Edouard sursauta et ouvrit péniblement un œil, puis l'autre. Déjà six heures. Bien qu'encore à moitié endormi, il pensa aux cours qu'il allait avoir: français, histoire et latin. À part ça, il avait quelque chose de particulier à faire, c'était de rendre le livre de monsieur Lancien.
Lorsqu'il voulut se lever, il s'aperçut que quelque chose n'allait pas. C'étaient ses draps: ils pesaient très lourd. De panique, il poussa un cri de détresse: Squiik !
" Squiik ? J'ai dit Squiik !"
À quatre pattes sur son lit, Edouard réalisait maintenant que si les draps pesaient trop lourd, c'était parce que lui avait rapetissé. Et ce n'était pas tout: il sentait nettement qu'il avait une queue qui traînait sur le lit.
« Je vais être direct et concis, Monsieur le Président, dit posément le savant. Je suis venu pour vous prévenir que dans trois ans, ce sera la fin du monde.»
Difficile d’être plus direct ou plus concis.
Après un instant de stupeur, Yves Origier se mit à observer attentivement le professeur Vermillon, comme pour déceler sur son visage des signes de démence.
« Vous savez, dit-il, que la fin du monde était déjà prévue pour le 21 décembre 2012, et que nous sommes en 2013 ? Alors, les prévisions d’apocalypse ou les petits hommes verts ne sont plus vraiment d’actualité.
- Je ne vous parle ni de prévisions, ni de petits hommes verts, ni même de calendrier maya, Monsieur le Président, mais de faits scientifiques irréfutables que nous avons mille fois vérifiés et qui aboutissent à cette conclusion. La fin du monde est pour dans trois ans.
- Et je suppose que vous savez comment nous serons anéantis ? demanda Origier, d’un ton plein d’ironie.
- Oui, Monsieur le Président. Une météorite d’une taille gigantesque fonce droit sur nous et sera là dans trois ans.
"Regarde-ça, lui dit Charlie d'une voix intriguée, qu'est-ce que c'est ?"
Il désignait la mousse grise, de la taille d'un ballon de rugby, qui se trouvait tout contre la tête de Judex. Cela semblait animé de pulsations qu'ils n'avaient pas remarquées tout de suite.
En regardant plus attentivement, ils virent que ce qu'ils avaient pris pour des battements internes étaient des mouvements de reptation. La chose avançait vers le visage de Judex... "sur" le visage aurait été plus juste car cela avait déjà envahi le cou et commençait à grimper sur le menton. Inès et Charlie étaient dégoûtés mais en même temps captivés par ce qu'ils voyaient.
Le spectacle devint insoutenable lorsque la chose grise commença à pénétrer dans les narines du voyou mort. Elle avait à moitié recouvert le visage et s'en allait par les trous du nez comme l'eau d'un lavabo qui se vide dans la bonde.
En moins d'une minute, elle avait complètement disparu.
Gérard Pério, le néonazi endurci et déjà énervé par une soirée injustement gâchée, s'élança à la poursuite de la jeune femme. La soirée ne serait peut-être pas fichue finalement ! Il avait d'abord cru que la fille était un gros boudin mais en la voyant courir à foulées légères, il devina que sous le gros blouson devait se cacher un petit corps comme il les aimait.
Mais, légère ou non, la fille ne faisait pas le poids : le temps qu'elle arrive sur le parking, Gérard avait déjà réduit de moitié la distance les séparant.