AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Kike Ferrari (20)


Sa main se crispe sur le livre.
Il relit : "Ce livre a son lieu de naissance dans un texte de Borges."
C'est ça qu'écrivait Borges? Ce que faisait le grand écrivain national? Machi se félicite de ne l'avoir jamais lu. Revenir au livre ne fait qu'accroître son irritation.
"Qu'est-il donc possible de penser, et de quelle impossibilité s'agit-il?"
Machi, indigné, ouvre la fenêtre et jette le livre orange au milieu de la voie. Il observe avec joie la façon dont une, deux, trois voitures roulent dessus, avant de descendre de la BM, le mot branleurs lui brûlant les lèvres.
Commenter  J’apprécie          184
Machi regarde autour de lui : ces clous ne sont pas arrivés là tout seuls, quelqu’un les y a mis. Et lui, avec sa caisse à deux cent mille dollars, est une cible facile.
Dans la boîte à gants se trouve le Glock .45 que lui a offert son ami Loco Wilkinson. Il le sort, vérifie qu’il est chargé et que la sécurité n’est pas enclenchée. Puis, le flingue pointé vers le sol et la bête de la paranoïa à l’affût, il avance vers le coffre pour prendre un chargeur de rechange.
Commenter  J’apprécie          20
le gorille au crâne rasé crache par terre, desserre sa cravate et, secouant la tête, conclut : Enfoiré de fils de pute.
Commenter  J’apprécie          20
Il ne dit jamais tais-toi mais boucle ta chatte ou ferme ta gueule. Il ne dit pas ce type mais cet enculé de fils de pute. Il ne dit pas c’est une belle femme mais elle est bonne cette salope.
Cette fois-là ne fit pas exception.
Il ne dit pas qu’il avait un problème, mais qu’il était dedans jusqu’aux burnes ; il ne parla pas d’un mort préalablement torturé, mais il expliqua je l’ai crevé cet enfoiré de fils de pute de juif, après lui avoir fait bouffer ses couilles ; il ne dit pas que tout cela faisait partie d’une vengeance qu’il attendait depuis des années, mais ça fait une chiée de temps que j’avais la rage au cul ; il ne dit pas que le mort avait un parent qui travaillait dans le milieu judiciaire et donc que l’enquête avançait, mais il semble que ce bâtard de mes deux connaît quelqu’un qui chie plus haut que son cul et qui m’a dans le collimateur. Enfin, il ne se plaignit pas que son chef ne le couvre pas mais cracha et le comble c’est que mon misérable trouduc de patron s’en est lavé la chatte et m’a laissé me démerder tout seul.
Commenter  J’apprécie          22
Il s’approche de la roue crevée pour voir ce qui s’est passé. Trois crève-pneus dépassent de la roue éclatée. Il en arrache un et l’observe avec attention.
Je n’ai pas vu cette merde depuis la grande grève des tisseurs de l’usine. En quelle année, déjà ? 74, 75 ? C’était le gouvernement d’Isabel, en tout cas. Ces communistes à la con balançaient des clous pour nous empêcher de sortir.
Ce souvenir le met sur ses gardes. La bête de la paranoïa se réveille
Commenter  J’apprécie          10
Philosophes, sociologues, penseurs, mon œil ! C’est ça qu’inculquent à Luciana les professeurs dont il paie le salaire ? Qu’est-ce qu’ils savent faire, hein ? Est-ce qu’ils sont capables d’ériger un empire à partir de rien, comme lui l’a fait ? Est-ce qu’ils peuvent payer à leurs enfants des caprices universitaires à quatre cent cinquante dollars par mois ? Hein ? Ils peuvent ?
Sa main se crispe sur le livre.
Il relit : Ce livre a son lieu de naissance dans un texte de Borges.
C’est ça qu’écrivait Borges ? Ce que faisait le grand écrivain national ? Machi se félicite de ne l’avoir jamais lu. Revenir au livre ne fait qu’accroître son irritation.
Qu’est-il donc impossible de penser, et de quelle impossibilité s’agit-il ?
Machi, indigné, ouvre la fenêtre et jette le livre orange au milieu de la voie. Il observe avec joie la façon dont une, deux, trois voitures roulent dessus, avant de descendre de la BM, le mot branleurs lui brûlant les lèvres.
Commenter  J’apprécie          10
Merde, j’ai crevé, pense-t-il.

Il suppose : Avant droit.

Il redresse la BM avec une adresse de virtuose et se dirige vers le bas-côté.

Merde, jure Machi à voix haute. Merde.

Ça doit faire vingt, vingt-cinq ans que je n’ai pas crevé. J’ai dépensé vingt briques dans une bagnole pour ça ?

Sans couper le moteur, il appuie la tête sur le revêtement qu’il a choisi lui-même et ferme les yeux un instant. Il lui faut s’armer de patience et de tolérance pour sortir de la voiture. Et surtout se préparer à supporter les regards moqueurs et aigris des conducteurs de vieilles Duna, 504 ou 19 – des voitures qui coûtent ce que lui dépense pour une pute ou un déjeuner – lorsqu’ils passeront à côté de la BM échouée sur le bord de la route, alors qu’il y a à peine quelques secondes l filait tel un éclair. Il sait que tous ces pauvres diables vont prendre un malin plaisir à le voir planté là, avec une roue crevée.
Une misérable victoire dans leurs misérables existences, pense-t-il.
Commenter  J’apprécie          10
C’est ça la réussite, Luisito. Cette voiture, cette coke de première classe, ta collection de cravates en soie italienne et même cette emmerdeuse de Mirta, c’est la réussite, mon vieux.
Commenter  J’apprécie          10
Bonjour, monsieur, tout va bien ? demande le gorille au crâne rasé qui – l’œil aux aguets, les mains croisées dans le dos, le visage impassible et impersonnel – veille sur la porte du parking, dans le sous-sol de l’Empire.
C’est pour aujourd’hui ou pour demain ? réplique Machi les mâchoires serrées.
Il fait craquer ses doigts et tend la main.
Clefs, lâche-t-il.
Clefs, répète-t-il illico.
Le gorille se déplace rapidement, avec une agilité surprenante pour un corps aussi grand et lourd.
Monsieur, reprend-il, toujours impassible, en déposant les clefs de la BM dans la main tendue de Machi qui continue d’avancer sans même songer à dire merci.
Attends que je sorte et va dormir, mon gros, dit Machi en regardant ailleurs et sans s’arrêter.
Puis il fait retentir deux fois l’alarme de la BM. Et monte. Le contact du siège lui procure une sensation fantastique. Il a choisi lui-même le revêtement.
On dirait la douceur d’un jeune cul, pense Machi.
Commenter  J’apprécie          10
Et puis-je savoir ce qui me vaut l’honneur de petit-déjeuner avec toi ? La voix de Mirta perd en langueur et gagne en colère à chaque mot, on peut sentir le tressaillement nerveux dans les vibrations des s, un sifflement de serpent.
C’est chez moi, merde ! réplique Machi, qui se sent perdre patience. Tu es ma femme, non ? Bien, alors prépare-moi quelque chose de bon à manger… Je suis à la maison dans une heure environ.
Il raccroche.
Quelle chieuse !
Et en dépit du comprimé bleu et de ses problèmes cardiaques, il décide de se faire une ligne avant de partir.
Commenter  J’apprécie          10
Il rallume le cigare qui l’attend dans le cendrier et compose un numéro sur le vieux téléphone. Le triangle de lumière s’est emparé de la pièce et ne laisse aucun doute sur l’imminence du matin.
Hola, répond la voix somnolente et brumeuse de sa femme, insistant sur le a.
Hola. Je viens de finir, je pars bientôt.
Tu viens de finir ? ironise à présent sa femme, belliqueuse. C’est gentil d’appeler, tu t’es lavé au moins ?
M’emmerde pas, Mirta, tu veux ? Prépare-moi quelque chose pour le petit déjeuner, j’arrive dans une heure environ, répond Machi, plus las qu’en colère.
Bien, je peux demander à Gladis de te préparer quelque chose si tu veux, la voix de sa femme semble s’étirer derrière la malice de la phrase, ah, mais non, c’est à Herminia que je peux le demander…
Commenter  J’apprécie          10
La réussite, c’est une blonde qui te taille une pipe, Luisito, c’est le goût d’un Montecristo. La réussite, c’est le comprimé bleu et dix briques en billets verts à la banque.
Commenter  J’apprécie          10
Une fois seul dans le bureau, il se rend aux toilettes et s’observe dans le miroir.
Il contemple sa réussite dans la glace.
C’est quoi la réussite, pour lui ?
Il sourit à son reflet et se dit que la réussite, c’est lui.
Commenter  J’apprécie          10
J’y vais, Luís, annonce-t-elle.
Ferme la porte, je dois rester encore un peu. Dis à Eduardo et Pereyra de s’arranger pour que tout le monde soit là de bonne heure ce soir ; hé, n’oublie pas qu’il y a les Mexicains qui viennent…
T’inquiète pas, je règle tout ça avec eux ; on se voit ce soir, chéri, elle le quitte avec un baiser dans le cou. Machi se laisse embrasser tout en continuant à jouer avec la fumée du Montecristo, faisant comme si elle n’existait pas, comme si depuis qu’il s’était vidé de son désir cette fille au nez avide n’était déjà plus qu’un fardeau. Puis, tandis qu’elle se retourne et avance vers la porte, roulant des hanches dans sa jupe verte, il lui reluque le cul.
Demain je la défonce, pense-t-il.
Commenter  J’apprécie          10
La jeune femme sniffe – une, deux, trois fois – et jure, avec plaisir et délectation : contre la qualité de la coke, sa bonne étoile, le triangle de lumière qui annonce encore une belle journée – malédiction – et le goût du sperme de Machi dans sa bouche.
Commenter  J’apprécie          10
Machi pense à ses problèmes cardiaques et au comprimé bleu qu’il a pris à peine une heure plus tôt et qui assure à son sexe, encore en érection, une rétraction lente et fière
Commenter  J’apprécie          10
Elle a un visage jeune légèrement flétri et le rimmel étalé sous son œil gauche lui donne quelque chose de négligé, d’abandonné. De désespéré.
Commenter  J’apprécie          10
Alors que le sommet du triangle de lumière gagne la chevelure blonde, elle ralentit la cadence pour suivre les râles de Machi qui referme sa main sur elle et mugit son orgasme en un grondement sourd. Puis il s’affale dans le fauteuil, desserre le nœud de sa cravate, sort un Dupont en or du premier tiroir du bureau et allume un Montecristo pendant que la femme remet ses cheveux en ordre, se nettoie la commissure des lèvres et se prépare une ligne.
T’en veux ? demande-t-elle.
Commenter  J’apprécie          10
Le señor Machi s’enfonce dans son fauteuil, plonge sa main dans la chevelure blonde qui s’agite entre ses cuisses, ferme les yeux. Les premiers rayons du soleil filtrent en triangle par la fenêtre et glissent sur le bureau, éclairant au passage le porte-crayons, les deux verres à moitié vides, la Dodge miniature de Fontana, le vieux téléphone, le papier déplié, le tas de coke, la carte de crédit aux bords blanchis et le cendrier sale, pour rayonner enfin sur le cadre d’une photo de famille où Machi, dix ans de moins, sourit aux côtés de sa femme et de ses deux enfants sur une plage de Méditerranée.
Commenter  J’apprécie          10
Le jeune homme ne répondit pas tout de suite. Il se dit que non, non il ne l’excusait pas et que si, si il y faisait attention. À cet instant il décida qu’un jour il écrirait un roman dont Machi serait le protagoniste et dans lequel il lui arriverait des choses terribles. Il se servit un verre de vin et le but, toujours en silence, sans regarder personne.
Ce n’est pas grave, dit-il enfin.*
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Kike Ferrari (53)Voir plus


{* *}