Kate est appelée par l’école d’Amelia. Cette dernière, pourtant très bonne élève, a été surprise à tricher. Elle est exclue pour trois jours et Kate doit venir la chercher immédiatement. Sur le chemin, elle est retardée. En arrivant au lycée, grande agitation car une jeune fille s’est jetée du toit. C’est la fille d’Amelia, qui est morte. Passé le choc, les obsèques et toujours cette douleur qui ne fuit pas, Kate reçoit un étrange SMS l’informant qu’Amelia ne s’est pas suicidée. Kate fera tout pour connaître la vérité.
En lisant la quatrième de couverture, j’en ai eu des frissons. Cela m’a rappelé une certaine expérience personnelle, pas si vieille que ça, en définitive, même si le dénouement n’est pas allé aussi loin. Personne ne peut comprendre la douleur d’une mère lorsque celle-ci découvre que son enfant s’est suicidé ou peut être en passe de le faire. Du côté de Kate, elle a toujours su, dès le départ, qu’Amelia ne s’était pas suicidée. Mais à cause de sa douleur et de son sentiment de culpabilité, elle s’est laissée porter par les évènements, a cru la police et le médecin légiste après leurs conclusions. L’auteur décrit très bien ce sentiment que peut éprouver toute mère avec son enfant, lorsqu’un évènement dramatique arrive. Elle se remémore tout, ce qu’elle a pu rater à cause de son boulot, ce qu’elle n’a pas fait, car l’éducation des enfants n’est pas expliquée dans les manuels. Et tant mieux, car ils seraient de véritables clones. Les parents font avec ce qu’ils ont, selon leur situation professionnelle, selon leur passé familial, qu’ils ne veulent en aucun cas reproduire, selon la personnalité de leur enfant car ce sont des personnes à part entière, et surtout avec leur coeur et tout l’amour qu’ils leur portent. C’est facile, et c’est le cas de tout être humain, de se dire « Si ». Si j’avais donné moins de liberté, si j’étais rentré plus tôt, si j’étais arrivé à temps. Aucun drame ne se produirait. Mais la liberté entre un enfant et un parent, c’est avant tout une histoire de confiance.
Tout ce qu’apprendra Kate sur le décès de sa fille mettra en cause ses certitudes et elle apprendra également des éléments liés à son passé qui la feront s’interroger encore plus.
Si le roman est consacré, en majeure partie, au harcèlement dont a été victime Amelia, l’auteur n’oublie pas que ce harcèlement peut également toucher les adultes et leur vie professionnelle, bien souvent par jalousie. Cela peut avoir pratiquement le même effet, même si l’auteur s’attache à dénoncer tout ce qui peut toucher les jeunes adolescents en pleine construction identitaire, en pleine construction de leur sexualité. Malgré les désillusions, le harcèlement, une amitié vaut plus que tout et la peur de faire du mal aux autres, aux amis véritables ou en donnant des minutions à autrui conduit Amelia à se taire lorsqu’elle est accusée. Surtout que les jeunes n’aiment pas non plus la délation puisque les lycées ont tous les moyens de savoir ce qui se passe, en particulier celui d’Amelia. Ce roman démontre également que, sous couvert d’argent, de financements de parents riches, certains établissements préfèrent fermer les yeux lors de comportements douteux car ils ont des pressions.
Une telle construction de roman avec des chapitres alternant la vie d’Amelia depuis la rentrée jusqu’à sa mort et ceux de Kate, quelques rappels du passé et son enquête pour connaître la vérite, n’est pas nouvelle, certes mais le sujet s’y prête. Amelia est peut-être morte mais dans ce roman, elle est bien présente et cela permet au lecteur qu’elle vive dans notre tête et dans notre cœur. L’auteur réussit à ce que l’on ne juge aucun des personnages quoi qu’ils aient fait. Kimberly McCreight allie donc la finesse de l’écriture, la finesse de ses analyses psychologiques et un grand pouvoir de persuasion. Le lecteur n’est pas là pour juger des personnes, mais des faits, des actes.
J’ai eu plus de mal avec ce fameux langage SMS. Des fois, j’ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu’Amelia et ses amis écrivaient. En plus, il y a toujours ce mot « genre » que je déteste. Pour info, je ne le répéterai jamais assez, tous les ados n’ont pas un tel langage. Mais d’un autre côté, tous les adolescents ne détestent pas leurs parents. Kimberly McCreight le démontre également avec Amelia.
Kimberly McCreight fait passer un message. Même si les parents veulent laisser de la liberté à leur enfant, ne pas s’immiscer dans leur vie privée (et j’en connais), qu’ils n’oublient pas que malgré les cris, les larmes, éventuellement des insultes, les enfants ont besoin d’être surveillés, d’être accompagnés car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Et il ne faut jamais dire cela ne m’arrivera pas, personne n’est à l’abri.
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