Kass Morgan

Les secousses deviennent si fortes que la terre semble vouloir avaler la maison. Orèlia serre ses genoux contre sa poitrine. Par le trou du plafond , elle peut voir le ciel. Mais il est d'une drôle de couleur : gris foncé avec des zébrures rouges , comme la peau lacérée d'un animal. Quelque part, tout près, une femme hurle.

- Un conseil de dernière minute ? demande-t-il au servant.

- Évitez de vomir si possible. Le contact fortuit de fluides corporels semble excessivement incommoder les humains.

- Pas trop dégueu comme image déjà , merci, maugrée-t-il en se demandant qui a du la bonne idée d'inclure l'appli "sarcasme" dans le programme de ces machines.

- Ah oui ? Vraiment ? Raille Frey en s’affalant dans le fauteuil qui jouxte leur canapé. Et que dis-tu de cette fois où tu m'as poussé hors de la piste parce-que j'allais te battre à l’entraînement ?

- Pure calomnie de ta part ,Frey, lui rétorque Vesper avec un petit sourire . Ils avaient augmenté la force du vent , ce jours-là. C'est une rafale imprévue qui t'as projeté hors de la piste, pas moi.

- Une "rafale imprévue" ? Bien sûr. Alors pourquoi j'avais une marque en forme de coude sur les côtes le lendemain , tu peux m’expliquer ?

En dépit de tous leur beaux discours sur l'"Ennemi", les Tétrans ne savent rien des Spectres. Ils ne sont même pas capables de reconnaître celui qui vit parmi eux.

Il lorgne du coin de l'oeil vers son voisin. Dash a les paupières closes et une expression de parfaite quiétude sur le visage.

Arrann sourit. C'est la première fois de sa vie qu'il se sent aussi léger.

Et complètement libre.

- Je serai très bien , lui a-t-elle assuré avec un sourire forcé. Comment veux-tu que je me sente seule avec toutes ces merveilleuses pensées pour me tenir compagnie ? Je n'aurai qu'à lever les yeux vers le ciel pour t’imaginer à l’Académie entrain d'étudier. Et crois-moi , ça me suffit amplement de savoir que mon fils apprend là-haut à être un héros.

Toutes les trois ou quatre minutes, les exotiques photos de voyage laissent place à une apaisante image de l’espace avec une musique relaxante qui accompagne le doux scintillement des étoiles. Et puis la mélodie devient soudain stridente, stressante alors qu'un énorme vaisseau de combat se profile en arrière-plan , bientôt suivi d'un autre , puis encore d'un autre. Comme le premier emplit bientôt l'écran, il lâche une salve de bombes , pilonnant à tout-va. "Les spectres arrivent. Les laisserez-vous nous envahir sans résister? La Flotte tétrane a besoin de vous !"

- J'ai un enlèvement pour toi ce soir à 29,22° nord ; 99,48° ouest...Pourquoi je t'entends pas te garer pour noter ça ?

- 29,22° nord ; 99,48° ouest, répète Cormak. Bien reçu, chef.

Oublier des coordonnées , lui ? Jamais. Il est doué pour les chiffres. Dans sa tête , il les voit se recombiner en toutes sortes de configurations qui lui permettent de résoudre les équations les plus complexes en l’espace de quelques secondes. Non que ça lui ait servi à grand-chose , d’ailleurs.

La planète n'est pas morte, elle a simplement glissé dans un sommeil enchanté, attendant le retour des hommes à sa surface pour se réveiller.

1ère phrase: Personne ne se porte volontaire pour se tenir à côté de la tombe.
Dernière phrase: Le reste de la Colonie s'apprête à débarquer sur Terre.

1ère phrase: Lorsque la lourde porte coulisse, Clarke sait que l'heure est venue pour elle de mourir.
Dernière phrase: Certains ne sont jamais partis.

Lorsque sa vision se stabilise enfin, elle ne voit que les arbres. Il y en a des centaines, des milliers, comme s’ils s’étaient tous donné rendez-vous pour accueillir leur retour sur Terre. Leurs énormes branches sont dressés vers le ciel d’un bleu éclatant tels les bras levés d’une foule en délire.

« Il se redresse en poussant un grognement, enfile ses chaussettes encore humides et ses bottes, puis jette son T-shirt sur son épaule.
— Je te conseille de le remettre.
— Pourquoi ? T’as peur de ne pas pouvoir te contrôler ? Parce que si tu t’inquiètes pour ma vertu, je peux te dire que…
— Ce que j’ai voulu dire, le coupe-t-elle, c’est qu’il y a certaine plantes vénéneuses dans ces bois qui pourraient recouvrir ton joli dos de furoncles gorgés de pus.
— Pour autant que je sache, c’est peut-être ce qui vous excite, docteur. Je vais donc courir le risque, dit-il dans un haussement d’épaules.
Elle éclate de rire, et Bellamy mettrait sa main à couper que c’est bien la première fois depuis qu’elle est arrivée sur Terre. Il constate avec étonnement qu’il éprouve une certaine fierté à en être à l’origine. »

« Il entend alors des voix s’élever derrière lui et il ne peut s’empêcher de se retourner, gagné malgré lui par la curiosité. Tout le monde a le doigt levé vers le ciel qui offre un spectacle des plus grandioses.
Une symphonie de couleurs est en train de s’y jouer : des traînées orange viennent s’inviter dans le bleu royal. Tel un hautbois rejoignant une flûte, le solo devient duo. L’harmonie s’enrichit ensuite crescendo, des touches jaunes et roses ajoutent leurs voix au chœur multicolore. Le ciel alentour s’assombrit, accentuant encore les contrastes. Les mots coucher de soleil ne peuvent rendre justice à l’indicible beauté du spectacle qui les surplombe, et pour la centième fois depuis qu’ils ont atterri, Wells remarque intérieurement que tous les mots qu’il a appris pour décrire la Terre sont inadéquats pour rendre compte de sa splendeur. »

Les 100 ne seront bientôt plus cent.
Le reste de la Colonie s'apprête à débarquer sur Terre.