Je suis fidèle à ma cocotte, je ne la prête à personne. Elle est à moi pour la vie. Avec le temps, elle aussi prend quelques rides et je la trouve plus belle encore.
- Alors que fais-tu donc, gentil grand chef, avec les trois oeufs de mon petit panier quand je t'annonce que le train du petit chaperon rouge arrive e gare dans une demi-heure ?
- Je les bats pour mieux les manger.
Viens chez moi, j'te fais une omelette sur le pouce !
L'omelette a sa place chez le notaire dans l'héritage de la grand-mère. Sur le testament on peut lire : "Je lègue ma recette d'omelette aux oreilles de cochon confites à mon petit-fils René."
Mon Dieu que, la littérature habille à merveille la bonne cuisine, nourricière de l'intelligence! Un bon roman se goûte, se déguste. L’œil ne doit pas chahuter, bousculer les phrases. L'élaboration d'une simple omelette doit faire appel aux mains les plus douces. Un œuf battu ne doit pas souffrir. Il doit être aussi léger qu'un claquement de cymbales. Pas de gestes échappant à la raison. Pas de brusquerie, sinon la gourmandise du livre et du plat s'envoleront par la fenêtre, sans billet retour. ( p. 112)