ilm d'animation de L.L. de Mars sur une musique de son groupe « Élémarsons »
N'ayez crainte Gilles, ce que vous avez fait vous a déjà tant changé sans que vous vous en soyez rendu compte, que nous n'avons aucune crainte au sujet de votre adéquation à notre confrérie.
Je sens bien que malgré nos efforts pour leur trouver des occupations gratifiantes, l'usine ne suffit pas à leur épanouissement.
Il y a une époque où on aurait pu faire quelque chose de gosses de pauvres. Quand on tenait vos parents avec de bonnes manières. Un peu d'éducation faisait un bon patron de n'importe quel sac de chair humaine. Mais maintenant, les mauvais livres de nos enfants sont aussi les vôtres.
Des hommes qui n'ont jamais rien monté ont seuls pu imaginer que nous manquerions un jour de montures.
Le journal Harmonie démocrate et l'Institut de Réconciliation Statistique auraient alors fait circuler un sondage destiné à apporter cet éclairage définitif que seuls les chiffres peuvent apporter, sur les accusations de racisme colonial qui auraient frappé le Tarzan de notre auteur. Quel n'aurait pas été son soulagement en lisant les résultats de cette enquête et d'y découvrir que 100% des lecteurs blancs ne verraient pas du tout en quoi le colonialisme poserait problème dans ce Tarzan (plus d'un tiers d'entre eux en contestant même la présence) et que 100% des noirs ne liraient pas de bandes dessinées.
L'auteur aurait (évidemment) eu le bon goût de ne rendre la connaissance de ces détails savants en aucun cas nécessaire à la bonne compréhension du récit afin de satisfaire le premier (et impératif) devoir de tout bon narrateur : ne pas ennuyer. On reconnaîtrait à l'auteur, malgré la vulgarité du genre auquel ressortirait son récit, une immense érudition. En effet, il n'aurait pas manqué d'épicer sa robuste aventure exotique de quelques anecdotes, de décors, de moments de dialogues ou même de personnages secondaires évoquant allusivement son goût pour Opicinus de Canistris ou l'iconographie du devisement du monde. Il s'agirait de touches discrètes dont la présence garantirait le plaisir gratifiant d'une lecture de qualité, mais dont le caractère adventice se devrait, d'une façon ou d'une autre, d'être appuyé pour ne pas embarrasser les lecteurs moins cultivés. Ces connotations érudites resteraient donc légères : assommer le lecteur d'ambitions idéologiques, l'abreuver de références historiques, d'exemples édifiants, de métaphores appuyées serait de la pire inconvenance.
Quelques signes conventionnels, principalement dans les moments de plus grandes agitations, viendraient essaimer dans les pages, et certifieraient au lecteur qu'il a bien affaire, tout au long de sa lecture, à une bande dessinée. Un lecteur entraîné depuis l'enfance à sauter d'une espace à l'autre au gré du récit pour en suivre le cours se satisferait aisément de ces agencements résiduels. Ces signes pourraient aussi bien être connotatifs (puisant dans les effets de poncif du dessin un nuancier de formes simples aisément identifiables, même à l'état fragmentaire.), qu'allusifs (faisant appel au tissu bariolé des nombreuses lectures enfantines), ou structurels (rejouant à l'économie le montage des cases, le régime des ellipses, les effets de régulation des masses), sans jamais perdre de vue l'essentiel : un héros, une arme, une mission, une femme.
Comme ce serait flou et inconsistant une tête de vivant s'il n'y avait pas une tête de mort dedans (Pablo Picasso ).
Je ne veux rien de ce que le monde veut.
Une série de sentiments considérés comme nobles par le plus insoucieux des lecteurs, inviterait, par une implication minimum de chacun, à y reconnaître les invariants d'un récit digne d'être lu par tous sans engager d'inconfortables mouvements de fond.