Laurent Dubreuil, pour ce que j'en ai compris, est un français enseignant dans une université américaine. Il est donc aux premières loges pour observer (consterné) ce mouvement identitaire et totalitaire qui se met en place sous le masque de l'émancipation néo-libérale. Ce qu'il raconte est terrifiant (enfin me terrifie): telle étudiante vietnamienne qui fait un procès au restau U. pour s'être approprié le Bo bun ou je-ne-sais-quel autre plat, telle autre qui interdit aux Blancs de parler aux Noirs ou des Noirs au nom d'une identité inaccessible à ceux.elles (ah oui, car il faut se farcir l'écriture inclusive en plus) qui n'en auraient pas l'expérience immaculée; telle autre qui exige (ET OBTIENT) que les Métamorphoses d'Ovide soient retirées du programme universitaire parce qu'elles comporteraient des scènes de viol pouvant déclencher le syndrome de stress post-traumatique dont semble souffrir un majorité d'Américains, issus pour la plupart des minorités souffrantes et victimes de toute éternité... C'est fascinant et terriblement inquiétant pour le Vivre-ensemble (enfin pour ce qu'il en reste). Malheureusement, c'est hyper mal écrit, jargonneux et j'ai parfois eu du mal à comprendre ce que l'auteur voulait dire. Sur le même sujet, Houellebecq est beaucoup plus lisible, même s'il n'a pas la légitimité universitaire pour dénoncer le nombrilisme dictatorial de nos jeunes fragiles.
Commenter  J’apprécie         63
Thèse intéressante sur la dictature des identités. L’auteur développe autour des quatre thèmes, le despotisme d’opinion, le déterminisme imposé au tenant d’une identité, la blessure comme bouclier a tout discours contradictoire et la censure que cela induit, la nouvelle dictature des identités ou minorités.
La remise en cause est pertinente, documentée et réfléchie . Dommage que que le vocabulaire soit souvent trop pointu et ôte toute chance cette réflexion intéressante de toucher un large public.
Commenter  J’apprécie         42
Laurent Dubreuil livre ici un essai de dénonciation des politiques identitaires états uniennes, qui acquière un intérêt assez universel de par l'analyse qu'il fait de leurs origines.
En revenant à ces origines il caractérise des principes de replis sur soi et d'auto-identification à des modèles fondés de manière publique, et les dénonce comme manière de se brider soi-même sans se l'avouer. Manière assez généralisée chez les adolescent, c'est bien une extension à l'âge adulte qui est ici dénoncée. Il en vient, comme facilitateur de ce repli, la question de l'analyse psychologique collective évoluant d'un phénomène complexe à une causalité directe entre un événement et une conséquence, là encore simplification à l’extrême du fonctionnement humain.
Etant facilement compréhensible, ce type d'analyse tend à se répandre et abouti à une volonté de se retrouver dans des entre-soi ou à l'extrême dans un entre-soi-même.
L'analyse est remarquable pas son érudition et la volonté de rigueur dans le développement (je ne jugerai pas sur le fond, n'étant pas de la partie). Elle constitue une charge à retenir contre les développement du politiquement correct auxquels nous assistons depuis 30 ans maintenant.
On lit cependant ici un livre à sens unique. Ce mode d'écriture en essai est sans doute une bonne façon de développer des idées, mais il n'en reste pas moins en creux que Laurent Dubreuil laisse de côté, en dénonçant la victimisation volontaire, toute l'attention, le soin, la bienveillance... qui sont
nécessaires pour chacun d'assurer aux autres et qui sont si promptement oubliés par les sociétés humaines. C'est eux que tâchaient de faire vivre Ovide ou Sophocle, déjà, en amenant la poésie sur le récit de l'expérience quotidienne, inhumaine, du réel. Et c'est sans doute ce qu'essaient de faire d'une manière très différentes les réflexions sur l'identité.
Commenter  J’apprécie         30