Le facilitateur s'engage dans un art de la présence, sans jugement, sans idée préconçue, avec un amour de son prochain qui entreprend cette aventure singulière d'aller à la rencontre de ce qui l'habite. Son rôle est d'amener l'autre à s'écouter au travers du texte lu. Il est là pour soutenir l'émergence de nouvelles perceptions, pour convier le participant à d'autres options à partir de ses potentialités et pour l'encourager à réaliser des expériences inédites à la fois imaginaires et tangibles. La curiosité et l'exploration sont ses outils, au détriment de la demande de performance et de l'exigence de changement.
J'avais cumulé plusieurs expériences personnelles avec ce poème, tout comme j'en avais récolté les différentes lectures faites par des participant, mais ce jour-là, il nous raconta encore autre chose à moi et à cette femme. La poésie a cela de fascinant qu'elle peut être lu et relue dans différentes circonstances de notre vie et revêtir tout à coup une signification jamais entrevue auparavant.
Mais la tristesse, c'est la mort, selon vous. La mort de quoi ? Peut-être la mort de certaines parties de nous, tels des fragments qui veulent se détacher pour nous rendre plus légers. Mais on a parfois tant de mal à se départir de ses vieux souliers troués. Jusqu'à ce qu'on trouve nouvelle chaussures à son pied. Mais pour ça, on doit continuer à essayer. Essayer toutes sortes de souliers.
Peut-être est-ce cela, la bibliothérapie, une rencontre amoureuse entre une histoire et soi-même devant et avec l'autre.
Conduisant son lecteur vers d'autres horizons, la lecture peut bien entendu être en elle-même thérapeutique. Mais pour pouvoir véritablement parler de bibliothérapie, à mon sens, la présence humaine est essentielle.
Pour inventer, il n'est pas toujours besoin de s'épuiser à la tâche. Il faut aussi savoir abandonner les rancœurs que nous sommes seuls à entretenir et être prêts à recevoir un amour qui nous paraissait impossible.
Inventer nos existences et nos amours.
Enfant, nous attendons que les choses nous soient données de l'extérieur. Tant que nous restons bloqués dans ce genre d'attentes, l'adulte que nous sommes devenus ne peut inventer sa propre existence. Alors il s'agit de prendre conscience de notre rôle d'inventeur et de notre liberté de création.
L'outre-vie, c'est quand on est pas encore dans la vie, qu'on la regarde, que l'on cherche à y entrer.