Citations de Laurence J. Peter (76)
C'est incompétence serait déjà passablement agaçante si elle se limitait aux travaux publics, à la politique, aux voyages dans l'espace et autres domaines, immenses et lointains, de l'activité humaine mais ce n'est pas le cas. Il est difficile de ne pas la voir, c'est un fléau terrible et omniprésent.
Je connais ces exemples - et des centaines d'autres du même genre - pour les avoir vus, lus et en avoir entendu parler. Je me suis résigné à l'universalité de l'incompétence.
J'ai constaté qu'à de rares exceptions près, les hommes font mal leur travail. Partout, j'ai vu l'incompétence sévir et triompher.
Pour échapper un avenir intolérable, l'homme doit d'abord considérer ou le mène sa stupide escalade. Il doit examiner ses objectifs et prendre conscience que le véritable progrès s'obtient en allant de l'avant vers un meilleur mode de vie, plutôt que vers le haut vers une incompétence totale à vivre. Il est plus important d'améliorer la qualité de son expérience que d'acquérir des objets inutiles et des possessions matérielles. Il faut réfléchir au sens de la vie et choisir : faire usage de son intelligence et de la technologie pour préserver l'espèce humaine et développer les valeurs humanistes, ou continuer à utiliser son potentiel créatif pour échafauder un piège mortel aux dimensions colossales.
Il arrive que, entrevoyant son reflet dans un miroir et ne se reconnaissant pas lui-même, l'homme se met à rire avant de se rendre compte de ce qu'il est en train de faire. C'est à de pareils moments que l'on progresse vraiment de vers le discernement. C'est ce miroir que voudrait être ce livre.
Tout individu a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence ; nous faisons comme si être en haut et avoir plus était ce qu'il y a de mieux. Pourtant, nous voyons tout autour de nous les victimes tragiques de cette escalade stupide.
Il était logique d'en conclure que, pour chaque emploi, il y avait quelqu'un, quelque part, incapable de l'occuper. En lui donnant assez de temps et de promotions, il obtiendrait ce poste !
Sandberg conclut : « L'incompétence stratégique ne consiste pas à avoir une stratégie qui échoue, mais un échec qui réussit. Cela aboutit presque toujours à éviter un travail dont on ne veut pas - sans avoir jamais à l'admettre. »
Nous échouons tous au sommet, même si certains d'entre nous y arrivent plus vite que d'autres.
Mon étude de centaines de cas d'incompétence dans le travail m'a donc conduit à formuler le principe de Peter :
"Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence."
[...]
Le corollaire de Peter précise :
"Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité"
Les malades souffrant du syndrôme du dernier poste aiment à croire que leur incompétence dans le travail est provoquée par leurs affections physiques.
Le bonheur durable ne peut être obtenu qu'en évitant la promotion ultime, en préférant, à un certain stade de son élévation, abandonner la poursuite de l'avantage et pratique ce que Potter aurait pu appeler la staticité.
Washington Irving observe : "Les petits esprits ternes sont généralement préférés pour la fonction publique et surtout pour les honneurs." Il n'imaginait pas qu'un esprit pût être assez brillant pour une situation de subordonné mais paraître terne une fois promu à un poste important, comme une bougie peut fort bien éclairer une table pour le dîner mais être insuffisante si elle est placée au sommet d'un réverbère pour éclairer une rue.
On a coutume d'orner tout ouvrage scientifique d'une bibliographie, sans doute pour mettre à l'épreuve la compétence du lecteur en lui présentant une liste de livres impressionnante, ou bien pour prouver la compétence de l'auteur en montrant la montagne de minerai qu'il a dû trier pour y découvrir une pépite de vérité.
Nous constatons ainsi que les qualités exceptionnelles et la compétence d'un chef ne peuvent permettre d'aboutir en passant par les voies hiérarchiques normales. L'homme doué doit obligatoirement quitter la hiérarchie pour prendre un nouveau départ ailleurs.
Aujourd'hui, les gouvernements prennent la place du père, en accordant diverses subventions à d'innombrables causes, la guerre contre la pollution, contre la misère, contre l'analphabétisme, contre la solitude, contre l'illégitimité, pour les recherches dans le domaine du potentiel éducatif, des voyages interplanétaires, pour les sous-développés mentaux.
Dès que des fonds sont proposés, il faut trouver un moyen de les dépenser. Un poste nouveau est créé, coordinateur de l'anti-misère, directeur des débuts dans la vie, conseiller littéraire, organisateur du bien et du bonheur publics, n'importe quoi. On recrute quelqu'un pour occuper ce poste, pour succéder en quelque sorte au père.
Que le successeur puisse ou non résoudre le problème en question est sans importance. L'essentiel c'est qu'il soit capable de dépenser l'argent.
La super-compétence aboutit souvent au renvoi, parce qu'elle bouleverse la hiérarchie et viole ainsi le premier commandement de la vie hiérarchique : la hiérarchie doit être maintenue.
Le général Richard Taylor qui combattit pendant la guerre de Sécession, observa en parlant de la bataille de Sept Jours : "Les commandants confédérés ... à un jour de marche de la ville de Richmond, n'avaient pas plus de notions de la topographie de la région qu'ils ne connaissaient l'Afrique centrale."
Après avoir écouté d'innombrables automobilistes se plaindre des défauts de leur voiture neuve, je n'ai pas été surpris d'apprendre qu'un cinquième environ des voitures produites par les grandes compagnies depuis quelques années souffrent de défauts dangereux.
J'ai remarqué que, à de rares exceptions près, les hommes bousillent leur travail. Partout, j'ai vu régner l'incompétence.
Faites-en toujours moins que vous pensez ne pouvoir en faire.
Bernard M. Baruch