AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Yves Clément (16)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Glenn Gould ou le Piano de l'esprit

Glenn Gould, icône absolue du piano.

Et pourtant, sa réputation déjà fabuleuse de l'époque ne l'empêcha pas en 1964 d'arrêter définitivement les concerts, alors âgé de 32 ans. Il préférait à ces salles austères et froides la chaleur d'un studio. Cette intimité unique, ce cocon protecteur héritage d'une enfance surprotégée auprès de ses parents. Gaëtan Picon disait à propos de Victor Hugo : « Il est le plus célèbre et le plus ignoré de nos écrivains. Sur son visage la gloire est un masque. ». Eh bien je crois que cette phrase pourrait parfaitement s'appliquer à Gould.



Glenn Gould, c'est un monde à part. Il faut s'en imprégner. Écouter sa musique est de l'ordre du recueillement. Chaque pièce est une prière, si pure et si lumineuse. Une communion bien particulière pour l'auditeur néophyte qui peut sembler quelque peu déboussolé de prime abord.

La forêt canadienne, lieu de sa retraite spirituelle, où les champs du possible s'ouvrent et où il sert cette musique si singulière.

On pourrait facilement parler pendant des heures de sa fougue incroyable, de ce jeu inédit (car il l'est vraiment), de cette virtuosité innée…





Concernant le livre, c'est avant tout un très bel hommage. Bien que biographique, il contient aussi et surtout une approche analytique voire philosophique (cf préface). L'analyse qu'il nous délivre ici est formidablement bien détaillé sans pour autant tomber dans le rébarbatif.

L'auteur utilise un vocabulaire particulièrement précis ce qui rend l'étude d'autant plus pertinente et agréable à lire.

Il épluche les différents aspects de cette personnalité complexe pour en arriver au coeur, à son essence même et ainsi connaître les convictions qu'étaient les siennes et les raisons qui le poussaient à se reclure avec son plus fidèle compagnon, la solitude.

Il avait une relation forte avec la musique, immuable ; comparable à une relation amoureuse (G.G. s'en fait d'ailleurs la remarque, non sans humour). Mais le piano n'était qu'un moyen pour parvenir à ses fins. La conception bien personnelle de son art le pousse à être intransigeant avec lui-même. Pour parvenir à son idéal, il lui faut une dévotion totale et il se trouve que le piano était en capacité de transmettre toute cette sensibilité faisant de l'instrument son alter ego.



Ce livre m'a permis de redécouvrir Glenn Gould, me replonger une fois encore dans ce monde et saisir certaines facettes inédites de son être. Mais surtout, cela m'a permis de me pencher sur des interprétations qui échappent généralement au grand public ou simplement qui n'avaient pas attiré mon attention auparavant (Je pense ici notamment à la Sonate No.31 de Beethoven, assez bouleversante).



Jean-Yves Clément n'hésite pas à montrer du doigt certains aspects négatifs de sa personnalité (sans réelle critique toutefois).

Ce livre convient aussi bien à des adorateurs de G. Gould qu'à des novices avertis.







Voici l'adresse de la Sonate No.31 (1963) pour les curieux : https://www.youtube.com/watch?v=M1yVFZrp9dc
Commenter  J’apprécie          5621
Franz Liszt : La Dispersion magnifique

Nouvelle leçon de musique classique : Franz Liszt, sa vie, œuvre. Je ne connais guère ce monsieur dont le nom hante le 19ème siècle. Qui était-il, qu’a-t-il créé ? Comment sonne sa musique ? Pour répondre à tout ça, j’ai attaqué cette biographie augmentée d’une liste d’œuvre « pour débuter ». L’idéal.



L’idéal ? Voire. Le biographe Jean-Yves Clément possède un style un peu trop verbeux, trop lyrique, au point que j’ai presque eu l’impression d’avoir affaire avec Liszt à un personnage de conte. Il abuse de qualificatifs dithyrambiques qui placent le personnage trop haut au panthéon, sans contraste ; un peu comme si un compositeur écrivait seulement fortissimo, oubliant les adagio.

De plus Jean-Yves Clément emploie largement un vocabulaire qui parle certainement aux initiés de la musique mais qui m’échappe largement. Là je ne peux pas lui en vouloir. Disons simplement que je n’ai pas la capacité de pénétrer les œuvres en lisant les descriptions qu’il en fait.



Mais l’auteur touche juste lorsqu’il déploie devant nos yeux la vie de cet homme étonnant : Franz Liszt pianiste virtuose évoluant dans les salles de concert du monde entier. Franz Liszt compositeur, inventant la paraphrase et les rhapsodies hongroises mais délaissant l’opéra. Franz Liszt chef d’orchestre, maître de chapelle à la cour de Weimar. Franz Liszt mécène de Wagner (ce dernier se révélant toujours intéressé dans son « amitié »). Franz Liszt lecteur assidu et écrivain. Franz Liszt excessif, amoureux, romantique quoi ! Franz Liszt incompris. Et Franz Liszt profondément croyant, gagnant la tonsure et se tournant vers la musique religieuse sur la fin de sa vie.

Franz Liszt un homme profondément vivant, même quand il se renfermait sur lui-même.



Les relations de ce génie avec d’autres personnalités contemporaines – Chopin, Wagner, Berlioz, Sand – et surtout avec les femmes de sa vie, enrichissent le récit. Mais curieusement, les guerres et révolutions ne semblent pas avoir prise sur Liszt, ni d’ailleurs sur la communauté musicale. On ne les sent pas impactés par la guerre de 1870 ; les voyages en Europe continuant comme en temps de paix. On ne sent pas d’animosité entre musiciens des nations en guerre, ou de censure particulière. Je trouve cela assez étrange.



J’en sais donc un petit peu plus sur Liszt à présent. Cet homme a eu une vie plus riche que nombre de compositeurs. Il a apporté une certaine modernité dans son art, quitte à ne pas être un compositeur reconnu en son temps. Cela donne vraiment envie de découvrir son œuvre à présent. En commençant par la liste « pour débutant » que je ne résiste pas à reproduire ici :

• Sonate en si mineur : Zimerman (joué par)

• Les jeux d’eau à la villa d’Este : Arrau

• Faust-Symphonie : Bernstein

• Christus : Forrai

• Lied « Les Cloches de Marling » : Fischer-Dieskau

Commenter  J’apprécie          243
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Ce livre m'est tombé dans les mains lorsque j'ai ouvert une boite à livres trouvée dans un petit village que je traversais lors d'une randonnée. J'avais visité cet été la belle demeure de Nohant dans laquelle George Sand a accueilli pendant de longs mois son ami/amant Frédéric Chopin. Ça tombait donc bien ! Je n'ai pas assez de connaissances en musicologie, ni dans l’œuvre de Chopin pour tirer pleinement partie de ce livre, qui nous retrace plusieurs chapitres important de la vie du compositeur, illustrés à chaque fois par une œuvre représentative de la période. Toutefois j'ai pris de l'intérêt à cette promenade à travers la vie et l’œuvre de ce drôle de personnage, souvent effacé, pour qui la rencontre avec Sand a été particulièrement cruciale et fructueuse.
Commenter  J’apprécie          170
Nuits de l'âme : 21 poèmes d'après les 21 Nocturn..

Voilà un charmant recueil de 21 poèmes illustrant les 21 Nocturnes de Chopin : "Les Nocturnes de Chopin ne chantent pas la nuit ; ils chantent le silence de l'âme quand celle-ci se replie sur elle-même." nous dit l'auteur. Et c'est magnifiquement que chaque texte, court, met en valeur chaque oeuvre, dans un climat intimiste et profond qui m'a rappelé les concerts dans la Bergerie de Nohant auxquels j'ai pu assister, les soirs d'été. Chaque texte est introduit par un extrait de la partition et c'est un plus non négligeable pour un musicien. Pour les autres, il leur suffit d'écouter un enregistrement intégral, la référence de chaque Nocturne étant donné comme titre du poème. A savourer dans la solitude et le silence, dans un climat de recueillement propice au Chant que constituent l'ensemble de ces oeuvres magnifiques.
Commenter  J’apprécie          110
Nuits de l'âme : 21 poèmes d'après les 21 Nocturn..

Nuits de l'ame...

Un magnifique recueil de Poésie sur les œuvres de Frédéric Chopin.

Chaque opus , chaque nocturne , une poésie....

Les compositions de Frédéric Chopin sont magiques a jouer...et remplie de poésie...

Je suis heureuse d'etre tombé sur ce livre par hasard...

Je ne me lasse pas de l'écouter...

Et de travailler ses nocturnes sur mon piano...

Très curieuse de voir le poéme qui correspondait à l'opus...

Les nocturnes se sont souvent écrites aux crépuscules , et touche l'ame de ce qui sont mélomane..

un jolie livre pleins d'enchantements....profond , silencieux qui touche l'ame comme les œuvres de ce grand artiste....
Commenter  J’apprécie          70
Glenn Gould ou le Piano de l'esprit

Voici une biographie d'un homme à peu près inconnu en dehors du monde de la musique. Il s'agit d'un travail d'érudition car l'auteur analyse en mélomane le jeu du pianiste et son œuvre dans ce qu'elle a de plus originale. Mais nous comprenons un peu mieux l'homme qu'était Glenn Gould... si c'est possible, tant sa personnalité était complexe.

J'ai prononcé le mot "érudition", mais il ne faut pas en avoir peur car cet ouvrage est tout à fait à la portée de simples amateur, qui comme son étymologie l'indique son des personnes qui aiment, en l'occurrence la musique. Par contre, pour arriver à un tel niveau de compréhension et d'analyse, là oui, il faut bien des connaissances.
Commenter  J’apprécie          50
Franz Liszt : La Dispersion magnifique

Bouleversant ! Jean-Yves Clément nous fait part de sa passion pour Liszt d'une très belle manière. On alterne entre la vie personnelle et la vie musicale du compositeur forcément reliées entre elles. Les suggestions d'écoute sont étonnantes et formidables et les commentaires de l'auteur permettent de mieux appréhender l'oeuvre ou plutôt le monument de cet humaniste si touchant. Si certains dénigrent encore Liszt, ce livre met un terme à cette injustice et rendent hommage au musicien, compositeur, homme "d'église", mari, père et tout simplement homme qu'était Liszt.
Commenter  J’apprécie          50
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Jean-Yves Clément, musicologue, directeur artistique du festival de Nohant, chroniqueur sur France Musique entre autres, y livre un double portait de ce taciturne, dans ce qui se veut être "un essai biographique musical" d'un génie qui demeure méconnu malgré les habituelles références à George Sand. Sortons donc des sentiers déjà battus, pour découvrir un Chopin double et original, tantôt décortiqué par la plume du biographe, tantôt par l'analyse de ces oeuvres par le musicologue, un Chopin duel se révèle selon l'angle d'étude choisi par un Jean-Yves Clément également double analyste.

Sept chapitres et six oeuvres majeures du compositeur dévoilent un compositeur affable, adulé de ses pairs, mais n'appréciant guère son temps et ses couleurs (romantiques), éternel exilé, souffreteux et sensible à l'excès, dont le génie et la virtuosité n'ont d'égal que ceux de Mozart et qui révolutionnèrent à jamais le piano et son interprétation. A lire pour le plaisir des mots, et des notes, en écoutant bien évidemment lesdites oeuvres conductrices ...
Commenter  J’apprécie          30
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Livre très pertinent pour une écoute intelligente et engagée de Chopin; par une approche par période mettant en lumière l'environnement dans lequel a vécu Chopin, on comprend mieux l'état d'esprit qui a pu l'habiter.

fluide et passionnante, la lecture appelle l'écoute des compositions mentionnées.

Il manque , je trouve dans le livre plus d'éléments de contexte d'époque, politique, sociologique, familiaux pour aller plus loin dans l'immersion...un peu d'émotions sur l'homme...
Commenter  J’apprécie          20
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Une invitation à redécouvrir l'oeuvre de Chopin et mesurer toute la dualité qui était en lui: Français et Polonais, classique et romantique, emporté et réservé, abattu et exalté, morbide ou plein d'humour. Il restera toute sa vie un exilé. Un portrait original de l'âme divisée de ce compositeur. "Je me dissous dans l'air et je sens qu'une partie de mon être se promène en ce moment dans ma patrie, auprès des miens, tandis que l'autre est à Paris." disait Chopin.

L'auteur: Jean-Yves Clément, musicologue et philosophe, est aussi directeur artistique du Festival de Nohant et chroniqueur à France Musique..

L'occasion aussi de rappeler la très belle phrase de Schuman lors de la mort de Chopin: "L'âme de la musique a passé sur le monde."

(éditions Presses de la Renaissance
Commenter  J’apprécie          20
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



«Comment vivre sans inconnu devant soi ?», demande René Char en 1948 en regardant un tableau de Salvador Dalí. La question vaut pour la musique. À l'heure des nouvelles technologies et de la mondialisation, comment recréer le mystère? Où trouver l'inconnu? La surprise renaît à l'écoute de quelques notes, un air de ritournelle, la voix d'un instrument. L'émotion musicale revient et se renouvelle au détour de l'actualité. Présente tout à coup et toujours mystérieuse. L'année 2010 rend hommage à deux virtuoses, dont elle fête le bicentenaire de la naissance. Nés à quelques mois d'intervalle en 1810 (Frédéric Chopin, le 1er mars, en Pologne ; Robert Schumann, le 8 juin, en Allemagne), les deux compositeurs se sont rencontrés, la première fois, à l'automne 1835 à Leipzig, au coeur du grand mouvement romantique qui vit naître aussi Hector Berlioz en 1803 et Franz Liszt en 1811.

Si la quasi-totalité de la production de Chopin est pour piano seul - on y compte quelque 200 pièces -, Schumann laisse un catalogue plus diversifié, comme le rappelle le poète et romancier Alain Duault dans son excellente biographie. Génie précoce, à 27 ans, Schumann produit déjà des sommets: opéras, symphonies, musique de chambre, oratorios. Dans son essai Les Deux Âmes de Frédéric Chopin, Jean-Yves Clément, directeur artistique du Festival des fêtes romantiques et des Rencontres internationales Chopin à Nohant, revient sur la grande admiration de Schumann pour Chopin. Critique musical, il lui consacre en 1831 un article élogieux: «Chapeaux bas, messieurs, un génie!» En 1838, il dédie ses Kreisleriana (tirées des oeuvres d'E. T. A. Hoffmann) au Polonais. Et Chopin le remercie en lui dédiant sa deuxième Ballade en fa majeur. Dans la biographie qu'elle consacre à Chopin, Pascale Fautrier souligne la dialectique entre sentiment tragique de l'exil et exaltation joyeuse qui nourrit son oeuvre. Écrite sous le coup de l'occupation de Varsovie par les troupes russes, l'Étude dite « révolutionnaire » pour piano transforme l'événement historique en expérience intérieure. La musique de Chopin, valses, mazurkas et polonaises, «est l'épopée sensible et intime d'une immense victoire sur soi», explique Pascale Fautrier. À son tour, le musicologue Jean-Jacques Eigeldinger rappelle dans Chopin et Pleyel combien l'instrument est pour le musicien le moyen de communiquer avec lui-même et avec autrui, dans une économie intime et suave, tactile et sonore, où s'éprouve son rapport au monde.

Avec Chopin et Schumann, musique et littérature sont intimement mêlées. Le père de Schumann, libraire, traducteur de Byron, accueille les poètes du Sturm und Drang. Le jeune Schumann lit Jean Paul, Novalis, Hölderlin, avant d'associer son «jardin des poètes» à ses oeuvres musicales. De sorte qu'aux yeux du philosophe Thomas Dommange, dans L'Homme musical, le compositeur est aussi, pleinement, un homme de lettres. N'est-ce pas aussi ce que laisse à penser la passion amoureuse de Chopin et de George Sand, qui, de 1839 à 1846, passent l'été dans la propriété de la romancière, où l'une fait vibrer la langue et l'autre la musique ? Dans cet esprit, le Festival de Nohant, «Présences de Chopin», rassemble jusqu'au 1er août spectacles littéraires et musicaux, avec la participation d'Éric-Emmanuel Schmitt et de Michel Onfray.

En contrepoint du lyrisme romantique, l'actualité réserve d'autres surprises, qui impliquent d'autres temps, d'autres rythmes, d'autres époques. C'est ainsi que, dans Current of Music. Éléments pour une théorie de la radio, Theodor Adorno (1903-1969) livre le résultat d'une enquête sociologique américaine (effectuée entre 1938 et 1941) et fait le point sur le média radiophonique, considéré par le philosophe et musicologue comme un des premiers vecteurs de la culture de masse. Le XXe siècle aura questionné les conditions de l'écoute, le renouveau des pratiques, les ruptures et les crises. À la tête de l'avant-garde, dans les années 1960, Pierre Boulez est fasciné par la rencontre entre les structures musicales et les mathématiques. Le hasard est dirigé et s'organise, l'entretien filmé que publient les éditions Montparnasse, montre comment sa passion le conduit à une recréation perpétuelle des langages et des technologies. Celles-ci n'empêchent pas la présence du corps. Boulez raconte que, au début de son métier de chef d'orchestre, il n'utilisait jamais de baguette, mais uniquement les mains : «Je trouve cela encombrant. Il faut toujours la transporter avec soi», explique celui qui a fondé l'Ircam à la demande du président Pompidou.

Musiques nouvelles. Nouvelles lectures du monde. Il en va ainsi du principe de répétition, dont Johan Girard marque l'importance dans la musique américaine. De quelle exigence relève l'école minimaliste, demande-t-il dans Répétitions? Trois compositeurs participent ici de la même volonté de dépouillement, à travers structures répétitives et pulsation régulière : Terry Riley (né en 1935), qui crée avec In C en 1964 la pièce fondatrice de la musique répétitive ; Philip Glass (né en 1937), qui compose la musique d'Einstein on the Beach, le spectacle mythique de Robert Wilson créé en 1976 ; Steve Reich (né en 1936), qui, avec Music for 18 Musicians (en 1976), affirme la technique musicale du «déphasage» (phasing).

Présence au concert, écoute de la radio, passion pour Chopin, préférences minimalistes : chacun se révèle à travers sa rencontre de la musique. C'est en s'appuyant sur son propre itinéraire musical, sur son Chemin de musique, que Philippe Nemo revient sur le sens de la beauté artistique. La vie intime est faite de ces plis d'émotions : ici, le lyrisme de Pelléas et Mélisande de Debussy (1902) permet de rejoindre l'humanité ; avec Stravinsky, la musique procure une impression identique à « celle de la contemplation du jeu des formes architecturales ».
Commenter  J’apprécie          20
Les deux âmes de Frédéric Chopin

la vie et l'oeuvre de Chopin sont ici brossés rapidement ce qui n'enleve pas son interet au livre. Une lecture rapide qui permet d'avoir une certaine approche sur ce musicien dont on fete cette année le bicentenaire de sa naissance.

(Lu dans la cadre de l'operation masse critique.)
Lien : http://adeline66.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          20
Les deux âmes de Frédéric Chopin

"Les deux âmes de Frédéric Chopin" est un chef d'œuvre rédactionnelle. Jean-Yves Clément marque un grand coup en racontant la vie de Chopin dans un livre empli d'originalité et qui dévoile un grand talent d'écriture. Tant le style que la forme relatent avec brio la vie de ce grand artiste polonais, qui a changé la musique à tout jamais. Cet essai, agrémenté de citations pertinentes, relève parfois des accents d'écriture épiques, auxquels s'ajoutent des analyses réfléchies et intelligentes. Le style d'écriture, original et convaincant, est à l'image de l'étude éloquente et probante qu'il fait de l'histoire de Chopin. Des exemples musicaux et des citations perspicaces, des analyses approfondies et méthodiques en font un ouvrage d'une grande qualité.

Commenter  J’apprécie          10
Glenn Gould ou le Piano de l'esprit



Un excellent ouvrage qui m'a beaucoup appris sur ce musicien d'exception? une des gloires du Canada !



Je suis une grande amoureuse de la musique classique mais je ne suis pas du tout spécialisée. J'ai donc eu du mal à lire ce livre qui est extrêmement « technique », bien que ce terme ne soit pas adapté mais je n'en trouve pas d'autre.



Il faut être érudit en matière musicale pour bien comprendre cet opuscule de peu de pages mais rempli de références et d'analyses. Il est de ces ouvrages qu'il faut avoir dans sa bibliothèque pour pouvoir en lire et en relire des passages.



Je me suis pourtant accrochée car la personnalité extraordinaire de l'homme transparaît à travers toute son œuvre dans laquelle il est arrivé à faire passer tous ses sentiments les plus profonds.



Destinée hors du commun et brutalement interrompue, Glenn GOULD nous laisse une discographie éblouissante, des films, des documentaires, des émissions radiophoniques...



Je suis fascinée et je vais sûrement lire d'autres ouvrages le concernant, pour aller plus loin.



Plus jamais je ne l'écouterai de la même manière !



L'auteur, Jean-Yves CLEMENT, a également écrit : « Nietzsche au Jour le Jour » aux éditions LE PASSEUR. C'est dire toute l'approche philosophique et morale de son ouvrage consacré à GOULD.







































Commenter  J’apprécie          00
De l'aube à midi : Aphorismes

Sous une belle couverture aux couleurs volontiers automnales, les pensées de Jean-Yves Clément se laissent goûter une à une, en tournant les pages pour partir toujours à la recherche de celle qui nous surprend le plus, ou bien de celle qui entre le mieux en correspondance, voire en résonance, avec l'instant présent.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
Commenter  J’apprécie          00
Les deux âmes de Frédéric Chopin

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



«Comment vivre sans inconnu devant soi ?», demande René Char en 1948 en regardant un tableau de Salvador Dalí. La question vaut pour la musique. À l'heure des nouvelles technologies et de la mondialisation, comment recréer le mystère? Où trouver l'inconnu? La surprise renaît à l'écoute de quelques notes, un air de ritournelle, la voix d'un instrument. L'émotion musicale revient et se renouvelle au détour de l'actualité. Présente tout à coup et toujours mystérieuse. L'année 2010 rend hommage à deux virtuoses, dont elle fête le bicentenaire de la naissance. Nés à quelques mois d'intervalle en 1810 (Frédéric Chopin, le 1er mars, en Pologne ; Robert Schumann, le 8 juin, en Allemagne), les deux compositeurs se sont rencontrés, la première fois, à l'automne 1835 à Leipzig, au coeur du grand mouvement romantique qui vit naître aussi Hector Berlioz en 1803 et Franz Liszt en 1811.

Si la quasi-totalité de la production de Chopin est pour piano seul - on y compte quelque 200 pièces -, Schumann laisse un catalogue plus diversifié, comme le rappelle le poète et romancier Alain Duault dans son excellente biographie. Génie précoce, à 27 ans, Schumann produit déjà des sommets: opéras, symphonies, musique de chambre, oratorios. Dans son essai Les Deux Âmes de Frédéric Chopin, Jean-Yves Clément, directeur artistique du Festival des fêtes romantiques et des Rencontres internationales Chopin à Nohant, revient sur la grande admiration de Schumann pour Chopin. Critique musical, il lui consacre en 1831 un article élogieux: «Chapeaux bas, messieurs, un génie!» En 1838, il dédie ses Kreisleriana (tirées des oeuvres d'E. T. A. Hoffmann) au Polonais. Et Chopin le remercie en lui dédiant sa deuxième Ballade en fa majeur. Dans la biographie qu'elle consacre à Chopin, Pascale Fautrier souligne la dialectique entre sentiment tragique de l'exil et exaltation joyeuse qui nourrit son oeuvre. Écrite sous le coup de l'occupation de Varsovie par les troupes russes, l'Étude dite « révolutionnaire » pour piano transforme l'événement historique en expérience intérieure. La musique de Chopin, valses, mazurkas et polonaises, «est l'épopée sensible et intime d'une immense victoire sur soi», explique Pascale Fautrier. À son tour, le musicologue Jean-Jacques Eigeldinger rappelle dans Chopin et Pleyel combien l'instrument est pour le musicien le moyen de communiquer avec lui-même et avec autrui, dans une économie intime et suave, tactile et sonore, où s'éprouve son rapport au monde.

Avec Chopin et Schumann, musique et littérature sont intimement mêlées. Le père de Schumann, libraire, traducteur de Byron, accueille les poètes du Sturm und Drang. Le jeune Schumann lit Jean Paul, Novalis, Hölderlin, avant d'associer son «jardin des poètes» à ses oeuvres musicales. De sorte qu'aux yeux du philosophe Thomas Dommange, dans L'Homme musical, le compositeur est aussi, pleinement, un homme de lettres. N'est-ce pas aussi ce que laisse à penser la passion amoureuse de Chopin et de George Sand, qui, de 1839 à 1846, passent l'été dans la propriété de la romancière, où l'une fait vibrer la langue et l'autre la musique ? Dans cet esprit, le Festival de Nohant, «Présences de Chopin», rassemble jusqu'au 1er août spectacles littéraires et musicaux, avec la participation d'Éric-Emmanuel Schmitt et de Michel Onfray.

En contrepoint du lyrisme romantique, l'actualité réserve d'autres surprises, qui impliquent d'autres temps, d'autres rythmes, d'autres époques. C'est ainsi que, dans Current of Music. Éléments pour une théorie de la radio, Theodor Adorno (1903-1969) livre le résultat d'une enquête sociologique américaine (effectuée entre 1938 et 1941) et fait le point sur le média radiophonique, considéré par le philosophe et musicologue comme un des premiers vecteurs de la culture de masse. Le XXe siècle aura questionné les conditions de l'écoute, le renouveau des pratiques, les ruptures et les crises. À la tête de l'avant-garde, dans les années 1960, Pierre Boulez est fasciné par la rencontre entre les structures musicales et les mathématiques. Le hasard est dirigé et s'organise, l'entretien filmé que publient les éditions Montparnasse, montre comment sa passion le conduit à une recréation perpétuelle des langages et des technologies. Celles-ci n'empêchent pas la présence du corps. Boulez raconte que, au début de son métier de chef d'orchestre, il n'utilisait jamais de baguette, mais uniquement les mains : «Je trouve cela encombrant. Il faut toujours la transporter avec soi», explique celui qui a fondé l'Ircam à la demande du président Pompidou.

Musiques nouvelles. Nouvelles lectures du monde. Il en va ainsi du principe de répétition, dont Johan Girard marque l'importance dans la musique américaine. De quelle exigence relève l'école minimaliste, demande-t-il dans Répétitions? Trois compositeurs participent ici de la même volonté de dépouillement, à travers structures répétitives et pulsation régulière : Terry Riley (né en 1935), qui crée avec In C en 1964 la pièce fondatrice de la musique répétitive ; Philip Glass (né en 1937), qui compose la musique d'Einstein on the Beach, le spectacle mythique de Robert Wilson créé en 1976 ; Steve Reich (né en 1936), qui, avec Music for 18 Musicians (en 1976), affirme la technique musicale du «déphasage» (phasing).

Présence au concert, écoute de la radio, passion pour Chopin, préférences minimalistes : chacun se révèle à travers sa rencontre de la musique. C'est en s'appuyant sur son propre itinéraire musical, sur son Chemin de musique, que Philippe Nemo revient sur le sens de la beauté artistique. La vie intime est faite de ces plis d'émotions : ici, le lyrisme de Pelléas et Mélisande de Debussy (1902) permet de rejoindre l'humanité ; avec Stravinsky, la musique procure une impression identique à « celle de la contemplation du jeu des formes architecturales ».
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Yves Clément (45)Voir plus

Quiz Voir plus

Karine Giebel ou Barbara Abel

Je sais pas ?

Karine Giebel
Barbara Abel

10 questions
69 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}