Krystel Cahanin-Caillaud : " Je suis sortie de mon corps "
Depuis hier, je commence à lire. Cette passion pour la lecture qui m'habite depuis toute petite me sauve. J'ai tellement besoin de lire des romans avant de dormir que je réaprends très vite.. et seul !
Le handicap invisible est vraiment très dur à porter. Je dois tout le temps prouver, me justifier, aussi bien dans la rue que dans les supermarchés aux caisses réservées. Se faire respecter lorsqu'on est en fauteuil roulant, ce n'est déjà pas simple - je sais de quoi je parle, je l'ai vécu - , mais passer pour un imposteur, c'est vraiment terrible.
Je n'ai aucune notion de ce qu'est la vie. Je suis comme un bébé qui vient de naître et à qui il faut tout apprendre. Je n'ai pas le réflexe de demander à me voir dans un miroir, par exemple. Cela ne me vient pas plus à l'idée que ça ne viendrait à un nourrisson.
Je suis tout au bord de ce tunnel, et je vois la corde. Cette corde qui le traverse de part en part, comme une longue rampe qui s'enfonce vers la brume.
Je tiens l'extrémité de cette corde pour ne pas me laisser entraîner.
J'ai le choix.
Je ne suis pas forcée.
Je ne reconnais pas ce lieu, vide de toute vie mais empli de bonté spirituelle.
C'est très difficile d'expliquer ce brouillard "magique" avec des mots.
Ce ne sont que des sensations qui s'en dégagent, pas des phrases !
La fatalité n'existe que si l'on veut y croire.