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Critiques de Jean-Pierre Verney (61)
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Initialement parue sous forme de journal, un par année de guerre, cette histoire consacrée à cette « Der des Ders » qui ne cesse de fasciner Tardi, se retrouve publiée en deux tomes cartonnés. Ce premier volet regroupe les années 1914 à 1916.



Pour mener à bien ce nouveau récit consacré à la première guerre mondiale, Tardi se fait assister par Jean-Pierre Verney, historien dont les textes viennent d’ailleurs compléter le récit en fin d’album.



L’album est composée de cases dépourvues de bulles, montrant toute l’horreur et la bêtise de cette guerre. La narration en voix-off de cet ouvrier tourneur en métaux mobilisé dès 1914 accompagne ces cases avec un mélange de dégout, d’ironie et de désillusion. Une narration qui dénonce tour à tour l’injustice, l’absurdité, la bêtise, l’incompétence, la violence et l’horreur qui accompagnent cette putain de guerre.



Si au niveau didactique ce documentaire/témoignage parvient à illustrer cette guerre des tranchées dans toute son horreur, je n’ai pourtant pas accroché tant que ça au récit. Cette accumulation de faits et de dénonciations ne laisse malheureusement pas de place aux développement des personnages. Certes, une sorte de lien se crée avec le narrateur, mais qu’en est-il de tous ces autres soldats que l’on croise au détour d’une case, dont on n’apprend quasi rien et auxquels on a du mal à se lier ? Pas de héros dans ce récit, pas de personnages pour lesquels on éprouve de l’empathie, juste une guerre abjecte et certes parfaitement décrite, mais en ce qui me concerne, ce n’est pas assez. De plus, les cases se suivent souvent sans véritable lien, abandonnant ces dénonciations sans véritable fil rouge, si ce n’est l’absurdité et l’horreur des faits décrits.



Au niveau du graphisme, on retrouve le trait typique de Tardi tandis que la colorisation s’assombrit au fil des pages, au fur et à mesure que cette guerre s’enlise et que les poilus s’enfoncent dans leurs tranchées. On notera également que Tardi n’hésite pas à montrer toutes les horreurs de cette guerre.

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La Grande guerre en relief : 1914-1918

Ce coffret contient un livret de textes et de photographies mais également un stéréoscope avec ces photographies. Le stéréoscope est une sorte de paire de lunettes effet loupe qui nous permet d'observer une photographie en 3D. C'est fascinant.

Concernant le livret, il est très épuré au niveau du texte, résumant chaque année de guerre et l'accompagnant de photographies et de témoignages. C'est plutôt succinct mais efficace pour une première approche.
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Putain de guerre, tome 2 : 1917-1918-1919  ..

Un corps déchiqueté dans un arbre. « Malgré l’habitude, c’était pas plaisant de voir à quoi on ressemblerait à coup sûr d’ici la fin de la journée ».

« Tu fermes ta gueule toute ta vie. La seule fois où tu l’ouvres, c’est quand tu meurs ».

Je ne jalonne habituellement pas mes comptes-rendus de lecture avec des citations, mais je trouve qu’ici, dans ces BD de Tardi, elles parlent pour elle. Le ton est donné.

Ce volume 2 reprend en plein combat, les images sont sombres comme ceux que vivent les soldats en première ligne. Les taches de couleur ? Le sang versé.

Le front, les premiers chars, les ambulances, les alliés, les premiers pilonnages de l’aviation, les gueules cassées. Une reconstitution fidèle de la boucherie de la première guerre mondiale, pour que ce soit la der des der, plus jamais ça.

Et toujours les pages d’histoire à la fin, parce qu’il ne faut pas oublier.

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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

1914-1016 : Les trois premières années de la première guerre mondiale. Tardi donne vie aux soldats français, vu à travers le soldat de la base, du peuple, qui analyse avec son bon sens pratique la situation dans laquelle il évolue au jour le jour, sans recul. ET cette vision courte donne de la force au roman. Nous sommes avec lui , partant au front les premières années de combat.

Ce soldat n’a pas la fleur au fusil. Il obéit, mais n’en pense pas moins.

« C’est qu’il en fallait, c’était fatal, de la viande, puisqu’on avait fait de nous des moutons d’abattoirs »

« J’avais eu tort de m’éloigner de la meute, mais c’était dans mon caractère. Je n’avais pas le sens du sacrifice collectif librement consenti. »

Le ton est donné. Alors, pour vivre l’horreur au quotidien, plongez-vous dans la BD de Tardi, complétée par le rappel historique de Jean-Pierre Verney, qui explique la guerre à l’aide de documents fournis par le Musée de la Grande Guerre de Meaux.



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Journal de Guerre 04 : 1917

Les troupes sont à bout. Au moindre signe de mutinerie, de rébellion, les armées n'hésitent pas à fusiller leurs propres soldats, pour l'exemple. Les généraux jouent aux échecs avec la vie de leurs hommes. Les militaires cachent les informations aux politiciens. Le désastre économique commence aussi à se ressentir parmi la population civile. Les armées adoptent comme stratégie la destruction totale des troupes ennemies. Fin de l'année, les Etats-Unis déclarent à leur tour la guerre à l'Allemagne. Le front russe s'effondre avec la révolution bolchevick.

De plus en plus, dans ce tome, nous ressentons la peur qu'ont pu éprouver les soldats. Peur de l'ennemi, peur de ses chefs de guerre, peur de la maladie, peur de la météo, peur des rats. Comment ne pas craquer, avoir envie d'en finir ?

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Journal de Guerre 03 : 1916

Le conflit s'enlise, la guerre est immobile, labourant le sol et les chairs. Pour moi, lecteur, c'est l'année qui me marque le plus. Mes deux grands-pères eurent tous deux dix-huit ans en 1916. Le paternel, belge, vivant dans la zone occupée du sud-est de la Belgique où de nombreux civils furent fusillés sans raison par les Allemands, à qui la propagande de guerre avait fait croire que les Belges étaient des francs-tireurs. Le maternel, Parisien, s'est engagé et s'est retrouvé au front dans la somme. Il fut blessé par une balle qui lui traversa la jambe, brisant le tibia et le péroné. Soigné, considéré comme guéri, il retourna au front jusque la fin de la guerre. Je me rends compte maintenant que dans ce conflit, tous les humains des générations à venir risquaient leur vie. Combien de "moi" furent fauchés en même temps que la vie de ces hommes qui auraient pu devenir grand-père ? Quand, enfant, je lui demandais : "C'est comment la guerre pépère ?", seules ses larmes me répondaient.

Les dessins sont puissants, ils nous révèlent l'horreur de ce que certains appellent la grande guerre !

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Journal de Guerre 02 : 1915

Deuxième année de guerre. Notre soldat ne se fait plus aucune illusion sur son avenir, de plus en plus incertain. Ses camardes tombent comme des mouches. Les attaques au gaz font leur apparition, l'aviation prend de plus en plus d'importance dans ce conflit.

Les dessins sont saisissants de vérité. Aucune concession n'est faite à l'horreur. Par moment, le lecteur s'imagine être au centre du conflit. L'émotion vous explose à la figure comme des obus de gros calibre. Comme l'espoir qui s'étiole, les couleurs sont de plus en plus remplacées par des nuances de gris, çà et là maculées de sang. Cette bande dessinée est remarquable.

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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Lu le 11 novembre, il m'a semblé être le parfait livre pour se recceuillir et commemorer la mémoire des combattants de cette énorme boucherie que fut la Première Guerre Mondiale. Je découvre pour la première fois le travail de Tardi, et je dois dire que je suis plutôt enchantée. Ce livre se présente comme une bande dessinée et pourtant... c'est bien plus que ça! Une bande dessinée sans bulles c'est plutôt rare. Nous suivons l'avancé d'un fantassin français qui décrit l'horreur des combats. Bien que j'ai trouvé l'histoire du soldat "impersonnelle", je n'en ai pas moins apprécié la lecture. Loin des livres d'histoire, je pense que ce serait un excellent livre d'étude au collège! J'avais oublié beaucoup de ce passage de l'Histoire, mais la lecture de "Putain de Guerre" m'a remit les idées en place. A la fin de l'ouvrage, nous retrouvons l'histoire plus détaillée de cette guerre ainsi qu'un glossaire intéressant du vocabulaire des tranchées. Bref, à découvrir si comme moi vous avez raté le coche il y a dix ans.
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Les dessins de Tardi sont incisifs, même durs. C'est une BD originale, sans aucune bulle, avec uniquement des cartouches, des récits, et du sang, de la douleur. Une belle peinture de la première guerre mondiale, mais qui reste parfois trop superficielle pour moi, dans le sens où on n'en voit qu'un petit aspect. Le reste m'a manqué.

Néanmoins c'est une très belle BD!
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Tardi et Verney nous font revivre ici les trois premières années de la première guerre mondiale - un autre album retraçant les trois années suivantes - en montrant un soldat français qui comme tous les autres va découvrir l'horreur. On dit souvent qu'il n'y a pas de mots pour décrire cet enfer. Alors Tardi le dessine et ne nous épargne rien: la mort est présente tout au long de l'album dans ses aspects les plus durs et les plus insoutenables. Les protagonistes de l'époque se voyaient tous, du plus simple conscrit au plus gradé des généraux, partis pour un combat rapide. Cela va durer 5 ans! 5 années enterrés vivants où le ciel de plomb n'est pas juste une expression mais bien réel: remplis d'obus qui déchirent l'horizon et les corps. Les hommes tremblent de froid et de peur. Le sol tremble des coups donnés par l'artillerie lourde. Et les pertes humaines ne se comptent plus, s’amoncelant au rythme effréné des batailles qui voient chaque camp tenter de prendre, puis reprendre là quelques villages, là quelques forts, là quelques mètres à peine à un ennemi qui se bat sans vraiment savoir pourquoi. Un album qui montre la guerre et démontre son absurdité.
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Putain de guerre, tome 2 : 1917-1918-1919  ..

Le premier tome abordait la période 1914-1916. Le second parle de la fin de la guerre et de l'après... la période 1917-1919.



Très dur encore, ce tome m'a moins plu (verbe étrange... un tel livre doit-il réellement "plaire"?). Il m'a semblé plus décousu, moins homogène. J'ai donc moins accroché. J'ai eu l'impression qu'il s'adressait à des personnes ayant une connaissance assez correcte (meilleure que la mienne) de la seconde guerre mondiale, au contraire du premier volume qui pouvait se lire sans rien connaître (ou presque).



Cela dit, il y a des temps forts. Les citations de l'Etat-Major. La double page de gueules cassées dont on devine qu'il s'agit de photos que Tardi reproduit en dessins. Et je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il avait dessiné les moins horribles.



L'évocation de l'après-guerre, des haines qui se font jour entre Allemands et Français, le sort réservé aux invalides, aux femmes qui ont bien oeuvré pendant la guerre, tout cela est bien vu, mais trop rapide.



Le carnet historique de Verney est, une fois encore, salutaire et bien écrit.
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Putain de guerre, tome 2 : 1917-1918-1919  ..

Initialement parue sous forme de journal, un par année de guerre, cette histoire consacrée à cette « Der des Ders » qui ne cesse de fasciner Tardi, se retrouve publiée en deux tomes cartonnés. Ce deuxième volet, qui regroupe les années 1917 à 1919 relate donc la suite et fin de cette première guerre mondiale et est également disponible dans une édition DVD bonus, qui propose un reportage de 52 minutes sur le travail de recherche des auteurs. Au scénario, Tardi se fait à nouveau assister par Jean-Pierre Verney, historien dont les textes viennent d’ailleurs compléter le récit en fin d’album.



L’album est composée de cases dépourvues de bulles, montrant toute l’horreur et la bêtise de cette guerre. La narration en voix-off de cet ouvrier tourneur en métaux mobilisé dès 1914 accompagne ces cases avec un mélange de dégout, d’ironie et de désillusion. Une narration qui dénonce tour à tour l’injustice, l’absurdité, la bêtise, l’incompétence, la violence et l’horreur qui accompagnent cette putain de guerre. Alors que le début du premier tome était encore assez coloré, ce deuxième tome débute directement dans la noirceur et l’horreur de cette guerre qui s’enlise dans des tranchées parsemées de morts baignant dans le sang.



Si au niveau didactique ce documentaire/témoignage parvient à illustrer cette guerre des tranchées dans toute son horreur, je n’ai pourtant pas accroché tant que ça au récit. Cette accumulation de faits et de dénonciations ne laisse malheureusement pas de place aux développement des personnages. Certes, une sorte de lien se crée avec le narrateur, mais qu’en est-il de tous ces autres soldats que l’on croise au détour d’une case, dont on n’apprend quasi rien et auxquels on a du mal à se lier ? Pas de héros dans ce récit, pas de personnages pour lesquels on éprouve de l’empathie, juste une guerre abjecte et certes parfaitement décrite, mais en ce qui me concerne, ce n’est pas assez. L’année 1919 est à ce titre un peu différente car elle revient sur l’après-guerre, mais également sur certaines destinées brisées par la guerre. Ces passages qui créent des liens avec différents protagonistes, m’ont donc plus plu que ceux dédiés principalement à la guerre en général.



L’autre reproche que je fais à ce reportage, ce sont ces cases qui se suivent souvent sans véritable lien, abandonnant ces dénonciations sans véritable fil rouge, si ce n’est l’absurdité et l’horreur des faits décrits.



Au niveau du graphisme, on retrouve le trait typique d’un Tardi qui n’hésite à nouveau pas à montrer toutes les horreurs de cette guerre et une colorisation plus sombre que lors du tome précédent, qui s’assombrissait au fil des pages alors que celui-ci baigne dans le noir et blanc.

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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Une bonne bd qui nous explique la vie des hommes dans les tranchées
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Jacques Tardi s'attaque à un grand projet : retranscrire chronologiquement les évènements de la Première Guerre Mondiale en BD. On suit alors le parcours et les pensées d'un soldat français réquisitionné dans cet enfer. Et encore le mot est faible, car rien ne nous est épargné, les corps déchiquetés par les obus, les attaques sanglantes, la vie déplorable dans les tranchées... Tardi ne part jamais parti pour un camp mais dépeint la guerre avec vérité. Il en dénonce son absurdité notamment par ses textes au langage fleuri et acerbe. Le travail sur les dessins est remarquable, surtout celui sur les couleurs : au début, il utilise des couleurs chaudes mais au fur et à mesure que la guerre s'éternise et s'enlise les couleurs deviennent de plus en plus ternes, jusqu'à leur disparition avec le seul emploi des nuances de gris. Un récit de fiction qui se rapproche fortement de la réalité, grâce au travail de l'historien Jean-Pierre Verney.

Un très bon album qui permet d'avoir une vision globale du conflit et qui fait vraiment prendre conscience de la barbarie dont les hommes sont capables. Tardi rend un bel hommage à ces hommes qui sont tombés pour la nation.
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Putain de guerre, tome 2 : 1917-1918-1919  ..

1917, dans le texte : "Malgré l'habitude, c'était pas plaisant de voir à quoi on ressemblerait à coup sûr, d'ici la fin de la journée. ... En décembre, nous avons eu six jours de permission."

1917, guerre souterraine, ballade sur le front, Craonne, le chemin des Dames pour certains, pour les anglais Passchendaele dans les Flandres belges, sous d'autres horizons le camp de la Courtine pour les russes, la guerre des sommets entre les italiens et les autrichiens.

1917, le déplacement des fronts, les américains sont des associés et non des alliés et les évènements de Russie. Le début de la mondialisation, première guerre mondiale rappelons nous !



1918, "c'était un drôle de déjeuner sur l'herbe, une trêve pendant la tuerie, qu'ils se permettaient les Brancos ......" Silence radio, juste des portraits, des hommes auxquels on a retiré le droit de parler.... Ces gueules cassées.

1918, la mort partout encore et toujours, l'adieu aux copains, et les caméras qui sévissent pour nous laisser des témoignages humiliants, le prix Nobel de chimie remis à celui qui a mis quatre ans à rendre plus efficace les gaz de combats !

1918, que rajouter à tant d'ignominie !



1919, "tu évacues toute seule ta sœur et ton frère. Tes parents sont morts. ....Louise a repris son turbin, place Gambetta .... Elle vend des chrysanthèmes."

1919, nous suivons maintenant des individus, des personnalités diverses et variées, civiles ou militaires, françaises ou allemandes, des anonymes qui ont laisser leurs vies, leurs raisons dans cette boucherie ou simplement un morceau d'eux mêmes, une mâchoire, un bras, une jambe ou les deux.



Livret complémentaire de l'historien, les évènements sont décryptés à la lueur des ambitions personnelles et des enjeux économiques.

N'oublions pas de saluer le dernier mort à 10h50 le 11 novembre 1918, Auguste Trébuchon, il avait quarante ans !
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Putain de guerre - Intégrale 2011

Jacques Tardi est reconnu pour son travail sur la Première Guerre Mondiale à travers de nombreuses bandes dessinées.

C'est avec l'historien Jean-Pierre Verney qu'il a créé cette "Putain de guerre !" qui porte, il faut bien le reconnaître, parfaitement son nom.

Le récit commence en août 1914, dans les premiers jours de la guerre : "Petit soldat du mois d'août, avec tes grimpants garance, tu essaies bien de te planquer, mais derrière les coquelicots 'y a pas des masses de place. Tu faisais ton entrée dans l'Histoire, grimé en comique troupier d'opérette, petit mort du mois d'août.", avec comme narrateur un soldat anonyme qui croisera plusieurs fois au cours des quatre années suivantes son reflet de l'autre côté du miroir, à savoir un soldat allemand sensiblement du même âge que lui.

Ce choix d'un quidam est délibéré, il est au cœur des événements et il subit de plein fouet les décisions toutes plus absurdes les unes que les autres ainsi que la désorganisation des hautes instances militaires qui n'ont pas hésité à conduire à la boucherie des centaines de milliers de soldats : "Je ferais un très bon mort, "évaporé" dans la confusion. Une sorte de putréfaction anonyme, un disparu. Qui s'inquiéterait d'un ouvrier tourneur aux établissements Biscorne de la rue des Panoyaux - Paris XXè arrt ? Après tout, un pauvre ça crève dans l'indifférence totale.".

Dans ce récit, le manque d'organisation et l'absurdité des batailles pour gagner quelques kilomètres au prix de nombreuses vies humaines sont dénoncés : "Par nécessité ou par obstination, nos chefs, peu économes en vies humaines et en obus, ont donné l'ordre à la grosse artillerie sur rail de détruire Vaux et Douaumont, histoire que ces magnifiques, coûteuses et inutiles forteresses redeviennent françaises.", ça balance sévère et personne n'est épargné.

Il est question des décisions irréfléchies de certains chefs militaires, mais également des révoltes de certains soldats, des fusillés pour l'exemple, des procès sommaires où des soldats étaient condamnés à mort alors que dans un sens, ils l'étaient déjà; mais aussi de l'engagement dans ce conflit des anglais, des américains, des canadiens, des italiens, des africains des colonies françaises.

"Plus atroces seront nos plaies et meilleure sera notre place dans les nuages de gaz phosgène, à la droite de notre "saigneur".", car il ne faut jamais oublier à quel point la guerre de 14-18 fut une boucherie.

Pour la première fois, le conflit n'est pas que terrestre mais également maritime, aérien, avec de nouvelles armes de guerre qui sont expérimentées et surtout l'utilisation des gaz.

Les dessins sont non seulement fortement évocateurs, mais ils sont très violents et n'épargnent aucun détail des crânes qui explosent, des viscères qui s'étalent, des cadavres en putréfaction dans les tranchées.

C'est l'une des premières fois que j'ai lu un récit aussi explicite à ce sujet, le format de bande dessinée convient d'ailleurs très bien car les images parlent souvent d'elles-mêmes, ce qui est d'ailleurs le cas ici puisque la narration est plutôt concise au profit d'images nombreuses.

Très fouillée historiquement, cette bande dessinée est très agréable à lire car elle couvre une large période, de 1914 à 1919, évoquant non seulement la guerre mais également l'après-guerre et le difficile retour à la vie.

Chaque année est illustrée par les batailles marquantes : "Je venais de participer à la bataille de la Marne. Je n'avais rien compris aux astucieuses stratégies, il faut dire qu'on ne m'avait rien expliqué. Je ne savais donc pas que je venais de rentrer victorieusement, et les deux pieds dans la merde, dans l'histoire de France !", mais il est aussi question tout du long des désastreuses conditions de vie et d'hygiène dans les tranchées, des difficultés du ravitaillement, de la violence des affrontements, de la peur qui tiraille en permanence et de cet infime espoir toujours présent de rentrer un jour chez soi : "La guerre nous brûlait les boyaux et, dans la puanteur de nos existences dérisoires, je me cramponnais à un espoir : rentrer à la maison, qu'on la perde ou non cette guerre qui n'était pas la mienne !".

Et puis, dans les horreurs de cette guerre, il n'y a pas que les morts, il y a aussi les blessés souvent mutilés à vie, à ce titre j'ai trouvé très émouvantes les deux pages consacrées à des "gueules cassées".



"Putain de guerre !" n'est pas une énième bande dessinée sur la Première Guerre Mondiale, elle est très intéressante à plus d'un titre.

Tout d'abord, elle est très précise d'un point de vue historique et remet bien tous les éléments dans leur contexte, je salue d'ailleurs l'excellente idée de Jean-Pierre Verney de présenter de façon détaillée chaque année du conflit en 5/6 pages, mais également dans la façon de parler (ne pas hésiter à se reporter au lexique des expressions dans les tranchées) et de penser de tous ces soldats qui, sans avoir rien demandé, se sont retrouvés à se battre dans l'un des conflits les plus sanglants du vingtième siècle.

La précision n'est pas qu'historique, elle l'est également par rapport à l'utilisation des armes et aux améliorations qui y sont apportées durant ces quatre années.

Ensuite, elle met le doigt là où ça fait mal et n'hésite pas à dénoncer les erreurs commises ainsi que les fusillés pour l'exemple.

Plutôt que de voir cette bande dessinée comme une mise en avant de la guerre, il faut plutôt y lire un plaidoyer pour la paix.

Et puis, il y a la si jolie plume de Jacques Tardi qui, sous des traits fluides, parvient à transcrire avec justesse toute l'horreur de ces quatre années avec des personnages extrêmement réalistes ainsi que le recours à une décoloration progressive jusqu'à ne plus coloriser qu'en noir et blanc, à l'exception du rouge sang par moment, montrant ainsi la perte de l'espoir et l'enlisement de ce conflit dans des actions de plus en plus sanglantes et de plus en plus noires.

"Putain de guerre !" brosse un portrait incroyablement réaliste et fort de ce que fut la Première Guerre Mondiale, il serait regrettable de passer à côté de cette si belle et indispensable bande dessinée.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Putain de guerre, tome 2 : 1917-1918-1919  ..

Une bd très bien faite et très bien dessinée avec une certaine pédagogie
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Superbe album de Tardi spécialiste de la première guerre mondiale et ses atrocités.

Un ouvrage coup de poing pour ne jamais oublier l horreur
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

1914, dans le texte : "c'était nous les petits soldats français sous un soleil de plomb,..... Moi, tout ce que je comprenais, c'est qu'on s'installait dans la guerre."

1914, beaucoup ont cru partir pour un exercice amusant, repousser la bande d'en face derrière leurs frontières. Ils étaient habillés comme pour la parade et les mois ont passé ....



1915, "les gros canons crachaient leurs obus depuis l'arrière des lignes..... On n'en voyait pas le bout de cette putain de guerre en première ligne !"

1915, le ciel s'est obscurci, l'espoir a disparu, il a fallu survivre, comme on pouvait, il a fallu s'habituer à ce qui est insoutenable, pas le choix, et le temps s'étirait ... S'étirait ...



1916,"c'était pas demain la veille qu'on allait rentrer à la maison....et la guerre continuait...."

1916, et puis voilà, il faut se débrouiller, trouver des remèdes pour panser les blessures de l'âme en attendant la blessure qui pourrait délivrer le corps, ce n'est pas un programme bien encourageant mais que faire ?



Si par hasard, les planches de Tardi n'étaient pas assez explicites, le texte de Verney

nous présente un résumé historique de 1914, 1915 et 1916, juste au cas où nous n'aurions pas tout compris de ces politiques et de ces militaires qui ont décidé de l'avenir de ces "P.C.D.F. (Pauvres costauds, cons, couillons, cruches, etc," on peut même choisir la traduction !) sans aucun souci de simple humanité, sans tenir compte des réalités du contexte et avec une insouciance et un aveuglement démoniaques !
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Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916..

Paru à l’occasion du 90e anniversaire de l’armistice de 1918, cet album, devenu un classique étudié en classe, revient d’actualité pour le centenaire de 1914. Il était d’abord paru comme le journal de bord d’un soldat, en livrets avec 15 pages de bandes dessinées et 5 de textes illustrés par des archives photographiques (regroupées en fin d’ouvrage). Je ne pouvais que le lire enfin. Je l’avais déjà feuilleté et n’avais pas été séduite par le dessin. L’usage de l’argot dans les bulles et les légendes, censé rendre le texte plus prêt de la réalité du soldat, je suppose, pour moi nuit à la lecture.
Lien : http://vdujardin.com/blog/ta..
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