Je suis surpris que vous pensiez que la mort est éclipsée de Lykaia, il me semble au contraire qu’elle y est omniprésente et que c’est une très forte pulsion morbide qui, justement, sous-tend en grande partie les rapports de pouvoir et de sexe de mes protagonistes.
Quant à savoir ce qui vous pousse vers un sujet, il est difficile de le dire. Chez moi, il y a rarement une raison unique ou principale. Je peux en revanche vous dire qu’un vital besoin de changer de thème et d’univers m’a tenu éloigné « des flingues et des grenades ».
Evacuons d’emblée la question de la pagination : celle-ci ne dépend pas d’une façon de travailler qui serait différente d’un roman à l’autre, mais de natures de textes qui n’ont pas nécessairement besoin du même nombre de pages pour exister ; mes romans font la taille nécessaire au sujet et à son traitement.
Et sinon, oui, j’ai travaillé de la même façon, des recherches à la rédaction en passant par la structuration, avec une langue qui s’est adaptée à la thématique. On n’écrit pas la guerre comme on écrit le cul ou les tourments d’une passion mortifère.
Les pratiquants que j’ai rencontrés sont méfiants par nature et par nécessité. Potentiellement, le jugement que porte le monde extérieur – à commencer par le mien – sur eux peut être dur et blessant. A cet égard, dans leur façon de cultiver leur jardin secret, de se protéger des regards indiscrets et de tester leurs interlocuteurs, les adeptes du BDSM ne sont pas très différents des fonctionnaires des services secrets ou des agents d’officines que j’ai pu rencontrer pour préparer mes romans précédents.
Quant à mon premier contact avec cet univers, il est difficile de le dater. L’esthétique fetish et BDSM est partout autour de nous, depuis longtemps. De la haute couture en passant par l’art (le photographe Robert Mapplethorpe, par exemple), le cinéma (Matrix en est un bon exemple), toute la culture a emprunté à ce milieu. S’il s’agit, en revanche, de dater le premier contact qui a conduit à ce livre, en rappelant cet univers à mon bon souvenir de façon un peu plus appuyée, il remonte à sept ou huit ans.
Bien qu’il n’existe évidemment pas de statistiques officielles, je pense pouvoir affirmer que cette pratique n’est pas si marginale que cela. Dans ses formes les plus extrêmes sans doute, mais dans ses manifestations les plus classiques, je crois au contraire qu’elle est assez répandue dans la population. Ca commence très vite, vous savez, le BDSM, par une simple fessée. Donc ce n’est certainement pas un phénomène hors du temps ou de la société.
Le sens de ma démarche a toujours été avant tout artistique, même dans mes précédents textes. Je ne manipule pas le réel pour dire ou dénoncer, mais pour réfléchir et sublimer. Pas de message chez moi. Ni avant, ni maintenant. Cependant, on peut effectivement s’interroger sur les parallèles qui existent entre la pratique BDSM, fondée sur le fantasme, le travestissement et le jeu avec des corps réduits à l’état d’objet, réifiés, et les tendances plus générales de la société à l’individualisation, à la marchandisation des corps de plus en plus réduits à leur valeur transactionnelle, à leur « accesoirisation » ou à la mise en scène permanente de soi via les réseaux dits sociaux.
Je n’aime pas trop le terme « volontairement », il confère au mot « choquant » une intentionnalité que mon texte n’a pas. Mon ambition n’était pas de choquer, c’était d’écrire sur un sujet qui m’intéressait pour une œuvre au noir, et il se trouve que les caractéristiques ou les manifestations de ce sujet choquent, c’est très différent. Ensuite, nous touchons là à l’essence même de ce qu’est la littérature et ce débat est sans fin. Je pense, pour ma part, que l’écrit, et en particulier l’écrit de fiction, doit bousculer le lecteur, en bien, en mal, les deux, à travers l’expression de la sensibilité qui l’anime. Je ne crois pas qu’il faille obligatoirement écrire pour faire du bien aux gens ; parfois, il faut savoir les heurter.
Quant à se confronter à la puissance des images et à leur omniprésence… Il faut savoir choisir ses combats, et le mien n’est pas là. La force des images, c’est leur immédiateté et la facilité avec laquelle, en bonnes filles de joies de la création, elles s’offrent. Peu d’efforts sont nécessaires pour voir, lire en réclame beaucoup plus. Seulement voilà, produire du contenu audiovisuel n’est ni simple, ni bon marché, alors qu’un texte ne réclame que du temps, un crayon, du papier et de l’imagination. Rien ne peut supplanter cela. La meilleur preuve : aujourd’hui, l’essentiel de la production audiovisuelle relève de la reprise, de l’adaptation de livres ou de BD, ou de l’emprunt aux faits réels. C’est un médium qui ne crée plus, ou très peu, de contenu vraiment original.
Je fais, dans mes remerciements, un clin d’œil sympathique et respectueux au Divin Marquis qui a fait école, comme on dit. En aucun cas je ne me considère héritier de celui-ci, n’ayant aucune intention de poursuivre dans cette veine au-delà de Lykaia. Quant à votre question, j’avoue ne pas la comprendre ou plutôt, j’ai peur de la comprendre : faudrait-il censurer la littérature parce qu’elle peut choquer ? Vers quel monde allons-nous ? Je vois tous les jours autour de moi, je lis ou entends dans la bouche de nos élites, dans la presse, des choses qui me choquent et me dégoûtent bien plus que les délires inquiets d’un Sade qui, au fond, semble ne faire qu’explorer l’éventualité d’une libération des pulsions, perspective qui, je le crois, le terrifiait profondément.
Véritablement envie, Moins que zéro de Bret Easton Ellis.
Méridien de sang de Cormac McCarthy.
Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien.
Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien.
Ce n’est pas tant un livre qu’un auteur, Charles Dickens.
Les Noirs et les Rouges d’Alberto Garlini.
La Promesse de l’aube de Romain Gary.
« Les livres mentent. » Cormac McCarthy.
Une biographie d’Aldolf Hitler écrite par Volker Ullrich.
Découvrez Lykaia de DOA aux éditions Gallimard :
Plongez dans l'univers fascinant de l'écrivain de polars à succès DOA dans cette interview captivante. Découvrez les secrets de sa création littéraire, ses méthodes de travail, et ses réflexions sur l'impact de l'intelligence artificielle sur le monde de l'écriture. Sommaire de la Vidéo : 00:00 - Quelles sont les règles pour construire une histoire ? DOA partage ses principes clés pour la construction d'une intrigue captivante. 02:31 - Faites-vous du travail de recherche documentaire ? Découvrez comment la recherche minutieuse fait partie intégrante du processus créatif de DOA. 05:08 - Comment utilisez-vous le contexte socio-politique ? Explorez comment DOA intègre des éléments socio-politiques pour enrichir ses récits. 08:15 - Comment faites-vous pour rendre vos personnages intéressants et crédibles ? Plongez dans la méthode unique de DOA pour créer des personnages mémorables. 12:52 - Comment faites-vous pour créer de la tension tout au long du roman ? Découvrez les astuces de DOA pour maintenir le suspense de manière naturelle. 17:03 - Réécrivez-vous ? Vous faites-vous relire ? Explorez l'importance de la réécriture et de la relecture dans le processus d'écriture de DOA. 19:34 - Avez-vous des modèles, des maîtres ? Découvrez les auteurs qui ont influencé et inspiré DOA tout au long de sa carrière. 21:33 - Quels seraient vos conseils aux jeunes auteurs ? Écoutez les précieux conseils de DOA pour ceux qui aspirent à une carrière d'écrivain. 23:41 - Les intelligences artificielles vont-elles impacter les écrivains ? DOA partage ses réflexions sur l'avenir de l'écriture à l'ère de l'intelligence artificielle. Plongez dans l'art de l'écriture avec DOA et explorez les coulisses de la création littéraire. Cette interview offre un aperçu unique de la pensée d'un écrivain accompli. Quais du Polar - 31/03/2023 -Interview : Amoreena Winkler | Caméra : Lionel Tran | Montage : Ryu Randoin. N'oubliez pas de vous abonner pour plus de contenus littéraires et d'interviews inspirantes ! En savoir plus sur Les Artisans de la Fiction : Nous sommes des ateliers d'écriture à Lyon. Notre approche artisanale se focalise sur l'apprentissage des techniques narratives de base inspirées du creative writing anglophone. Nos stages mettent l'accent sur la structure de l'intrigue, les principes de la fiction, la création de personnages et plus encore. Explorez le monde de l'écriture créative avec nos journées d'initiation et découvrez nos stages d'écriture : http://www.artisansdelafiction.com/
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