source.
Elle pactise avec le silence,
Avec le souffle,
Avec le rien.
Elle n’attend ni ne guette aucune proie.
Elle laisse aller l’ici
Dans le chant de sa présence.
Elle n’est sûre que de la joie verticale
Et du secret qui la concerne.
Elle est partout décentrée d’elle-même
Et du désir d’en dire trop.
Elle n’a pas son pareil
Pour éveiller les morts.
Le Poème est le plus court chemin…
Le Poème
Est le plus court chemin
Du silence à la joie !