Citations de Jules Mazarin (21)
Ce que l'intérêt a uni, l'intérêt peut le désunir.
Ne va pas t'imaginer que ce sont tes qualités personnelles et ton talent qui te feront octroyer une charge. Si tu penses qu'elle te reviendra pour la seule raison que tu es le plus compétent, tu n'es qu'un benêt. Dis-toi qu'on préfère toujours confier une fonction importante à un incapable plutôt qu'à un homme qui la mérite. Agis donc comme si ton seul désir était de ne devoir tes charges et prérogatives qu'à la bienveillance de ton maître.
Je crois utile au Saint-Siège, comme à la couronne de France que soit établie une excellente correspondance entre Sa Sainteté et Sa Majesté : la Chrétienté peut en recevoir, dans les conjonctures présentes, des avantages considérables.
Si tu dois quitter une charge, fais en sorte que tes successeurs ne possèdent pas de talents qui surpassent trop visiblement les tiens.
Voici maintenant une bonne méthode pour découvrir les vices de quelqu'un. Amène d'abord la conversation sur les vices les plus courants, puis, plus particulièrement, viens-en à ceux dont tu penses que ton interlocuteur est atteint. Sache qu'il n'aura pas de mots assez durs pour réprouver et dénoncer le vice dont il est lui-même la proie. C'est ainsi qu'on voit souvent des prédicateurs fustiger avec la plus grande véhémence les vices qui les avilissent eux-mêmes.
Aie toujours présent à l'esprit ces cinq préceptes :
1. Simule
2. Dissimule
3. Ne te fie à personne
4. Dis du bien de tout le monde
5. Prévois avant d'agir.
Si quelqu'un te manifeste sa haine, sache que ce sentiment est toujours authentique : à la différence de l'amour, la haine ignore l'hypocrisie.
La plupart des menteurs ont des fossettes aux joues quand ils rient.
Des gens trop préoccupés de leur apparence, rien à redouter.
Chaque fois que tu paraîtras en public — le moins souvent possible de préférence —, tâche de te conduire de manière irréprochable ; une seule bévue suffit à entacher une réputation, et le mal est alors bien souvent irréversible.
Un vrai soldat ne porte pas d'armes ouvragées trop délicatement. De même un artiste accompli n'utilise pas d'outils trop jolis ni trop élaborés — à moins qu'il n'ait l'excuse de l'extrême jeunesse. Quant au véritable érudit, il ne passe pas son temps en divertissements futiles, ni à briller dans les salons.
Qu'une personne soit présente ou absente, ne te permets jamais de faire le récit de ses malheurs: écoute les si tu veux, mais ne les répètes pas.
Tu reconnaitras la vertu et la piété d'un homme à l'harmonie de sa vie, à son absence d'ambition et à son désintérêt pour les honneurs.
L'expérience de la misère pousse à convoiter les satisfactions matérielles beaucoup plus que les honneurs.
La marque la plus révélatrice de la vilenie, chez un homme, est qu'il se contredit souvent.
Quand tu auras triomphé d'un adversaire, ne cède pas à la tentation de l'insulter par dessus le marché.
Ne te gausse pas de tes rivaux, retiens-toi de les provoquer et, chaque fois que tu seras vainqueur, contente-toi du plaisir de la victoire sans t'en glorifier en paroles ou en actes.
Use habilement de l'optatif, de l'amphibologie, de l'invocation oratoire, bref de toutes les figures de rhétorique derrière lesquelles tu peux te cacher.
Prends garde, au demeurant, que jamais ta curiosité ne dépasse la limite de tes cils.
Ne te contente pas de lire un traité une seule fois, relis-le à plusieurs reprises. Bien souvent, chaque nouvelle lecture permet à notre attention ou a notre intelligence de capter quelque chose de différent. Une seule lecture, pour attentive et sérieuse qu'elle soit, ne saurait nous faire assimiler toute la substance d'un ouvrage, même si elle est accompagnée des commentaires d'une personne avertie.
Si tu es nommé à une fonction à laquelle sont attachés des honneurs, fais nommer en même temps que toi ton rival pour éviter qu'il ne provoque des rébellions. A lui les honneurs de la charge, à toi ses vrais bénéfices.