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Critiques de Koffi Kwahulé (19)
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L'odeur des arbres et autres pièces



Encrant son récit dans un non-lieu : l’Europénie, à une non-date : mille neuf cent quelque chose, le dramaturge Koffi Kwahulé ouvre au plus large notre imaginaire. Dans cette dystopie on navigue entre une mythologie antique, une actualité politique brûlante, tout en baignant dans les remous intemporels des rapports humains, des humains d’une même famille qui plus est.



De parricide en sépulture bafouée, comment ne pas penser aux héros de Sophocle, d’Œdipe à Antigone ? De malversations financières en questionnement d’identité et de légitimité, comment ne pas y voir des problématiques toutes contemporaines ?le huis clos des mots de Kwahulé fait bientôt son effet, faisant presque oublier la pesanteur du décor et la première froideur du jeu. Nul besoin de vouloir signifier ou souligner d’avantage, le texte emporte avec lui ses sens, à la fois intellectuel et sensible.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'odeur des arbres et autres pièces

L'Odeur des arbres



Shaïne est revenue. Après 21 ans. Na'aba lui trouve une tête de celle qui se prépare à foutre un bordel pas possible - et c'est vrai qu'elle a un peu une tête de moderne Antigone, Shaïne. Elle ne voulait que se recueillir sur la tombe de son père, passer une nuit dans sa maison, et repartir. Mais c'est comme si la ville avait été retournée par la nouvelle route, comme si personne ne voulait lui parler, et Shaïne ne retrouve ni la maison de son père, ni le cimetière.



Koffi Kwahulé nous offre ici une belle tragédie moderne où ce n'est plus aux dieux qu'on sacrifie ceux à qui nous unissent les liens du sang mais à un développement économique qui justifie tout, jusqu'aux actes les plus terribles. L'écriture est très belle, musicale, profonde, prenante.





Challenge théâtre 2018-2019
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La dame du café d'en face

La première partie de la pièce commence par un long monologue, dont je n'ai pas compris l'intérêt, où Madame Bécquart, 70 ans, se plaint d'une ancienne infidélité de son mari avec "la dame du café d'en face". Arrivent la petite fille des Bécquart, Sandrine, enceinte, et son petit ami ivoirien, Sékou - ce qui aura son importance. Il est question de tout et de rien dans la conversation, mais finalement de la famille, d'héritage, d'une fête dont on ne sait pour quelle raison elle va être donnée, et enfin de l'infidélité (supposée ? réelle?) de monsieur Bécquart. Cette première partie se clôt sur un monologue abscons de ce dernier sur la mort - ce qui nous renverra à la fin de la seconde partie.





Seconde partie : la famille est réunie au grand complet, ce qui ne fait pas grand-monde. Commérages, rancunes diverses - l'héritage, l'infidélité de monsieur Bécquart, encore. Puis la fête, espèce de rituel ésotérique familial qui vise à faire entrer Sékou dans la famille sur fond de "Mangez, ceci est mon corps, buvez ceci est mon sang" par le biais d'un festin pour lequel chacun doit se battre plus ou moins façon Hunger Games afin de se mettre un truc sous la dent ou arriver à boire un verre. Les convives, convaincus ou pas - c'est selon - que le rituel a été efficace, s'en vont, pour laisser seuls en scène le vieux couple Bécquart.





Il me paraît clair que Koffi Kwahulé a tenté de donner une forme originale à sa pièce. Pièce sur la famille, sur les secrets de famille, sur la sclérose qui la guette depuis longtemps - on couche avec sa cousine ou avec son beau-frère pour perpétuer la lignée. Sékou, c'est un sang nouveau qui doit apporter la régénération. Sauf que les parents de Sandrine n'ont pas l'air convaincu (Firmin, le père, affirme que tous les sangs sont de toute façon corrompus). Sékou, lui, même après avoir été initié aux secrets de la famille Béquart, ne dira rien de lui-même.





Mélange de conversation d'un ordinaire peu aguichant (première partie) et d'une métaphore à grande échelle (seconde partie), qui touche aux relations familiales et à leurs travers, mais aussi, il semblerait, à la société - un des aspects les plus extravagants de la métaphore concerne les relations Nord-Sud par le biais du festin eucharistique, soit dit en passant, ou alors je n'ai vraiment rien compris. Cette forme de théâtre, à la fois usant du réalisme et d'excentricité, m'a ennuyée au possible. Ayant lu au mois de juillet ma dose de pièces sur le thème des relations de famille, mais aussi des pièces relevant de la critique sociale, celle-ci me semble creuse au final. Est-ce parce qu'il s'agit là d'une des premières pièces de Koffi Kwahulé ? Ou est-ce moi qui n'ai pas fourni les efforts nécessaires lors de ma lecture ?
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Le Sas / Jaz / André : Monologues pour femmes

Ce recueil de monologues pour femmes réunit trois textes forts :



LE SAS de Michel Azama



Une femme, la cinquantaine, va sortir de prison. C'est son dernier soir, sa dernière nuit avant de retrouver une liberté perdue depuis si longtemps. Au cours de ces dernières heures elle passe en revue ces seize années derrière les barreaux. Elle évoque la privation de liberté, la solidarité ou pas entre les détenues, la vie quotidienne entre travail, privations, punitions, vexations, rires, pleurs, peurs, la relation avec la famille, ses enfants. Elle évoque aussi l'angoisse de se retrouver dehors, de ce qui l'attend dans ce monde extérieur qui ne l'attend pas.



Un cri de douleur. Bouleversant



JAZ de Koffi KWAHULE



Une femme, crâne rasé, parle de son amie Jaz (avec un seul "z"). Dans immeuble d'une cité qui part à la dérive, de cet étage où les appartements n'ont pas de WC individuels, comme un cri lancé au monde, le besoin de témoigner. La vie de Jaz comme bloquée depuis la disparition de son amie Oridé. Une vie qui tombe en déliquescence comme l'état général de cet immeuble.



Il faut imaginer un air de jazz qui s'entremêle avec le monologue. Petit à petit on comprend qui parle, qui est Jaz, pourquoi elle a ce besoin de s'exprimer. La schizophrénie de la narratrice éclate, conséquence de l'agression qu'a subie Jaz. Elle est présente tout en étant absente.



L'écriture de Koffi Kwahulé est poétique mais aussi parfois crue. Une colère renfermée qui ne demande qu'à s'exprimer mais jamais n'agresse le lecteur (et le spectateur ?). Une écriture comme en contrepoint de la violence des faits relatés, un viol.



Un texte puissant.



ANDRE de Philippe MINYANA



André, c'est Dédé, celui qui a bouleversé la vie de Anne-Laure. Tout commence un matin où en ouvrant ses fenêtres et ses volets elle voit un dos, fort, musclé, celui de Dédé. commence alors une histoire d'amour. Un amour intense. Une histoire d'amour comme un rayon de soleil dans un nord de la France triste et gris. Une histoire d'amour avec ses hauts et ses bas, ses espoirs et ses déceptions. Une histoire de vie.



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Close up - Arletty... - Boxer

Publié dans une maison d’édition que je ne connaissais pas - les éditions Théâtrales -, ce recueil de Koffi Kwahulé, un auteur dramaturge et comédien que je découvre grâce au challenge Globe-trotteurs, se compose de trois pièces de théâtre, trois monologues, ayant pour territoire le corps, en particulier celui de la femme. J’ai davantage apprécié les deux premières pièces, Close up et Arletty…, la première pour le malaise qu’elle installe – un tueur en série qui s’interroge sur l’origine de sa violence alors qu’il détient sa dernière victime, son propos se trouvant magnifié par la qualité de l’écriture –, la seconde pour m’avoir fait découvrir la comédienne Arletty, Léonie Bathiat de son vrai nom, et m’avoir rappelé les femmes tondues à la Libération, une réappropriation du corps de la femme. Quant à Boxer, intéressante dans ce qu’elle propose – une boxeuse qui fantasme pendant son combat un tout autre résultat que celui qui est en train d’advenir -, elle m’a laissée plutôt perplexe quant à certains de ses éléments dont je n’ai pas vraiment compris le sens, des religieuses et un bouc… Une lecture que j’ai appréciée plus que je m’y attendais. L’auteur a reçu les prix Édouard-Glissant en 2013 et Mokanda en 2015 pour l’ensemble de sa carrière.
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Nouvel an chinois

Difficile de parler de ce livre déroutant, où le rêve et la réalité se fondent.

Difficile de suivre l'auteur et son héros, quand les pronoms sujet changent sans prévenir.

Difficile de trouver le rythme, saccadé, irrégulier, des phrases, des mots répétés.

Et finalement difficile de m'attacher à Ezéchiel, le jeune personnage principal, adolescent, dont le père est mort et la mère absente depuis cette disparition brutale.





Livre reçu dans le cadre de Masse critique

Merci à Babelio et Zulma


Lien : http://www.levoyagedelola.com
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Nouvel an chinois

Merci à Zulma et à Babelio de m'avoir permis de lire ce roman.

Ce roman est très déroutant, notamment en raison de ses personnages particuliers, tel Ezechiel, protagoniste principal qui est la plupart du temps le narrateur. Ce roman est plein de violence.

La répétition est un élément de l'écriture de l'auteur. Cela crée un rythme particulier.

Roman intéressant qui traite de la question du racisme, des bouleversements chez un jeune homme au moment de l'adolescence.
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Cette vieille magie noire

Shorty a vendu son âme au diable pour boxer comme un dieu. Son adversaire blanc comme un linge lui reproche la noirçeur de son âme. En attendant le combat, ça "jazz" sur le ring, un vrai quartette.
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Nouvel an chinois

Paris, Saint-Ambroise.Vieilles haines et folies neuves, tempête sous un crâne adolescent.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/04/29/note-de-lecture-nouvel-an-chinois-koffi-kwahule/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Nouvel an chinois

Étrange livre que voilà. Difficile de se frayer un chemin balisé entre les rêves, les fantasmes, les délires, la réalité -fictionnelle- de la vie d'Ézéchiel. Je pourrais résumer mon impression par un dialogue du livre lorsqu'Ézéchiel lors d'une soirée dit qu'il lit un roman africain :



"Vous aimez ?



Je ne comprends pas tout. (...) Ça parle d'identité... (...) C'est marrant, enfin je veux dire joyeux. Un peu compliqué parfois, mais ce n'est pas grave. Parce que le vrai sujet du roman, c'est la langue. Parler comme si on faisait l'amour. Ça doit être compliqué d'écrire aussi simplement." (p.138)



Ce roman entre le rêve et la réalité est écrit dans un style étonnant, Ézéchiel en est le narrateur, qui passe du "je" au "il" sans que cela ne gêne le lecteur qui s'y retrouve toujours. Certaines pages sont néanmoins déconcertantes, d'autres absolument magnifiques.



Une histoire elliptique, très imagée, notamment lorsque pour évoquer la masturbation, Koffi Kwahulé parle de prière ou de méditation, une métaphore qui dure jusqu'à la fin du roman : "Aussi ses séances où le plaisir était constamment différé constituaient-elles à ses yeux une prière. Une prière à lui-même adressée. Une profonde méditation. Plus la séance durait, plus la jouissance et surtout le sperme lui paraissaient de meilleure qualité. Au fond de lui-même, depuis la découverte de cette maîtrise de soi, cette recherche d'équilibre, Ézéchiel se considérait comme un moine des temps modernes. Certains jours, Ézéchiel priait plus que de raison." (p.28)



Je ne connaissais pas l'auteur, qui écrit là son troisième roman mais qui est plus connu pour ses nombreuses pièces de théâtre ; une découverte marquante.
Lien : http://lyvres.fr
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Babyface

Bof.

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Nouvel an chinois

Pour rien vous cacher, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l'histoire. On voyage entre réalité, rêves et fantasmes, et de façon si brutale qu'il faut un certain temps d'adaptation. Ce livre est assez complexe de par son contenu mais également de par sa forme où régulièrement on passe d'un "je" à un "il" dans une même phrase.

Cette difficulté passée, on se rend compte de la richesse de ce livre, et notamment des thèmes qu'il traite : racisme, famille, amour, sexualité, mort, etc. Le texte y par moment très poétique et j'ai particulièrement aimé les échanges de lettres et de mail entre le personnage principal et sa soeur.



Un livre avec lequel il faut de la patience et de l'attention pour en comprendre les lignes.

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Monsieur Ki : Rhapsodie parisienne à sourire ..

Le mythique Village Fou ivoirien mystérieusement projeté dans le quotidien d'une chambre de bonne parisienne.



Grand homme de théâtre ivoirien, Koffi Kwahulé publie en 2010 ce second roman, après le succès de "Babyface" en 2006 (prix Ahmadou Kourouma).



Dans une chambre de bonne où il vient d'emménager, à Paris, un Ivoirien découvre une bande magnétique, sur laquelle son prédécesseur dans cette chambre, qui se trouve être apparemment du village voisin du sien, a enregistré, à l'intention d'un mystérieux « Monsieur Ki », l'étrange récit d'une vengeance à distance exercée sur lui par un sorcier du Village Fou, un village ivoirien mythique (mis en scène par Kwahulé dans plusieurs pièces auparavant)... L'auteur établit un aller-retour permanent et insensé entre anecdotes du village en Côte d'Ivoire, fables et récits mythiques, provenant de la bande magnétique, mêlés à la vie quotidienne à Paris, émaillés de dialogues surréalistes avec la concierge, à propos des conflits de voisinage sur sa maison de campagne en Ardèche : un vent de Village Fou se met à souffler peu à peu dans cet immeuble bourgeois du 16ème arrondissement...

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Monsieur Ki : Rhapsodie parisienne à sourire ..

En s'installa dans une chambre de bonne d'un immeuble du XVIème arrondissement de Paris, un jeune étudiant africain découvre une cassette audio laissée là par le précédent locataire, lui-même originaire d'un petit village fort proche du sien. Là-bas, les gens frappent les équipes de foot-ball qu'ils reçoivent quelque soit le résultat. Ils règlent leur compte aux femmes enceintes à grands coups de pied dans le ventre, battent comme plâtre n'importe quel représentant de l'Etat, instituteur, percepteur, juge, médecin ou infirmier. Le village s'appelle Djimi, c'est un village de fous où il arrive mille histoires incroyables et fantasques. Mais la voix de la cassette s'adressait à un certain Monsieur Ki dont on se demande s'il n'a jamais existé que sous la forme d'un masque africain.

Un roman-mosaïque, une « rhapsodie parisienne à sourire pour caresser le temps » sur le thème de la folie et des croyances primitives de l'Afrique profonde. Le morceau de bravoure consiste en un couplet sur le racisme assez amusant : « Toujours est-il que je ne me sens à l'aise qu'avec les Blancs racistes ; avec eux je suis confiant, je sais à quoi m'en tenir, je sais où je mets les pieds. Tout de suite je me dis : « Voilà un Blanc». En revanche, je me méfie de ceux qui ont un ami sénégalais ou camerounais, les Monsieur-moi-je-connais-bien-les-Noirs, les Monsieur-moi-j'ai-passé-vingt-ans-en-Afrique, qui n'écoutent que Miles Davis ou Tiken Jah Fakoly, qui ne jurent que par la spontanéité et l'élégance naturelle des nègres ; ceux-là je m'en méfie. Ils me foutent mal à l'aise. » Quelques passages amusants, poétiques (la prose est entrelardée de poésies) voire fantastiques, mais l'ensemble souffre d'une grande lourdeur de style avec des phrases interminables, bourrées de répétitions et sur le registre du langage parlé. Cela gâche le plaisir du lecteur qui doit fournir un gros efforts pour recréer le rythme et la respiration d'un texte compacté sans autre raison qu'une mode idiote.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Babyface

Ecriture originale imbrication des personnages qui avancent côte à côte ou ensemble, une montée vers la folie, plus on avance plus c'est fort, et noir. Bref j'ai beaucoup aimé.
Lien : http://litteratureafricaine...
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Babyface

Une histoire ennuyeuse où on ne comprend pas grand chose ! On se perd dans les personnages, on ne sait pas trop quand et qui parle et on a beaucoup de mal à faire la différence entre la fiction et la réalité.
Lien : http://mabiblio1988.cowblog...
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Nouvel an chinois

Ce livre débute comme une gifle, un revers à deux mains façon Nadal. L’écriture claque, la narration rythmée en syncopée façon poète un peu azimuté prends le lecteur dès les premières pages. Koffi KWAHULE nous livre son "Nouvel an chinois" par un démarrage en trombe.

J’adore le style, je surkife cette poésie qui suggère et dit tout. Je suis pris, absorbé dans la narration. Et la violence du début... mama mia !! Et c’est le cas de le dire.



Le livre est un "ça passe ou ça casse" pour les lecteurs qui entreront, ou pas, dans la folie de l’auteur. L’histoire de ce gamin perdu, entre fantasme et réalité, toujours à la limite de l’entre-deux, avec cette apothéose de violence vous semblera alors d’une évidence époustouflante. Ou pas.
Lien : http://loumeto.com/mes-lectu..
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Les recluses

Je ne suis pas adepte du théâtre et je pense que cette pièce passe mieux en représentation qu'en lecture. On se perd facilement, on ne sait plus très bien qui parle quand, ce qui étouffe un peu le message. Néanmoins, on comprend que les femmes qui prennent la parole, africaine, ont toutes un point commun : elles ont été violées lors des guerres qui ont ravagé leurs régions. Elles ont été souillées et sont désormais pointées du doigt. Certaines en parlent, d'autres le cachent par peur du qu'en dira-t-on. Toutes portent leur passé comme un fardeau et décident de prendre la parole pour s'en décharger.
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Nouvel an chinois

Quelque part dans le onzième arrondissement de Paris

Nouvel an chinois est un roman parisien. Ou, pour bien parler, ce roman est particulièrement bien



Station St-Ambroise Copyright - Cramos

localisé. La station Saint-Ambroise dans le 11ème arrondissement de Paris est l’épicentre de cette histoire. De ce côté de la place parisienne, les chinois fêtent le nouvel an à leur date. A coup de cymbales et de pétards, de dragons virevoltants et autres animations festives. Les minorités hier invisibles, célèbrent leurs singularités sans retenue ni agressivité dans les rues de Paris. En ce jour du Nouvel An chinois a débarqué un ancien légionnaire au verbe dur et haineux. En ce jour du Nouvel An Chinois, un post-adolescent entretient des fantasmes incestueux à l’endroit de sa mère. Ezéchiel est le personnage central dont Koffi Kwahulé nous livre avec beaucoup de puissance les états d’âme.





Portrait d’un post-adolescent parisien

Ezéchiel est quelque peu perdu. La disparition brutale et inattendue de son père a enfermé ce jeune homme dans un repli sur soi et une forme de dépression où l’onanisme prend la forme d’un refuge. Naturellement, le lecteur prend un train en marche, rencontre Ezéchiel à un moment où sa vie pourrait se résumerait dans le journal du parfait branleur. Koffi Kwahulé donne de mesurer la profondeur de l’expression, la poussant jusqu’à une approche mystique qui ne déplairait pas à Philippe Roth jeune. Pourtant, le regard d’Ezéchiel ne s'incline pas exclusivement sur son nombril. S’il nous est donné de toucher du doigt l’environnement lugubre dans lequel il est plongé, à savoir une mère qui perd pied après avoir perdu son mari et qui ne s’est pas remis des funérailles en terre ivoirienne de ce dernier, mais aussi une grande soeur qui a pris la clef des arbres, Koffi Kwahulé donne en plus à son personnage de décrire les propos extrémistes de Guillaume Demontfaucon, le voisin qui prêche dans les rues du quartier cosmopolite sa haine de l’étranger avec une rage assourdissante. Au-delà de ce théâtre, pour l’amour d’une femme, notre jeune homme va tenter de s’extraire de sa torpeur.



Soul writer

Tout écrivain travaille sur l’âme humaine. Avec des degrés différents de réussite. En ce qui concerne Koffi Kwahulé, je dois dire que la manière avec laquelle il conte cette année dans la tête d’Ezéchiel me renvoie à des auteurs comme Dambudzo Maréchéra ou simplement à William Faulkner. Peut être suis-je dithyrambique. Mais, c’est à certains personnages de ces auteurs que me fait penser Ezéchiel. La violence des pulsions de ce dernier est particulièrement troublante quand on pense au fait qu’on ne sait jamais, à l’instant de la lecture, si cette violence est réelle ou fantasmée. Ce qui place le lecteur face à des actes complexes et dans une forme d’empathie et de tension. En parallèle, Koffi Kwahulé dévoile progressivement de nombreuses clés permettant d’appréhender les différents. Il mélange les genres. Faisant évoluer la narration au rythme des errements d’Ezéchiel mais aussi de ses correspondances avec sa soeur qui me paraissent quelque peu académiques quand on songe qu’il s’agit d’e-mails.



Notre jeune homme est amoureux. Je vous laisse entendre ces mots chargés de fougue et d’une folie douce, en attendant le Nouvel An Chinois.



Un roman qui ne manquera pas d'heurter avec, pour Koffi Kwahulé, le parti pris de mettre en scène la banalisation du discours d'une extrême-droite française, qui comme pourra le découvrir le lecteur, n'est pas sans conséquence.
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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