Ultime tome d'une saga qui aura été un coup de coeur de bout en bout et qui m'aura fait découvrir un folklore que je connaissais bien mal mais que j'ai envie de croiser plus souvent dans mes lectures !
En 4e de couverture, on peut lire que les tomes peuvent se lire indépendamment les uns des autres, je voulais commencer cette chronique en disant que je ne suis absolument pas d'accord avec cet argument de vente. Au contraire, les trois tomes forment un très beau tout qui trouve son accomplissement ici. Pendant plus de 1200 pages nous avons suivi l'évolution magique et magnifique de Vassia, femme et esprit libre, dans une Rus' en pleine transformation. Il se serait vraiment dommage de se priver de cela en ne lisant pas ces trois opus comme un tout.
Cet ultime chapitre de sa vie se situe juste après le grand incendie de Moscou auquel elle a malheureusement contribué. Considérée comme une sorcière, son ennemi, le prêtre Konstantin la fait arrêter et brûler sur un bûcher. Heureusement, maîtrisant mieux ses pouvoirs qu'avant, Vassia parvient à y réchapper et s'embarque pour son ultime aventure. Aventure qui l'amènera aux portes de la mort et aux frontières de nos deux mondes.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce dernier tome, qui est peut-être encore plus merveilleux, dans le sens univers des contes, que les autres dans un premier temps. On est vraiment plongé dans un monde fait de magie, de mythes et de légendes, de créatures extraordinaires et de divinités hors du temps. C'est magique ! Mais pas de la magie à la Disney, une magie plus ancestrale, faite de nos peurs et de notre rapport à la nature, une magie plus ancrée dans la réel étrangement, mais c'est ce qui rend l'atmosphère de cette saga si unique.
Vassia va se confronter à ses origines, son passé familial, ses pouvoirs, mais également ses désirs qui vont de pairs. C'est très puissant et cela donne une écriture également très féminine voire féministe. Katherine Arden célèbre la femme dans tous ces états, femme de tête, femme de coeur et femme de désir, Vassia enfile tous ces costumes tour à tour. J'ai énormément aimé la voir s'affirmer surtout face aux hommes de sa famille. Elle leur en impose, montre qu'elle raisonne aussi bien qu'eux, qu'elle a autant de courage et d'amour pour son pays qu'eux. J'ai encore plus aimé la voir suivre son coeur même si les chemins furent parfois bien tortueux. Sa relation avec le Roi de l'Hiver, Morozko, m'a ravagée encore une fois dans ce tome. Elle est d'une force, d'une puissance et d'une poésie comme j'en ai rarement lu, tout en étant juste. L'autrice ne tombe jamais dans la facilité avec eux et chacun d'eux sait quels sont ses devoirs et n'y coupe pas même au nom de la passion. C'est superbe !
Ce dernier tome montre également que la saga est une histoire de famille. J'ai beaucoup aimé découvrir l'arbre généalogique de Vassia et ceux qui le compose. Avec eux, on découvre l'âme même de la Rus', son folklore, ses puissances cachées, mais aussi ses coutumes ancestrales et son quotidien. Ce quotidien est incarné à la fois du côté fermé des femmes par la soeur et la nièce de Vassia, qui occupe une place moins visible que la dernière fois mais tout aussi importante. Tandis que le côté plus visible et masculin (comme par hasard...) est incarné par son frère, le moine Sacha, l'un de ceux au plus beau destin, et son cousin, le Grand-prince Dimitri, qui a su devenir un grand homme à mes yeux.
Avec lui, c'est également, l'Histoire de la Russie que l'on voit s'écrire dans ce dernier tome et l'autrice fait bien de préciser dans une ultime note ce que l'on doit à la véracité historique ou non. C'est un vrai plus. On découvre ainsi qu'elle s'est bel et bien appuyé sur des faits avérés, des personnages ayant existé, pour mettre en scène un tournant majeur de l'Histoire russe pour elle et s'en servir de décor ici. C'est très bien vu et cela rend le récit encore plus fort. Avant même de savoir cela, j'aimais beaucoup le choix de l'autrice de mêler histoire politique et rapport intime des russes à leur foi. Je trouvais l'évolution qu'elle montrait pleine de richesse et d'enseignement et ce dernier tome ne dénote pas de ce point de vu là, loin de là. C'est une très belle ode à la liberté de conscience.
La liberté aura définitivement été le thème central ici, Vassia en étant l'incarnation d'un bout à l'autre. Je ressors moi aussi soufflé par ce vent de liberté que j'ai senti aussi bien dans les histoires personnelles des personnages que dans l'histoire nationale de ce peuple en construction. L'autrice aura sans faillir mené un récit prônant la liberté de foi, la liberté de pensée, la liberté de conscience, la liberté de combattre ou non, la liberté de faire confiance, la liberté d'aimer. C'est un sentiment enivrant, bravo Mme Arden !
Vous l'aurez compris, j'ai vraiment été conquise par ce titre, ses thèmes et ses personnages. J'ai plus qu'adoré Vassia, son histoire avec Morozko m'a laissée à genou. L'autrice a réussi à imaginer le final parfait pour tous les fils d'intrigues qu'elle avait lancés. Je ne me sens orpheline de rien et c'est rare. J'espère juste qu'elle aura l'idée de développer à nouveau d'autres histoires dans ce folklore russe si entêtant que j'ai appris à aimer grâce à elle et ce rapport à la nature organique qu'elle nous a fait ressentir. A bientôt j'espère !
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