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Citations de Kebir-Mustapha Ammi (56)


Il n’avait jamais cessé de penser à Alger. Je n’avais pas le droit de lui dire qu’il ne restait rien de cette pauvre ville et que ses principes, joyeusement estropiés par des soudards et leurs affidés, avaient fondu comme neige au soleil.
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J'aime la France, disais-je encore dans ce cahier que j'ai perdu lors d'une bataille, comme j'aime toutes les nations qui se sont battues pour que l'homme puisse s'affranchir des chaînes qui l'asservissent. La France est, depuis fort longtemps, une nation chère à mon coeur. J'en admire ses hommes épris de liberté et ses auteurs qui ont, de tout temps et dans l'adversité, su exprimer la noblesse de l'esprit et refuser de se soumettre devant le pouvoir inique des rois.
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(...) une guerre ne grandit jamais les hommes.
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Ils l’ont relâché en précisant, avec une grande mansuétude, que s’ils le chopaient une autre fois, il irait déterrer ses père et mère pour leur exploser les couilles et les maudire d’avoir donné la vie, un jour, à un sale négrillon.
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J'aimais à l'entendre dire qu'aucune vérité n'était supérieure à une autre. C'était un homme juste et bon qui n'imposait jamais à personne ni son avis ni sa façon de voir les choses ou de vivre. Les hommes sont égaux, n'avait-il de cesse de répéter, et leurs vérités, pour différentes qu'elles sont, se valent. Chaque homme se doit, disait-il, de vivre comme il l'entend et non comme on voudrait qu'il vive.
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Le vieux Mohiédine, mon père, priait en silence. Je m'étonnai, un jour, de le voir s'isoler pour faire la prière. Car il ne priait jamais devant tout le monde. Il me répondit :
- L'Islam est une religion du silence.
Il vit que je m'étonnais, puisque j'étais convaincu qu'il convenait de prier avec une large assemblée, et me dit :
- Ne te soucie jamais d'associer quiconque à ta prière.
- Mais ne doit-on pas donner l'exemple par la prière ?
- D'aucuns, parmi les hommes, aiment à s'exhiber lorsqu'ils prient. Ceux-là ne sont pas des gens pieux.
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Cette région est en effet périlleuse et je me serais bien gardé de l’emprunter. Mais c’est le vicomte qui choisit l’itinéraire et lui qui le modifie sans en référer à quiconque, et encore moins à son guide. (p.156, Partie II, “Imposture”).
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Elle se souvenait de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui avaient cru en un monde nouveau. Elle n’osait pas croire que tout cela était parti en fumée et qu’il ne restait quasiment plus de traces ni d’empreintes de cette époque. Des dizaines de noms se bousculaient dans sa mémoire. Des héritiers de Fanon, qui voulaient porter haut le flambeau de la lutte contre toutes les discriminations. Elaine Brown, Bobby Seale, Eldridge Cleaver, Stokely Carmichael, Ericka Huggins, Huey Newton, Angela Davis... Houria se rappelait les visages qui avaient fait vibrer Alger. Et celui de Miriam Makeba qui avait été si merveilleuse en chantant « Je suis Algérienne et libre » en arabe. Houria n’avait pas été la seule à pleurer d’émotion ce jour-là. Des milliers de gens disaient leur joie à travers leurs larmes. L’Algérie était la sœur ainée des opprimés. On croyait qu’une aube nouvelle était sur le point d’éclore.
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Dans un poème qui circulait sous le manteau, Sellam avait osé dire que les nouveaux maîtres étaient aussi méprisables que les anciens et que la vraie révolution devra être un jour de se débarrasser des soudards et de leur clique, qui ont confisqué les idéaux de tout un peuple ! Cela lui avait valu les pires tourments qui soient. Au lendemain de l’Indépendance, il avait eu le mauvais goût d’adresser une lettre ouverte aux Français, pour leur dire qu’il n’avait aucune haine à leur encontre. Un juge, d’une perversité crasse, en avait pris prétexte pour jeter le discrédit sur Sellam. Il avait déformé à dessein son propos pour affirmer que Sellam était un collabo et qu’il était inacceptable qu’un tel homme continue de vivre dans l’impunité la plus totale. Ce juge, un rallié de la dernière heure, était rompu dans l’art de jouer des coudes. Il avait su gagner, au lendemain de l’Indépendance, une place de choix, dans l’organigramme de la nouvelle nation. Il faisait la pluie et le beau temps. Sellam était sa bête noire. Il avait fait détruire ses œuvres et interdit aux éditeurs de le publier. Il lui avait ensuite fait abîmer les mains pour l’empêcher d’écrire, mais Sellam continuait de répéter sans cesse, du matin au soir, qu’il faudrait libérer, un jour ou l’autre, ce pays devenu exsangue sous les coups répétés de ses fils. Peu de temps après, des hommes masqués allaient le mutiler jusqu’au point où il ne pouvait plus parler. L’Algérie s’était laissé enfoncer dans les ténèbres. Les héros de la veille avaient jeté leur idéal aux orties, ils avaient un autre visage, leurs valeurs s’accommodaient de toutes les infamies.
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(...) nous continuâmes de nous battre hargneusement. Et ce refus de nous incliner devant leur toute-puissance, puisque nous n'étions pas disposés à les accueillir comme des maîtres, les mit dans tous leurs états.
Ils devinrent aveugles, s'ils ne l'étaient déjà, et sourds. Ils ne voyaient et n'entendaient que la voix intérieure qui leur enjoignait de mettre à mort, et sauvagement au besoin, ceux qui refusaient d'obéir. Ils ne pouvaient entendre aucune plainte, ni voir aucune des souffrances qu'ils infligeaient.
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Archie Stepp raconte quelque part la grande amitié qui l’a uni à Ted Joans, à Alger, et il parle des « exilés », le bar mythique qui avait dû fermer un jour, comme le lieu d’une incomparable fraternité. Il dit qu’aucune ville n’a jamais réuni comme Alger tous les enfants d’Afrique. Pour sûr, Alger était le lieu au monde où on pouvait se sentir chez soi d’où qu’on était. La guerre qui avait embrasé un pays pendant huit ans, et permis à un peuple de se libérer, n’avait laissé trace d’aucune haine. C’était le pays des hommes libres. Puis la ville, autrefois si bienveillante, est devenue un cauchemar. Le bar les « exilés » a été bouclé. Tout le monde est parti . Petit Ahmed est allé grossir les rangs des déshérités, avant de disparaître, et Sellam a été abattu dans une ruelle obscure.
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Ce Dieu-là, il se battrait pour lui. Ce Dieu ne serait pas comme cet enfoiré qui voit tout ce qui se passe sous ses yeux et qui se branle pendant ce temps, il ne laisse pas seulement prospérer les salauds, il leur pave le chemin, comme pour les féliciter de penser, du matin au soir, qu’à berner leur prochain.
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La mort est à deux pas. Elle sera violente. Mais ne pleure pas mon fils. Maîtrise-toi. Il ne sert à rien de montrer sa douleur. (p.249, Partie III, “Disgrâce”).
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Peut-on séparer quelqu'un de son pays, du lieu de son enfance et des moments essentiels qu'il y a vécus ? Aucune terre, dans son coeur, ne peut remplacer celle-ci, même s'il peut se passionner pour d'autres lieux. La terre natale reste la terre natale. Rien ne peut la détrôner ou faire, d'une simple décision, comme si elle n'avait jamais existé.
Se peut-il que je ne la revoie plus ? Se peut-il qu'elle continue d'être comme elle est, lorsque je ne pourrai plus voir le jour se lever sur ses plaines ?
Je vieillirai loin de cette terre que je n'ai jamais songé quitter, me disais-je, craignant que ce pays change en mon absence. Car il allait forcément changer. Je craignais plus que tout qu'il ne fût plus à même de reconnaître l'étranger que je deviendrais fatalement pour lui, comme l'un des siens.
Quel tribunal peut condamner à une telle peine ? Quelle faute ai-je commise pour me voir infliger, par des hommes, un tel châtiment ?
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Se peut-il que je ne revoie jamais le pays des miens ? Voilà ce que je n'avais eu de cesse de me répéter, à l'heure d'en quitter le rivage. Cette terre est si présente en moi que je ne peux me résoudre, certains jours, à croire qu'on m'empêchera, tout le temps et par tous les moyens, d'y remettre les pieds.
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Il faudra que j’apprenne à vivre avec ce crime perpétré contre eux. Car c’est un crime, je puis l’affirmer maintenant, si même je me suis toujours efforcé, en produisant toutes sortes de preuves, de nier qu’il en fût un. Il faudra, disais-je, que j’apprenne à vivre avec ce crime. Mais le peut-on lorsqu’il est perpétré de sa propre main ? Peut-on faire comme si cela n’avait pas eu lieu ? Peut-on garder le même visage ? Et peut-on se regarder soi-même et regarder ses fils comme si de rien n’était ? (p.237, Partie II, “Imposture”).
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Il ne savait plus à quoi pourrait rimer le monde s’il était privé de cette femme. Oui, le monde, et tout ce qui s’y rapporte ! Si le monde cessait d’être cela lui importerait peu, son cœur ne se souciait que d’une chose : aimer une femme, cette femme ! Il n’osait croire que c’est à lui, et à lui seul, qu’elle s’offrait sans armure, à lui qu’elle offrait sa nudité brûlante, dans une totale démesure. Puis il se mit à trembler, avec effroi, comme s’il avait entendu une voix qu’il avait refusé d’entendre jusque-là. Se peut-il qu’un jour… ?
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Tout l’univers obéit à l’amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes cœurs c’est le suprême bien.
Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.
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Je lisais beaucoup. Je voulais devenir écrivain. J’avais une disposition – toute naturelle, disait notre maître – pour tourner mes phrases. Et je voulais visiter l’Europe. J’avais ouï dire que les hommes de lettres y étaient respectés, et qu’ils n’hésitaient pas à soutenir que les livres sauveront l’humanité ! Moi aussi, je voulais sauver l’humanité !
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Voilà. J'ai dix ans et si je t'écris aujourd'hui, c'est pas pour te demander l'aumône, rassure-toi.
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