AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jean-Yves Seguy est maître de conférences en sciences de l’éducation à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne.
Ses recherches portent principalement sur les politiques de démocratisation de l’enseignement secondaire dans l’entre-deux-guerres.

Source : ecp.univ-lyon2.fr
Ajouter des informations
Bibliographie de Jean-Yves Seguy   (3)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

L'incroyable histoire de l'éducation


Citations et extraits (10) Ajouter une citation
On aurait pu penser que la Révolution s’accompagnerait d’une révolution de l’éducation des filles… mais il n’en est rien ou presque rien ! Elle fait face à des avancées très modestes et des mentalités qui évoluent très peu quant à la place des femmes dans société. Pourtant, les femmes ont largement pris part à la Révolution, payant parfois de leurs vies leurs engagements. Elles ont dès le début de la Révolution occupé une place essentielle dans le mouvement… Elles participent par exemple activement aux journées d’octobre 1789, marchant sur Versailles pour réclamer du pain, et le retour du roi et de la reine à Paris. Elles participent également pleinement au processus révolutionnaire en intervenant dans les assemblées où se discute l’avenir de la société. Souvent exclues de ces lieux de parole et de pouvoir, elles en viennent à fonder leurs propres clubs où elles peuvent faire valoir leurs idées. Pour se moquer de certaines de ces femmes, par exemple de celles qui soutiennent Robespierre, on tente de les cantonner dans le rôle qu’elles sont supposées jouer… et on les appelle les tricoteuses. Parmi les femmes qui prennent une part active à la Révolution, il existe de fortes personnalités dont les noms ont traversé les siècles, telle Olympe de Gouges. Elle est l’autrice d’une célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. L’article 10 de cette déclaration est cruellement prémonitoire : La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune.
Commenter  J’apprécie          80
Une figure marquante : Christine de Pisan. Parmi ces femmes qui surent conquérir une place de choix dans le monde intellectuel médiéval, Christine de Pisan (ou de Pizan) joue un rôle particulièrement important. Christine de Pisan naît en 1363 (ou 1364) à Venise. Elle arrive à Paris à 5 ans et passe son enfance à la cour du roi Charles V. Le père de Christine, Thomas de Pisan, y est effectivement médecin et astrologue. Thomas de Pisan souhaite que sa fille bénéficie d’une instruction très poussée. À 15 ans, elle épouse Étienne du castel, un des secrétaires du roi. Malheureusement, Étienne meurt en 1389 (ou 1387 selon les sources), et Christine se retrouve seule avec trois enfants. Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, elle commence à publier ses œuvres. De 1389 à 1405, elle compose quinze ouvrages et de nombreux autres écrits annexes. Elle rédige d’abord des poèmes, puis des traités politiques, moraux, philosophiques… Elle écrit même un traité militaire dans lequel elle donne des conseils sur ce que devrait faire tout souverain en temps de guerre… et insiste sur les conditions permettant de maintenir la paix. Ses nombreux écrits lui valent en effet une grande renommée, et la reconnaissance de personnages politiquement importants : le duc Jean de Berry (frère de Charles V), Louis d’Orléans (frère de Charles VI), la reine Isabeau de Bavière (épouse de Charles VI). Une des grandes originalités de l’œuvre de Christine de Pisan porte sur sa défense acharnée des femmes. Elle remet en cause la vieille idée d’Aristote selon laquelle une femme est un homme manqué. Christine de Pisan, qui est sans doute une des premières à vivre de sa plume en Occident, cherche ainsi à revaloriser l’image de la femme. Elle critique aussi fortement les romans d’amour courtois. Christine de Pisan souhaite que les femmes, outre des connaissances de philosophie morale, puissent acquérir une science pratique leur permettant d’administrer des terres et des domaines. De tous ces engagements découle une idée fondamentale en matière éducative : il y a égalité de nature entre l’homme et la femme. Filles et garçons doivent donc pouvoir recevoir une même éducation. Pour elle, si les femmes sont moins instruites que les hommes, c’est tout simplement parce que les filles ne bénéficient pas de la même éducation que les garçons. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une égalité d’instruction entre les filles et les garçons… égalité qui n’est pas encore atteinte en ce début de XXIe siècle… Mais Christine de Pisan a sans doute contribué, à travers ses engagements, sa réussite personnelle de femme du Moyen-Âge et ses conceptions de l’éducation, à faire évoluer, certes modestement, les mentalités.
Commenter  J’apprécie          70
Au sommet de tout cet édifice, il faut un diplôme, un vrai, un diplôme qui puisse être reconnu de tous : le baccalauréat. Ce diplôme, héritier d’un lointain Moyen Âge, est ainsi réactualisé en 1808 sous l’impulsion de Napoléon. Le baccalauréat est un moyen de renforcer encore l’enseignement secondaire… en devenant le premier grade universitaire. Le titre est ainsi décerné par les facultés et il s’adresse à des élèves d’au moins 16 ans, ayant passé les deux dernières années dans un établissement reconnu par l’Université impériale. L’épreuve est orale ! Les épreuves sont axées sur la culture gréco-latine. La première année de l’examen, en 1809N, il y a… 32 bacheliers dans toute la France.
Commenter  J’apprécie          60
Avant-propos – Qui a inventé l’école ? Qu’enseigne-t-on dans l’université du Moyen-Âge, dans les collèges de l’Ancien Régime, dans les écoles primaires de la Troisième République ? Comment l’enseignement s’adapte-t-il aux situations de guerre ? Quelles sont les conceptions de l’éducation dans la famille dans l’Antiquité, au Moyen-Âge ou au XXe siècle ? Quelle place accorde-t-on à l’éducation des filles tout au long de cette histoire ? […] Écrire une histoire de l’éducation, comme toute histoire, suppose des choix et des renoncements. La vérité historique n’existe pas dans l’absolu, et il faut, de ce fait, rendre scrupuleusement compte de ses sources… et expliciter ses choix. Il a ainsi été décidé de limiter le propos à l’espace géographique et politique de la France, non que l’histoire de l’éducation d’autres pays manquât d’intérêt, mais une histoire universelle aurait nécessité une large multiplication du nombre de pages de l’ouvrage. […]
Commenter  J’apprécie          60
Les collèges jésuites – Autre pensionnaire du collège Montaigu en 1528, mais pour s’y former aux méthodes en vigueur dans l’établissement : Ignace de Loyola, futur fondateur de l’ordre des Jésuites. Son passage par le collège Montaigu, puis par le collège Sainte-Barbe de Paris, sont à la base de la doctrine éducative fondatrice des collèges jésuites. Avec ses mots : Eh bien, avec moi les choses n’ont pas trainé. Il fallait lutter contre le pouvoir grandissant des protestants. Comme vous le savez, j’ai été ordonné prêtre en 1537, après une brève vie de combats militaires. J’ai même été sérieusement blessé lors du siège de Pampelune. Dès 1540, je fonde la compagnie de Jésus, avec le soutien indéfectible du pape. Et huit ans après s’ouvre le premier collège, à Messine, en Sicile. Et je ne m’arrête pas là. Nous fondons ainsi en France le collège de Billom en 1556, de Mauriac en 1560de Tournon en 1561… Et ainsi de suite. Très rapidement, c’est le monde entier qui se couvre de nos collèges. L’évêque de Clermont, Guillaume Duprat, fonde un collège jésuite dans son hôtel parisien. Cet établissement, d’abord appelé collège de Clermont en référence à son fondateur, deviendra plus tard le collège Louis-le-Grand, en l’honneur du roi Louis XIV. Puis, bien plus tard, le lycée Louis-le-Grand, lycée public… qui existe toujours au XXIe siècle. De là à imaginer une forme de filiation entre les collèges jésuites et les lycées du XXIe siècle ?… Les Jésuites ont alors une idée géniale et assez nouvelle. Les promoteurs des collèges jésuites poussent et développent les méthodes issues du modus pariseinsis. […] C’est Claudio Acquaviva, à la tête de la Compagnie à partir de 1582, qui se charge de coordonner la lourde tâche. Et c’est ainsi qu’en 1559 est publiée la Ration atque institutio studiorum Societas Iesu (Plan raisonné et Institution des études dans la Compagnie de Jésus)… mais, pour faire plus court, on dira simplement : la Ratio studiorum. Parmi les principes de la Ratio studiorum : on reprend l’organisation en classe du modus parisiensis. Au début, les élèves peuvent être d’âges très différents dans chaque classe. Il peut y avoir jusqu’à seize ans d’écart entre l’élève le plus jeune et le plus âgé. Puis peu à peu, tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles se met en place l’adéquation entre la classe et l’âge… que nous connaissons encore aujourd’hui. Autre particularité de l’organisation des collèges jésuites : l’émulation perpétuelle. Les élèves sont généralement répartis en deux groupes ; les Romains et les Carthaginois en opposition permanente.
Commenter  J’apprécie          50
Une découverte capitale en 2008 change complètement la manière dont on peut imaginer la transmission des connaissances à la préhistoire. Deux paléoanthropologues dans les travaux ont été révélés dans le monde francophone par Olivier Maulini et son équipe : Jamie Tehrani & Félix Riede. Au Paléolithique supérieur (environ 35000 ans avant notre ère), on retrouve une répartition étonnante des débris de pierre. D’un côté, on voit très nettement des débris issus de la meilleure partie de pierres de qualité. De l’autre côté, on trouve des éclats plus grossiers tirés de pierres de moins bonne qualité et dispersés un peu partout. Avec ce lieu réservé à l’apprentissage, on a peut-être une première forme très très très élémentaire d’école, ou plutôt de ce que le sociologue Guy Vincent appelle la forme scolaire. Lais tout bascule bientôt avec cette invention cruciale du côté de la Mésopotamie aux IVe et IIIe millénaires avant J.-C. Même si les peintures rupestres peuvent être considérées comme de premières formes de communication, avec l’écriture (des pictogrammes à l’écriture cunéiforme), on peut conserver des traces plus précises des savoirs… et l’éducation va prendre une autre dimension.
Commenter  J’apprécie          50
Pour les Gaulois, l’éducation, réservée à une élite, devait se faire au contact de la nature, de la forêt, du monde animal… on y apprend les cycles de la nature… et de la chasse… et aussi un peu la guerre ! Une éducation fortement teintée de magie, essentiellement orale, sous la forme de chants poétiques. Cette éducation est assurée par les druides. Le druide est un personnage central du monde gaulois, assurant des fonctions religieuses, politiques et éducatives. Et puis il y avait les bardes – une sous-catégorie de druide –, spécialistes des chants religieux ou guerriers… Les bardes étaient classés en 10 catégories selon la capacité de leur mémoire. Les champions pouvaient connaître par cœur jusqu’à 350 histoires. On l’a compris, l’éducation chez les Gaulois est surtout une affaire orale. Jules César (100-44 avant J.-C.) s’est beaucoup interrogé sur les raisons de ce refus de l’écrit pour transmettre les connaissances. Cela dit, il faut se méfier de ce que disait César. Notre image des Gaulois provient pour beaucoup de son best-seller La Guerre des Gaules… et on peut s’interroger sur l’objectivité des propos d’un acteur essentiel de cette époque, qui plus est, vainqueur desdits Gaulois !
Commenter  J’apprécie          40
Et du côté des filles ? Avec l’avènement de la Troisième République, il est certain que les filles et les garçons vont pouvoir bénéficier des mêmes enseignements ! Bon, d’accord, les républicains s’emparent de la question en ouvrant l’enseignement primaire aux filles, ainsi que l’enseignement secondaire avec la loi Camille Sée de 1880. Mais cet enseignement primaire et secondaire des filles est radicalement séparé de celui des garçons. Et surtout… les programmes scolaires ne sont pas les mêmes pour les filles et les garçons. Dans l’enseignement primaire, il s’agit toujours de préparer les femmes à leur futur rôle d’épouse. Et il faut montrer que les opérations en apparence les plus humbles de la vie domestique se relient aux principes les plus élevés des sciences de la nature. Il en va de même pour l’enseignement secondaire des jeunes filles… qui ne dure que cinq ans (au lieu de sept ans pour les garçons) et qui dispense ses élèves de l’enseignement du latin, du grec et de la philosophie. Jules Simon, philosophe et ancien ministre de l’instruction publique, pense même que les études philosophie peuvent être dangereuses pour les jeunes filles… et les conduire à la folie. Et Jules Verne, défenseur de la science et du progrès, s’interroge en 1893, dans un discours de distribution des prix au lycée de jeunes filles d’Amiens, sur l’intérêt des sciences pour les filles. Malgré ces oppositions à l’enseignement secondaire des jeunes filles, l’histoire est lancée… et il faut bien vitre trouver des professeurs pour enseigner dans ces nouveaux lycées. Ainsi est créée en juillet 1881, l’École normale supérieure de sèvres, réservée aux futures enseignantes de lycée, avec un succès certain, puisqu’on compte dès 1896, 36 lycées et 26 collèges de jeunes filles. Le XXe siècle qui se profile sera-t-il le siècle de l’éducation des filles ?
Commenter  J’apprécie          20
« Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines » Victor Hugo
Commenter  J’apprécie          10
… Et l’éducation dans tout cela ?
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Yves Seguy (12)Voir plus

Quiz Voir plus

le Roi Arthur de Michael Morpurgo

Pourquoi le jeune garçon se retrouve-t-il piégé au milieu de l'océan?

Il voulait aller pêcher à la crevette
il voulait assister aux grandes marées d'équinoxe de printemps
il voulait accéder au rocher de Great Ganilly pour remporter son pari

20 questions
3807 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}