Ce roman m’a été vivement conseillé par une collègue de travail et je la remercie vivement.
Ils sont trois à avoir réalisé cette merveille de roman, ce coup de cœur inattendu :
Ce roman a été écrit par Patrick Ness. Mais l’idée vient de Siobhan Dowd une grande écrivaine en jeunesse apparemment (que je ne connaissais pas) et qui est morte avant d’avoir pu terminer ce dernier roman). On lui a donc proposé de reprendre ses notes pour créer un roman et il a a accepté. Et enfin Jim Kay l’a illustré de manière brillante.
Je trouve que c’est un thème particulièrement dur pour de la littérature jeunesse. Je ne pensais pas qu’il y avait des romans comme ça. La mort d’un proche est toujours très difficile à appréhender, alors quand il s’agit de la mort d’un parent, c’est d’autant plus violent et difficile. Mais l’auteur a réussi à le faire de manière parfaite. Il ne tombe dans le ridicule, dans le pathos, il reste très sobre et juste.
Il a réussi à créer une ambiance assez sombre et pourtant belle, dans laquelle réalité et imaginaire cohabitent de manière complémentaire. Le monstre est-il réel ? Est-ce juste l’imagination de l’enfant ? On ne le sait pas vraiment et on ne se pose pas la question.
Comme je l’ai déjà mentionné, les illustrations contribuent grandement à l’atmosphère pesante et fantastique de ce roman : ce sont des dessins sombres et assez durs, dans couleurs, des grands traits, des ombres, des monstres assez effrayants, une atmosphère lourde et pourtant belle
J’ai beaucoup aimé le monstre et ses trois histoires. L’idée que ce soit Conor qui ait inconsciemment appelé le monstre pour l’aider à surmonter ces moments-là est je trouve une excellente idée. Même s’il n’en a aucune idée, c’est bien lui qui a demandé au monstre de venir. Une façon, je pense de dire que c’est son subconscient qui qui a appelé à l’aide, parce qu’il était incapable de s’en sortir seul et de faire le chemin qu’il fallait pour arriver à dire correctement au revoir à sa mère.
L’If lui raconte donc trois histoires. Dans ces trois histoires, à chaque fois, Conor va identifier un des personnages comme un membre de son entourage et il va faire confiance aux thèmes et aux règles qui régissent nos histoires et contes de fées. Et il va être déçu.
Car ce que ces histoires lui apprennent c’est tout le contraire des contes de fée tels qu’on les connaît à présent avec leurs beaux happy-end ou le gentil et fort prince triomphe de la méchante sorcière. Bien au contraire. Il va lui raconter que souvent la vérité, ce n’est pas la chose la plus simple du monde. Que les apparences sont souvent trompeuses. Que la sorcière (que l’enfant identifiait en tant que sa stricte grand-mère) n’était finalement pas la grande méchante de la première histoire, mais plutôt sa victime. Et qu’on peut être à la fois méchant et gentil. En fait, l’If va lui apprendre les nuances du gris et lui démontrer que le monde noir ou blanc est un monde imaginaire.
[Attention, je dévoile la fin]
J’ai été très émue par la fin. Et pourtant, c’était assez évident, je n’ai pas eu de grande surprise quant au cauchemars final, ni aux dernières pages.
Bien évidemment, Conor s’en voulait terriblement. Il s’en voulait tellement qu’il se punissait lui-même et qu’il n’attendait que qu’on le punisse également pour aller mieux.
Car Conor, du haut de ses 13 ans était fatigué. Il était abominablement fatigué de devoir porter tout ce fardeau de maladie, de peur, de sa mère malade et triste et effrayée. Il était fatigué et il voulait parfois que cela finisse.
Non pas que sa mère finisse par mourir, ne plus la voir, qu’il ne l’aimait plus. Non il voulait juste que « cela finisse ». Il n’avait plus envie de se battre tout seul contre des évènements qui le dépassait et il sentait bien que sa mère n’allait pas guérir.
Alors bien évidemment, il rêvait qu’il devait retenir sa mère au-dessus d’un précipice car sinon elle se faisait manger vivante par un horrible monstre et il rêvait qu’il finissait par la lâche, alors qu’il aurait pu encore la retenir un peu. Il rêve donc de laisser tomber sa mère, de l’abandonner à son sort.
Il lui a fallu extérioriser cela grâce au monstre qui l’a confronté à son cauchemar pour qu’il comprendre que son envie de paix et son envie de continuer à vivre avec sa mère n’étaient pas incompatibles. Qu’il avait le droit de se laisser aller et qu’il devait se pardonner d’être fatigué. Qu’il pouvait dire la vérité. Vérité, qu’il finira par dire, en une seule phrase au chevet de sa mère « Je ne veux pas que tu partes ». (Moi, là, je pleurais comme une madeleine !)
Il est accompagné de l’If qui l’aura finalement aidé à faire la paix en lui et à accepter ses vérités à lui sans se haïr. A accepter que parfois la vie est très compliquée et que tout n’est pas seulement noir ou seulement blanc.
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Un très beau roman, sur le fait de perdre quelqu’un, la culpabilité, la tristesse le deuil. Un bel objet qu’on a envie d’avoir pour pouvoir le feuilleter de temps à autre, sans obligatoirement le relire. C’est un livre que je voudrais avoir. Je le conseille.
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