Citations de Julien Salamon (25)
Tous les occupants s’étaient mis d’accord sur le principe de déserter les lieux dès qu’une personne se réclamerait légitimement propriétaire de la demeure. Ils n’étaient pas mal avisés, mais cherchaient juste à se loger dans un lieu propre au loyer décent. Une chimère à proximité de Paris, avec leur petit salaire. Mais pour l’heure, le hasard s’était amusé à rassembler cinq personnes très différentes sous un même toit. Une aubaine pour mêler leur joie de vivre et confondre leur tempérament.
Cyrielle fréquenta les bibliothèques et fouilla dans tous les ouvrages mis à sa disposition pour tenter de retrouver un lien entre ses bribes de songes et la réalité. Elle ne fut pas vraiment surprise de découvrir que les images capturées dans ses rêves étaient troublantes de précision, et collaient incontestablement aux photos de la Butte entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Mais cette découverte pour le moins étrange ne la renseignait pas plus sur ses origines, aussi relégua-t-elle ces images dans les abysses de sa mémoire. Pourtant, pour des raisons qu’elle ne saurait expliquer, elle se sentait en communion avec le Montmartre de cette époque.
Je suis très heureuse de la manière dont tu mènes ta vie mais je t’ai déjà vue plus souriante. Avoir un petit copain te ferait le plus grand bien, et puis ça te permettrait de quitter ce squat ! Ce n’est pas un logement décent pour une fille comme toi !
Cette jeune femme savourait les bonheurs simples qu’il était possible de cueillir gracieusement si l’on savait où porter son attention, comme lors de cette ballade par exemple, qu’elle partageait avec de parfaits inconnus.
« Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries »
Marcel Proust
Un ouvrage à plein temps qui exigeait de l'amour, mais aussi de la patience, de la générosité, et des sacrifices.
Les trottoirs longeaient le canal, les bâtiments semblaient flotter. Les voitures étaient remplacées par des bateaux.
Délivrer la croix, d'où le nom de croisade.
Cette aventureuse effrontée ne le laissait pas indifférent.
… répliqua Edgar avec un humour qui laissa Charlie de marbre.
Je n’ai aucune idée de qui décide du temps qui nous est imparti mais ce que je sais à présent, c’est que je saurai me montrer digne de chaque seconde de plus.
On se surprend tous à vieillir, les saisons défilent, les années se succèdent et on peut vite passer à côté de l’essentiel.
La vie n’attribue d’happy-end qu’au compte-goutte.
Les retrouvailles sont comme des récompenses. Elles nimbent certains moments de vie d’un éclairage chaleureux, rassurant.
On ne peut pas tout avoir et les sentiments ne se commandent pas.
Le salut m’est venu des autres. Des amitiés ramassées sur ma route, m’inoculant cette générosité qui ne se monnaye pas.
Les puissants n’ont pas l’apanage des belles choses, il suffit de se balader dans Paris pour s’en convaincre. Je n’ai pas été affecté par le syndrome Stendhal mais par sa réciprocité.
La mort, on l’évoque, on se la représente mais c’est un tabou que l’on élude. La vie retient toute notre attention. On s’y attache malgré son absurdité. Mais il arrive parfois d’avoir à rendre les armes prématurément. Ces sorties de routes sont dures à encaisser et lorsqu’elles ne sont pas fatales, on les interprète comme des piqûres de rappel, maintenant en éveil l’importance de chaque moment de vie. Dans ces cas-là, les fadaises, les futilités, le superflu qui retenaient notre attention ne nous accaparent plus. Aussi, quand on a senti le tranchant de la faucheuse de trop près, on réagit tous à notre façon mais il y a une vérité qui s’impose chez bon nombre des rescapés : négliger tout ce qui pollue l’essentiel.
Rien ne valait les conversations animées des retrouvailles et le manque que les séparations avaient occasionné.
. Cette femme, si élégante, si raffinée, comment avais-je pu la charmer ? Je gardais l’impression d’être un pirate qui avait mis la main sur un trésor trop grand pour lui. Or elle m’avait prouvé chaque jour qu’elle tenait à moi, et que je n’étais peut-être pas qu’un faussaire.
On ne peut être sublimé que par le regard d’un autre, puisqu’au fond de nous on ne peut cacher sa vraie nature, souvent moins belle que le vernis qui la recouvre.
Ma révolte. L’écriture. Sans papier, ni crayon, mais noircissant d’idées l’infini territoire de mon esprit. Je tissais des histoires qui se nourrissaient des moments précieux rapportés de mon périple en Asie du Sud-Est. Des souvenirs de Thaïlande flottaient comme une heureuse rengaine entre ces murs de béton. Dès que l’occasion se présentait, et lorsque la douleur des tortures parfois moins ténues me l’autorisait, je regagnais cette campagne chimérique. Cette ultime zone de liberté que je dérobais aux gardiens se disputait ma survie avec ma conscience mutilée qui me conjurait d’en finir. Cette situation ébranla l’image que j’avais de moi. Je manquais de courage pour mettre fin à mes jours. J’espérais secrètement que cette expression de faiblesse n’était qu’un malentendu et que la nécessité de vivre l’emportait naturellement.
Bien sûr l’amour est une chimère et s’aborde de bien des manières différentes. Mais qu’il soit exclusif, libertin, imprudent, dévoué, il est un sel dont il serait dommageable de se passer. Si l’envie de mettre en mots les plus illustres pages de ma vie se trémoussait dans mon esprit depuis longtemps, je dois reconnaître à cette jeune fille qu’elle fut le déclencheur. Mais aussi parce qu’un évènement récent avait redistribué les cartes de ma vie.