La maison est perchée sur la colline, elle est petite, entourée de pins. Ses volets violets lui donnent un air pastel, le jardin lui est habillé de couleurs vives. La table en bois sous l’auvent est bleue, les chaises roses. De la route, elle évoque un tableau gai et lumineux.
Manuel est le premier à regarder autour de lui. Ses compagnons sont serrés les uns contre les autres. Gilets de sauvetage rouge, jaune, orange, ceux que le passeur leur a remis en les poussant à la mer il y a quelques jours. L’instinct de survie les a amenés à se blottir, à chercher cette chaleur humaine, qui seule donne encore de l’espoir.
" ... j'entends des pas, des petits pas d'enfant. Apparaît Victoria, blonde comme les blés, les yeux bleus, tenant dans ses bras une peluche souris. Marisol ouvre les bras dans lesquels se jette sa fille qui se love contre elle.Cet enfant me fascine, connaître son histoire m'a bouleversée".
« Victoria est en âge de commencer à poser des questions et je me prépare à mes réponses. J’ai peur de lui dire comment elle a été conçue, que je ne connais ni son papa ni sa maman biologiques… J’angoisse complétement. »
Michael n’a plus d’espoir, il sait que tôt ou tard sa vie va s’arrêter ici. Tous les recours ont été épuisés, son avocate l’appelle très rarement maintenant.
La notion de l’heure il l’a perdue. Il n’a plus de montre depuis qu’on lui a volé dans son sommeil vers la Gare du Nord. Il a quitté ce quartier. Il ne pouvait pas rester là-bas avec les toxicomanes, les gitans et les allumés de tout poil, violents, qui ont perdu toute humanité.
Hier en me déperfusant, l’infirmière m’a dit : « Un vent de liberté souffle dans cette chambre ! ». Elle ne pouvait pas mieux exprimer ce que je ressentais à ce moment-là.
Oui un vent de liberté, la liberté, ma liberté ! Celle que je suis venue chercher ici.
Céline n’en sait pas beaucoup sur Catherine, juste qu’un drame dans sa vie lui a fait quitter Paris, elle a cherché le soleil et la lumière, la douceur de la Provence, un endroit pour vivre avec les livres.