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EAN : 9782364180383
60 pages
L'Amourier Editions (01/02/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Jeanne Bastide nous convie à partager le quotidien - nuit mêlée au jour - d'une femme qui convoque, au soir de sa vie, souvenirs et rêves afin que, chaque être aimé reprenant sa place, l'inéluctable puisse s'envisager. Ses yeux portent encore loin, vers le passé et vers elle-même. Ses souvenirs prennent du relief, elle réinvente des lieux et pourtant quelque chose se dérobe au fur et à mesure qu'elle avance. Toujours entre mémoire et oubli.
Dans son soliloqu... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Extrait 5


Certains matins je m’habille (on m’habille) et me
revient cette image que j’avais jeune fille des
femmes qu’on dit mûres. Je revois la mère d’une
amie que je trouvais désirable parce que bien
en chair. Pulpeuse. Son dos laissait voir le poids
du temps. Sa peau faisait des boursouflures et je
trouvais ça tellement séduisant. Il y a quelques
mois me plaisait encore cette trace du temps qui
fait douceur sur la peau. Les renflements de plaisir,
les courbes rondes et les épaules comme des collines
alanguies. Images de femmes, de mères où la séche-
resse des rides fait place à la luxuriance et aux vallon-
nements. J’avais alors une gratitude pour la vie qui
arrondit les angles du plaisir. Ce temps n’est plus.
Mes os me portent difficilement et l’arrondi est
devenu voûté. Et chaque matin, devant le miroir,
je mets mes rides en ordre.
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Extrait 2
 
 
Alors je me mets à parler à mon enfance,
à ses ceps de vignes torturés. À la balançoire
ou aux osselets… Merci à toi, balançoire de
mon enfance. Tu n’étais pas une escarpolette.
Rien d’élégant – ou d’extraordinaire.
Un simple plateau de bois troué. Une corde
sans prétention attachée à la grosse branche
du platane. Simple – modeste – sans artifice.
Efficace. Sais-tu que tu as porté mes
rêves vers les cimes avec délice et légèreté ?
C’est de plaisir que je veux te parler. Le
balancement. Le mouvement. La répétition.
Les jambes, les pieds et tout le corps qui
donnent élan. La jouissance de sentir son
coeur se décrocher. Toujours plus haut, plus
vite. Atteindre les frondaisons dans un rire
saccadé, les deux mains serrées sur la corde
rugueuse, la tête renversée et les cheveux au
vent. Merci. Oh merci de m’avoir accompagnée
dans ces plaisirs simples.
La volupté de l’apesanteur. L’ébattement
de l’oiseau. La délectation de la vitesse.
L’étourdissement des couleurs qui se mélangent.
La sensualité de l’air. Ta planche brute
reste un carré de plaisir à ma dimension.
Et ta corde qui s’élève a porté mes rêves et
mon regard vers le céleste.
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Extrait 3
 
 
Serais-je celle que je suis si tu n’avais pas
existé ? Si des mains calleuses de vigneron
n’avaient pas donné ainsi leur dîme à
l’enfance ? Salut, balançoire, je te garde une
place privilégiée au ciel de mes souvenirs.
Les souvenirs arrivent à la pelle comme
dans la chanson. Travail résistant. Travail
de mémoire. Les mots se dénouent. Les
images se défont. Les couleurs disparaissent.
Le deuil fait mal son ouvrage.
Une machine à grande roue explore les
chemins dévastés par le temps. Des phrases
déracinées. Du linge décousu. Je vais alors
chercher le détail dans les étagères surchargées,
les archives compactes, saturées.
Il faudrait continuer alors même que fait
défaut la vigueur de vivre.
L’album photos que m’a refait Nicolas est
une aide. Je me revois dans cette robe que
ma grand-mère avait cousue. Ce jour-là, tu
m’avais prise en photo dans le miroir. Ce
soir-là… je devrais dire. Te rappelles-tu ?
Le grand miroir de l’entrée. Plus que
grand… immense. J’y tenais tout entière.
Avec le halo clair de la lampe à ma gauche.
J’étais encore toute mince – fluette…
Une liane avec de grandes mains, disais-tu.
Je me sentais une enfant. Tu pensais que
j’étais une femme. Sait-on jamais quand
on le devient ? Tu avais cousu durant des
jours pour me faire cette robe. Tu y cousais
la joie au fil blanc. Dans l’effervescence et
le plaisir des mains. Je papillonnais avec toi
dans la lumière du soir.
Il y avait le soleil
Il y avait toi
Et la couture.
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Extrait 4


Un chaos paisible s’installe dans mes intérieurs.
Quelque chose s’organise sans moi. J’assiste à la
métamorphose. C’est le soir que j’éprouve princi-
palement ce sentiment de n’être plus moi-même.
Je ne sais plus si je suis encore ou si je me suis
quittée comme une vieille robe trop portée. Ce
qui importe serait d’être là, dans ce fauteuil,
seulement là, et que rêve et réalité, passé et
présent se rejoignent. Que je n’aie jamais été
séparée et que toutes ces vies se transforment
en une seule.
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Extrait 1
 
 
Seule ou non. Il y a bien eu les jours où
la rencontre allumait un soleil dans mon
ventre et éclaboussait même mes mots. Mais
toutes les autres fois, seule avec le gris et les
larmes de pluie. Il avait bien dit Mon corps
sent la pluie qui arrive. Le passé composé.
Le passé recomposé. Je me sens fluide comme
une flaque de soleil dans la pénombre
de l’été.
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