Julia Alvarez

Sauver le monde ou comment une des premières expéditions sanitaires internationales vécue par une infirmière seule et sans fortune s'invite un jour dans la vie sans relief d'une intellectuelle du Vermont.

Alma, universitaire americaine d'origine dominicaine est en plein crise existentielle. Elle va bientôt avoir cinquante ans, souffre de dépression et ne parvient plus à écrire la moindre ligne. Le roman qu'elle consacre à Isabel Sendal Gómez l'infirmière galicienne qui participa à l'Expédition Balmis n'avance pas d'un pouce. Et pour couronner le tout, une femme au téléphone lui annonce qu'elle a entretenu une liaison avec son mari et qu'elle a le sida. La vie d'Alma va prendre un virage inattendu et dans cette tourmente qui s'annonce, force et soutien vont venir d'une femme disparue depuis plus d'un siècle, la courageuse et dévouée Isabel Sendal Gómez.



Julia Alvarez, auteur du très beau roman Au temps des papillons consacré aux assassinats des trois soeurs Mirabal par Trujillo, évoque de manière très originale la campagne de vaccination contre la variole que mena la couronne espagnole en 1803.

Isabel Sendal Gómez, aussi connue en Espagne que Florence Nightingale, accompagna le docteur Francisco Javier Balmis et 22 orphelins porteurs vivants de la variole bovine qui servaient de « réservoir » jusqu'au Mexique et aux Philippines. L'Expédition visait à mener une campagne de vaccination anti-variolique de masse dans tout l'Empire espagnol, où la maladie faisait des ravages.

En créant un personnage d'universitaire plongé dans une tristesse lancinante un peu obscène pour son entourage -« La dépression n'est que ma-la-die (elle scande le mot comme ça) des pays industrialisés. »- phagocytée par un personnage historique dont elle est sensée écrire l'histoire, Julia Alvarez se livre à une entreprise littéraire un peu déroutante. Elle alterne les chapitres, et cette construction déconcertante au début tant les deux univers semblent étrangers l'un à l'autre gagne en puissance au fur et à mesure que le destin d'Alma prend une dimension tragique et que le fantôme d'Isabel s'invite. Son talent de conteuse fait le reste. Ces femmes sans enfant qui voulaient trouver un sens à leur vie, l'une dans un monde en proie à la variole, l'autre au sida sont désormais réunies et gardent la tête haute dans un univers hostile. Le seul petit bémol est que face à une aventure aussi extraordinaire que celle que vécurent Isabel et les 22 anges, certains chapitres consacrés aux problèmes de l'exaspérante Alma semblent parfois bien légers.

Le 25 novembre pour les Nations unies, c’est la "Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes". Pourquoi le 25 novembre ?

Pour commémorer l’assassinat, le 25 novembre 1960, des trois sœurs Mirabal.

Vous les connaissiez, vous, les sœurs Mirabal ?

Personnellement je n’avais jamais entendu leur nom… Et pourtant ce sont des figures légendaires, surnommées Las Mariposas, les papillons, résistantes contre la dictature de Trujillo en République dominicaine.

Patria, l’aînée de cette famille bourgeoise, avait préféré une vie de mère de famille à une vocation religieuse.

Minerva la deuxième, avocate interdite d’exercer, était communiste et révolutionnaire.

Maria Teresa la benjamine avait un grand talent de dessinatrice.

Ce roman est leur biographie. Mais pas seulement, loin de là.

Alors Trujillo, je n’avais qu’un vague souvenir de ce nom. Mais Wikipedia est mon amie, et elle m’a appris que "son régime n’était pas une tyrannie à l’ancienne, mais faisait mine de respecter les accords internationaux et les lois nationales. Pendant 31 ans, tout semble fonctionner sans aucun type de "violation". Seulement, les tortures ou les morts sont effacées et déguisées en accident".

L’ampleur, l’horreur des exactions commises sous ce régime m’ont effarée. Car dans le roman, rien ne nous est épargné du culte de la personnalité, de la surveillance constante, de la censure et de la plus cruelle oppression, mises en place par un dictateur dont la folie s’amplifie au fil du temps. (Il persécute les Mirabal à cause du refus de Minerva de coucher avec lui ; il nomme colonel son fils âgé de 4 ans.)

Mais on n’est pas chez Herta Müller, dans ce roman. On est dans une histoire beaucoup plus incarnée, pleine de vie et d’affection familiale, pleine d’amour et d’enfants, au travers des souvenirs de Patria et Minerva, du journal de Maria Teresa… et de l’interview par l’autrice de Dedé, la sœur survivante.

C’est un roman sur l'engagement, déchirant, déchirant et magnifique.



Traduction fluide de Daniel Lemoine malgré d’agaçantes coquilles.



Challenge Globe-Trotter (République dominicaine)

LC thématique de décembre 2022 : "Littérature étrangère"

Elles étaient quatre sœurs, seule une survivra au régime de Trujillo. On les a appelées Las Mariposas, les papillons. Il s'agit de l'histoire des trois plus âgées qui se soulevèrent, aux côtés de leurs maris, contre la dictature qui régnait à Saint-Domingue. L'arrivée de Fidel Castro et du Che à Cuba leur donnera espoir. Mais la répression sera plus forte.

A partir de cette histoire vraie, l'auteure elle-même fille d'opposants à ce régime réfugiés aux Etats-Unis pour fuir la répression, imagine l'histoire de ces femmes et de leur famille, leur combat, leurs espoirs, leurs doutes, les chagrins de la petite sœur Dédé qui leur survivra et nous raconte l'Histoire de Saint-Domingue avant d'être une destination de vacances. C'était au siècle dernier, il y a si peu de temps, c'était en 1950.

La solitude est devenue le quotidien d'Antonia, écrivaine, professeure de Lettres fraichement retraitée et veuve depuis peu. Originaire de la République dominicaine, elle a été ,par le passé ,sollicitée pour aider les migrants hispanophones et l'un des clandestins qui travaille chez son voisin lui demande de l'aider à faire venir une fiancée qui se révèlera enceinte...d'un autre.

Doit-elle accepter d'héberger cette clandestine dans sa maison devenue trop grande ? Antonia doit remettre à plus tard la réponse car l'une de ses sœurs , la plus fantasque (ou la plus instable psychologiquement ? ) a disparu.

Julia Alvarez dans ce roman analyse avec finesse les liens qui unissent les sœurs, mais aussi tout ce qui peut les séparer. Elle brosse aussi le portrait d'une femme qui hésite à endosser la part de vraie gentillesse qui était l'apanage de son mari: "Est-ce donc à cela que se réduira l'au-delà, la vie après la mort ? Des actes inspirés par Sam, de la part de ceux qui l'aimaient ? ".

Pas de bons sentiments dans ce roman plein d'humanité qui peint avec justesse des personnages attachants et crédibles. Un bon roman comme on les aime.

Il est étrange, ce livre, et même si je l'ai lu jusqu'à la fin, il ne m'a pas beaucoup inspirée... Yo, -Yolanda- en est son héros et son sujet : une galerie de personnages (famille, amants, amis...) dresse son portrait, parfois tendre et parfois cruel. Chaque chapitre est la voix d'un autre et de ses rapports avec Yo. Cette narration un peu particulière n'est pas simple à suivre, car on ne retrouve jamais deux fois le même personnage et en plus, ce n'est pas dans l'ordre chronologique de sa vie. On recoupe, on établit des liens, on remplit les vides, et au final on a une image de Yo et de sa vie assez bancales, sans parler du fossé qui sépare New York de St Domingue!

D'autre part, tout est écrit (à l'exception de l'avant dernier chapitre) avec le même style : adopter un style plus approprié au personnage qui raconte m'aurait semblé légitime, surtout quand il s'agit d'un paysan analphabète de St Domingue ;-)

Mais c'est loin d'être inintéressant. Il y a juste tout un tas de question que je me pose et qui n'ont pas trouvé de réponse dans le roman : pourquoi elle ne veut pas d'enfants, Yo, et pourquoi après elle en veut et puis elle n'en veut plus? Et c'est qui ce gamin que sa mère a essayé de tuer à la naissance? Et pourquoi elle a pompé les histoires de ses étudiants alors qu'elle pouvait écrire les siennes propres? etc etc

La construction du récit s'évade un peu trop et ne relie pas suffisamment les chapitres les uns aux autres : on pourrait trouver des éléments manquants dans un chapitre dans un autre, mais l'auteur n'a pas choisi de travailler comme ça. Moi, ça m'a manqué!

La République Dominicaine, des années avant où on va s'y faire bronzer. Futilité au regard de l'histoire de ce pays.

On y raconte l’histoire de 4 soeurs: Sandra, Carla, Yolanda et Carla. Le récit étant établi sur un ordre chronologique inversé, le livre débute lorsque les soeurs sont des adultes. La famille vit alors aux États-Unis et on en apprend un peu plus sur les différentes personnalités qui composeront l’histoire. En plus des 4 soeurs, on suit aussi le père et la mère, mais au travers des yeux de leurs filles. Chacune leur tour, les soeurs prendront en charge la narration, de cette façon, nous suivons l’histoire via plusieurs points de vue.

En somme, un livre très intéressant qui nous apporte un point de vue intérieur sur les difficultés de l’immigration. C’est aussi une belle épopée familiale remplie de personnages attachants.
Lien : http://labibliothequedechloe..

Julia Alvarez quitte son ile natale de Saint-Domingue en 1960 pour New York. Elle vit dans le Vermont et enseigne la littérature.







"Il arrive qu'une histoire s'empare de votre vie".







Qu'est ce qui relie les deux héroïnes de ce roman habilement construit?







Au début 19ème siècle, Isabel quitte La Corogne avec vingt deux orphelins qui deviendront porteurs du vaccin de la variole. Cette mission est dirigée par le médecin Francisco Balmis et son objectif est de protéger de la maladie les populations des colonies espagnoles d'Amérique et d'Asie.







Alma vit dans le Vermont et est originaire de Saint-Domingue, ile où son mari Richard part travailler pour son ONG; il s'agit de mettre au point un vaccin contre le sida. Le roman d'Alma est au point mort depuis des mois, elle découvre l'histoire d'Isabel, qui la fascine de plus en plus.







Un roman original qui se lit plaisamment, mais le lien entre les deux histoires reste ténu et assez artificiel. Richard et Isabel veulent d'une certaine façon "sauver le monde", variole et sida sont deux fléaux destructeurs, l'histoire d'Isabel envahit le quotidien d'Alma, mais c'est bien tout. Moi qui avait déjà imaginé qu'Alma était la descendante d'Isabel... (je lis trop de romans, oui)



Isabel parle à la première personne, vraiment son aventure est passionnante, son personnage prend chair et nous touche. Une femme défigurée par la variole, sans famille, dévouée à ses orphelins, aux désirs de femme, tenace, s'accrochant à un idéal.



Un style différent pour Alma, dont les relations avec Richard, sa voisine Helen qui se meurt d'un cancer, ses amies de longue date sont racontées avec sensibilité. Mais Alma est parfois si inconséquente et agaçante (par exemple elle s'absente volontairement de chez elle, revient sans écouter son répondeur, et s'irrite de ce que son mari ne lui ait pas téléphoné ...).







Quand on apprend comment Jenner a testé son vaccin directement sur des êtres humains (fin 18ème siècle) on se dit que de nos jours on prend plus de précautions. Quoique ces essais de vaccin du sida dans un pays du tiers monde sont-ils vraiment différents?







Un roman à découvrir, surtout pour Isabel!
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..