Le sexe est une maladie virale.
Une seule idée en tête : s’en tenir à des actes simples. Les prières ne servent à rien quand vous vous savez responsable de votre infortune.
Avant d’attaquer au rasoir, ce fut la paire de ciseaux qui me permit de tailler ce buisson au plus court. À chaque touffe de poils qui tombait sur le carrelage de la salle de bains, je m'interrogeais sur le bien-fondé de mon initiative. Plus je rafraîchissais la toison, plus je découvrais des détails de mon anatomie qui m’avaient échappé jusqu’alors. Plus j’avançais dans mon travail de défrichage, moins je doutais, fascinée par le gonflement de mon sexe. Mes lèvres s’ouvraient à vue d’œil. Le printemps entre mes cuisses. Brûlante à l’intérieur comme à l’extérieur, comme si le feu du rasoir m’avait caressé les entrailles.
Le dernier poil fauché par la lame, je contemplai la bête, sans y mettre les doigts, craignant peut-être de les voir disparaître dans la fente gorgée de chaleur humide. Sous la douche, je passai directement le jet sur la zone, pensant que l’eau apaiserait mon émoi. En fait de pacification, ce fut une véritable déclaration de guerre qui me surprit par tous les bords.
Je me balançais sur le bout de sa queue, juste sur le bout du gland, pour le sentir au mieux, le temps de prendre mes marques ; et quand l’appel fut trop violent, je l’aspirai complètement en moi, m’abîmant sur lui, m'agrippant à lui pour qu’il rentre au plus loin, pour sentir sa bite m’écarter dans toutes les largeurs. J’étais pleine. J’étais chaude, farouche et douce à la fois. J’étais prête à le sentir jouir en moi. Le vendeur ne put se retenir longtemps, agonisant sous le tissu. Notre étreinte ne dura pas longtemps. Juste assez pour affirmer que si quelqu’un devait craindre quelque chose dans cette ville, il s’agissait des mâles, qui devaient redouter aussi bien ma fureur que mes envies de sexe.
La complicité du piège et du sexe. Le danger et le plaisir imbriqués dans une même impression. Depuis ce jour, quelle que fût la forme sous laquelle m’apparaissait l’affaire des cabines – c’est ainsi que les journalistes l’avaient nommée – qu’il s’agisse d’une discussion ou d’un article de presse, je me sentais invariablement prise d’une bouffée de chaleur. Une vraie pulsion, trop forte pour être conjurée par les arguments du quidam, me poussa sur le chemin des fameuses boutiques jugées suspectes par la rumeur.
La grande rumeur de l’époque, elle, rebondissait sur les lèvres comme un baiser sucré-salé. Le bruit de fond de l’époque. Une rumeur que chacun se pressait de répéter à chaque membre de son entourage, sans oublier de préciser qu’il tenait l’information d’une personne fiable. D’aucuns s’indignaient du scandale tout en y ajoutant un commentaire personnel, déformant quelque peu les faits pour y ajouter tel ou tel détail sordide.
Autant me dire en face que j’étais une salope, avec mes fringues légères et mes aspirations à la liberté. Oui, j’aimais sortir la nuit. Oui, j’aimais le sexe et les beaux mecs. J’aimais aussi les jupes et les petits ensembles sexy, faire les boutiques le samedi après-midi sans aucun complexe.