"Poème à mon frère blanc"
Cher frère blanc,
Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?
Léopold SEDAR SENGHOR
Le Chat
Je souhaite dans ma maison:
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
Guillaume Apollinaire
Et le seigneur parla, en sa grande sagesse:
- Ca ne prouve qu'une chose : que des crétins suivront toujours les ordres, si imbéciles soient-ils, pour peu qu'ils soient formulés par une voix autoritaire, retentissante et bien modulée
Woody Allen, Dieu, Shakespeare et moi, Opus I
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain
(Andrée Chedid)
J.G. Quelles parts de vous-même avez-vous découvertes en écrivant vos récits?
A.N. j'ai découvert que j'existais. Découverte immense mais précaire. Je dois le redécouvrir chaque jour.
Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie
sa joie autour de la maison. Tel est le coeur...
René Char
Chante, rossignol, chante
Toi qui a le cœur gai
Tu as le cœur rire
Moi je l’ai pleuré
J’ai perdu mon ami
Sans l’avoir mérité
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusais
Je voudrais que la rose
Fut encore au rosier
Et que mon doux ami
Je suis encore à m’aimer
Je trahirai demain, pas aujourd'hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n'est pas pour le barreau,
La lime n'est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd'hui je n'ai rien à dire,
Je trahirai demain.
(Marianne Cohn)
Hier encore nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans les prisons des frontières
Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l'ombre.
(Emmanuel d'Astier de la Vigerie)
Ô faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime
A Göttingen, à Göttingen.
Et lorsque sonnerait l'alarme
S'il fallait reprendre les armes
Mon coeur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen.
(Barbara)
Depuis Rimbaud, on sait que je est un autre. Même si rien n'est plus vrai, il faut préciser que ce n'est pas n'importe quel autre.