Ma première impression lorsque j’ai lu le titre et parcouru la quatrième de couverture était que ce livre allait parler du fait qu’il est plus facile pour une personne blanche de dénoncer une agression et que c’était en soi un privilège. En réalité, il ne s’agit pas du tout de cela. L’autrice explique à la page 31 que cette expression est en fait pour elle « une boutade » et que l’idée selon laquelle « les personnes survivantes, à l’ère du mouvement MeToo, domineraient le monde et feraient l’apologie de la culture de l’annulation » est dangereuse et illusoire. Kharoll-Ann Souffrant ne nie pas le fait que les gens sont plus enclins à croire les femmes issues des milieux blancs et favorisés, mais il ne s’agit pas de s’en prendre aux victimes mieux nanties, mais à ceux et celles qui travaillent à maintenir le statu quo des violences sexuelles.
Cet essai se focalise sur les plus grands oubliés du mouvement MeToo, soit les femmes racisées et les enfants. Une absence sur laquelle il est impératif d’ouvrir les yeux. Déjà parce que c’est à la travailleuse sociale noire Tarana Burke que nous devons la fondation du mouvement et parce que les enfants et les jeunes sont la partie de la population la plus touchée par les infractions sexuelles.
Même si je me suis lancée dans ce livre en étant déjà convaincue du problème que représente l’impunité dont bénéficient les auteurs d’agressions sexuelles ainsi que du traitement misogyne que reçoivent les victimes et les survivantes dans notre société, j’y ai appris de nouvelles choses comme le concept du blanchiment de l’intersectionnalité. J’ai aussi été grandement surprise de voir qu’un chapitre entier était consacré à la chanteuse Safia Nolin et j’ai adoré le fait que l’autrice aborde la question du féminisme carcéral, des problèmes sérieux qui en découlent et de ses angles morts. Mille bravos !
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