On ne peut être sublimé que par le regard d’un autre, puisqu’au fond de nous on ne peut cacher sa vraie nature, souvent moins belle que le vernis qui la recouvre.
Ma révolte. L’écriture. Sans papier, ni crayon, mais noircissant d’idées l’infini territoire de mon esprit. Je tissais des histoires qui se nourrissaient des moments précieux rapportés de mon périple en Asie du Sud-Est. Des souvenirs de Thaïlande flottaient comme une heureuse rengaine entre ces murs de béton. Dès que l’occasion se présentait, et lorsque la douleur des tortures parfois moins ténues me l’autorisait, je regagnais cette campagne chimérique. Cette ultime zone de liberté que je dérobais aux gardiens se disputait ma survie avec ma conscience mutilée qui me conjurait d’en finir. Cette situation ébranla l’image que j’avais de moi. Je manquais de courage pour mettre fin à mes jours. J’espérais secrètement que cette expression de faiblesse n’était qu’un malentendu et que la nécessité de vivre l’emportait naturellement.
Bien sûr l’amour est une chimère et s’aborde de bien des manières différentes. Mais qu’il soit exclusif, libertin, imprudent, dévoué, il est un sel dont il serait dommageable de se passer. Si l’envie de mettre en mots les plus illustres pages de ma vie se trémoussait dans mon esprit depuis longtemps, je dois reconnaître à cette jeune fille qu’elle fut le déclencheur. Mais aussi parce qu’un évènement récent avait redistribué les cartes de ma vie.
Toute trace de leur querelle s’était dissipée, ils avaient la faculté qu’ont les couples à faire intervenir un orage ou une éclaircie comme bon leur semble.
Pour contenter tout le monde je dois faire des compromis.