AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 13 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Montpellier , 1947
Biographie :

Psychologue de formation, Jeanne Bastide a été un temps enseignante avant de se consacrer à l’écriture, la sienne et celle des autres.

Après des études littéraires à Aix en Provence elle devient animatrice d’ateliers d’écriture. Elle intervient dans des structures institutionnelles, des associations, des librairies ou des médiathèques depuis plus de 20 ans.

Elle publie également en revue.

Bibliographie

Récits
• Le jardin de l’éditeur (participation), L’Amourier éditions, 2005
• Lucarnes, récit, L’Amourier éditions, 2006
• Un silence ordinaire, récit, L’Amourier éditions, 2009
• La Fenêtre du vent, L’Amourier éditions, 2013
• Raphaël, éditions La Clavière, 2015
• La nuit déborde, L’Amourier éditions, 2017
• Rouge enfance, récit poétique, éditions Domens, 2019

Livres d’artistes

• Intimité de la lumière, avec Yves Piquet, éd. double cloche, 2007
• Le ciel n’a pas de peau, encres de Jean Millon, collection « À côté » des Cahiers du Museur, 2008
• Un silence très clair, encre originale de Jean Millon, éd. des cent regards, juin 2009.
• Chemin de Maternité, peintures de Phi, éd. des cent regards, 2011
• Une lenteur d’écorce, encre de Jean Millon, éd. Domens, 2011
• Notes en bleu, peinture d’Anne Slacik, collection « À côté » des Cahiers du Museur, 2012
• Toujours à la bonne hauteur, l’horizon,peinture de Jacques Galey, collection « À côté » des Cahiers du Museur, 2014
• Jaillissement du rouge, estampes d’Yves Orl, collection Atelier, Color Gang
• Entre les plis, avec Yves Piquet, éd. double cloche, 2016

+ Voir plus
Source : http://www.amourier.com
Ajouter des informations
Bibliographie de Jeanne Bastide   (9)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Extrait 3


Grand père

Cette odeur de jardin et de terre que
personne ne porte… sauf toi.
Il arpente aujourd’hui le chemin de
vignes. À pas mesurés.
Des sarments tendent encore leurs bras
mollement.
L’hiver cimente la sève dans le cep.
Hormis quelques cris d’oiseaux noyés
dans la brume, le paysage est muet. Un
silence blanc. Les couleurs se sont enfuies
avec l’automne.
Un pâle soleil dessine sur le sol des
ombres grises, graphiques et nues.
Son regard s’attarde un moment sur le
talus où un arbre allonge ses branches sur
un ciel vaste et vide. Maintenant il écrase
quelques mottes de terre. L’une après
l’autre.
Il marche sans hâte.
Les yeux de silence des souches l’accompagnent.
La vigne écrit – calligraphie.
Une écriture à l’encre de chine – noir
sur kraft. Les ceps tendent leurs mots vers
le ciel – les sarments crient l’attente.
Commenter  J’apprécie          120
La petite fille

Tu es cette ligne brisee de soleil - Tu marches le long des chemins - Un miroir qui se promène - Les herbes s'étonnent de l'éclat morcelé - Les coquelicots transparentent le jour - Le long du chemin est plus long que le chemin - Comme le jour est plus clair que la lumière- On y voit à travers - La jouissance est en morceaux - Le jour ne sait pas encore les recoller de sa pointe -
Commenter  J’apprécie          120
Extrait 5


Certains matins je m’habille (on m’habille) et me
revient cette image que j’avais jeune fille des
femmes qu’on dit mûres. Je revois la mère d’une
amie que je trouvais désirable parce que bien
en chair. Pulpeuse. Son dos laissait voir le poids
du temps. Sa peau faisait des boursouflures et je
trouvais ça tellement séduisant. Il y a quelques
mois me plaisait encore cette trace du temps qui
fait douceur sur la peau. Les renflements de plaisir,
les courbes rondes et les épaules comme des collines
alanguies. Images de femmes, de mères où la séche-
resse des rides fait place à la luxuriance et aux vallon-
nements. J’avais alors une gratitude pour la vie qui
arrondit les angles du plaisir. Ce temps n’est plus.
Mes os me portent difficilement et l’arrondi est
devenu voûté. Et chaque matin, devant le miroir,
je mets mes rides en ordre.
Commenter  J’apprécie          90
Malgré le vent dehors…


Malgré le vent dehors, le claquement des feuilles, la lueur opaque, ce jour là, elle était nature morte. Chaque chose à sa place. Le vent – le sang – le bleu – le brouillard – sa peau – ses yeux – et les nuages. Immobiles. Elle faisait partie du tableau. Figée dans une attitude qui la rendait réceptive, ouverte et sans désir. Une légère vapeur l’enveloppait. Les nuages l’habitaient – et le matin paraissait éternel. Que de soirs pour un seul matin comme celui-là…

Elle a fermé les yeux et croisé les bras pour enserrer ce moment.

Lucie reste sur le seuil des mots de peur qu’ils ne l’engloutissent.
Commenter  J’apprécie          80
C’est l’été...


C’est l’été. Le moment où les vies se racontent. Le jour
plus long. On en prend le frais, le soir. On prend le temps.
C’était un soir où on croyait aux commencements. André
racontait. Elle, pulsait dans les veines du temps.
La parole a duré toute la soirée – une éternité d’instants.
La nuit a pris le relais.
Puis les jours.
Et les saisons.
Commenter  J’apprécie          81
Extrait 2
 
 
Alors je me mets à parler à mon enfance,
à ses ceps de vignes torturés. À la balançoire
ou aux osselets… Merci à toi, balançoire de
mon enfance. Tu n’étais pas une escarpolette.
Rien d’élégant – ou d’extraordinaire.
Un simple plateau de bois troué. Une corde
sans prétention attachée à la grosse branche
du platane. Simple – modeste – sans artifice.
Efficace. Sais-tu que tu as porté mes
rêves vers les cimes avec délice et légèreté ?
C’est de plaisir que je veux te parler. Le
balancement. Le mouvement. La répétition.
Les jambes, les pieds et tout le corps qui
donnent élan. La jouissance de sentir son
coeur se décrocher. Toujours plus haut, plus
vite. Atteindre les frondaisons dans un rire
saccadé, les deux mains serrées sur la corde
rugueuse, la tête renversée et les cheveux au
vent. Merci. Oh merci de m’avoir accompagnée
dans ces plaisirs simples.
La volupté de l’apesanteur. L’ébattement
de l’oiseau. La délectation de la vitesse.
L’étourdissement des couleurs qui se mélangent.
La sensualité de l’air. Ta planche brute
reste un carré de plaisir à ma dimension.
Et ta corde qui s’élève a porté mes rêves et
mon regard vers le céleste.
Commenter  J’apprécie          40
UN DÉJEUNER DE SOLEIL



Je suis la femme qui regarde son passé…

Je suis la femme qui regarde son passé, se tourne vers le futur, puis se retrouve à l’envers. Oui, à l’envers. À l’extérieur d’elle-même. Comme un gant. Mon cœur à vif, les poumons prennent l’air goulûment, mon sang ne fait pas qu’un tour. Il s’en donne à cœur joie, le sang, à circuler ailleurs que dans des chemins tout tracés.
Et les pensées en plein air — aérées. Des idées royales — un lion, une lionne devenue. L’espace s’agrandit à la mesure de mon regard. Ne sais pas où je vais. Mais je sais que l’envers peut se mettre à l’endroit.

[…]
Commenter  J’apprécie          30
Extrait 3
 
 
Serais-je celle que je suis si tu n’avais pas
existé ? Si des mains calleuses de vigneron
n’avaient pas donné ainsi leur dîme à
l’enfance ? Salut, balançoire, je te garde une
place privilégiée au ciel de mes souvenirs.
Les souvenirs arrivent à la pelle comme
dans la chanson. Travail résistant. Travail
de mémoire. Les mots se dénouent. Les
images se défont. Les couleurs disparaissent.
Le deuil fait mal son ouvrage.
Une machine à grande roue explore les
chemins dévastés par le temps. Des phrases
déracinées. Du linge décousu. Je vais alors
chercher le détail dans les étagères surchargées,
les archives compactes, saturées.
Il faudrait continuer alors même que fait
défaut la vigueur de vivre.
L’album photos que m’a refait Nicolas est
une aide. Je me revois dans cette robe que
ma grand-mère avait cousue. Ce jour-là, tu
m’avais prise en photo dans le miroir. Ce
soir-là… je devrais dire. Te rappelles-tu ?
Le grand miroir de l’entrée. Plus que
grand… immense. J’y tenais tout entière.
Avec le halo clair de la lampe à ma gauche.
J’étais encore toute mince – fluette…
Une liane avec de grandes mains, disais-tu.
Je me sentais une enfant. Tu pensais que
j’étais une femme. Sait-on jamais quand
on le devient ? Tu avais cousu durant des
jours pour me faire cette robe. Tu y cousais
la joie au fil blanc. Dans l’effervescence et
le plaisir des mains. Je papillonnais avec toi
dans la lumière du soir.
Il y avait le soleil
Il y avait toi
Et la couture.
Commenter  J’apprécie          20
Extrait 4


Un chaos paisible s’installe dans mes intérieurs.
Quelque chose s’organise sans moi. J’assiste à la
métamorphose. C’est le soir que j’éprouve princi-
palement ce sentiment de n’être plus moi-même.
Je ne sais plus si je suis encore ou si je me suis
quittée comme une vieille robe trop portée. Ce
qui importe serait d’être là, dans ce fauteuil,
seulement là, et que rêve et réalité, passé et
présent se rejoignent. Que je n’aie jamais été
séparée et que toutes ces vies se transforment
en une seule.
Commenter  J’apprécie          31
Te souviens-tu…


Te souviens-tu ? demande l’arbre rouge.
La petite fille court après l’ombre de la
  grand-mère qu’elle est devenue.
Vertèbre après vertèbre, remonte l’épine
  dorsale de la vie. Comme si ce moment
  lui  avait été promis de  tout temps où
  son  corps  se  lèverait pour recoudre
  l’histoire.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jeanne Bastide (6)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Temps des miracles

En 1992, Koumaïl et Gloria habitent dans:

l'Usine
l'Immeuble
le Bâtiment
la Gare

15 questions
180 lecteurs ont répondu
Thème : Le temps des miracles de Anne-Laure BondouxCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..