Tout est vu par les yeux d'Evie, qui a bientôt seize ans. J'ai trouvé que l'auteur analysait très bien ce personnage: une adolescente profondément attachée à ses parents, connaissant ses premiers émois, souhaitant qu'on la traite comme une adulte, mais ne l'étant pas encore vraiment. À ce sujet, les adultes sont assez agaçants. Ils traitent Evie comme si elle avais dix ans, la confinant dans une espèce de bulle. Étant donné que sa mère l'a toujours maintenue dans l'enfance, Evie peut se montrer naïve, voire un peu crédule. Elle voit des indices évidents, et ne sait pas les interpréter. Pourtant, lors de la scène du cinéma, et même lorsque sa mère prétexte une migraine pour aller se coucher, le lecteur sait, et se demande comment la candide Evie fait pour se voiler la face à ce point.
Le fait que nous assistons à tout du point de vue de la jeune fille a un autre avantage: le lecteur doit interpréter ce que voit Evie. Entre les mots et les gestes échangés par les adultes, le lecteur devine une vie sous-jacente, des non-dits, des malentendus, des déchirements dont l'adolescente semble quelque peu préservée au moins jusqu'à la moitié du roman. Pendant ma lecture, j'avais envie de croire les interprétations d'Evie, j'avais envie de rester dans quelque chose de simple, de gentil, sans complications... une manière de préserver une espèce d'innocence. Pourtant, il était clair que tout ce qui est ressenti par le lecteur n'est pas de la surinterprétation.
Judy Blundell maîtrise parfaitement intrigues et personnages, à ce sujet.
[...]
Lire la suite sur:
Lien :
http://www.lalivrophile.net/..