AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

2.42/5 (sur 18 notes)

Biographie :

Laurent Torres a 40 ans. Sortie de classes est son premier roman.

Ajouter des informations
Bibliographie de Laurent Torres   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Un peu plus tard, sur internet, je trouve toutes les explications sur 'World of Warcraft'. Des millions d'utilisateurs, des inventeurs milliardaires... bref, encore une fois, je ne suis pas dans le coup. Je décide de m'abonner et entre dans tous les méandres du jeu, équipement, guildes... Je comprends également qu'il me sera impossible d'y retrouver S., qui porte comme tout le monde un pseudonyme.
Dans ce jeu, tous les hommes sont des héros, des guerriers. On ne vous demandera pas si vous avez passé l'aspirateur ou pensé à faire les courses... Inutile aussi de vous conseiller de mûrir, "tu sais que c'est pour toi que tu travailles à l'école". Non, on est au-dessus de ces basses contingences quotidiennes. Vous êtes un chevalier, votre imaginaire est totalement accaparé et démultiplié.
J'ai à peine le temps de débuter, d'essayer de m'intégrer, cinq heures ont déjà passé. Il est trois heures du matin. Violemment, dans un accès de rage, j'éteins mon ordinateur sans me déconnecter du jeu. [...] Mes yeux sont secs et me font mal. Mes pensées vaquent et retrouvent un chemin un peu plus humain. Ces milliers de garçons rivés à leur écran connaîtront-ils un jour une vie moins artificielle ? Qu'est-ce que la vie réelle leur propose ? Cette vie parallèle leur procure bien plus d'émotions.
(p. 191-192)
Commenter  J’apprécie          170
Il nous faudrait une formation particulière pour apprendre à parler aux parents. Il est si difficile de se mettre à leur place. Je me sens parfois tellement loin d'eux. Quelle énergie dépensée ! On y repense le soir. Certains d'entre nous ne savent pas se protéger et se laissent ronger.
(p. 11)
Commenter  J’apprécie          181
- [...] Sinon, tu pourrais leur faire écrire une rédaction dans laquelle ils devraient décrire leur passion, ou ce qui les intéresse le plus dans la vie. Parfois, certains se dévoilent.
- J'ai déjà fait cela avec d'autres classes. Mais la moitié des élèves sont tellement obnubilés par la note qu'ils se demandent quelle est la bonne chose à raconter pour optimiser leurs chances. D'autres ne veulent pour rien au monde soumettre au regard extérieur le coeur de leur intimité. Je les comprends, d'ailleurs. Mais bon... tu as raison, il faudrait essayer.
(p. 183)
Commenter  J’apprécie          170
L'adolescence est un âge de feinte, on veut être un adulte dans un corps d'enfant. Les parents le savent, ils l'ont vécu, mais ne peuvent se mettre à la place des jeunes. Leur point de vue est irrémédiablement extérieur. Certains, les pires, ont la prétention de comprendre leurs ados et de se mettre à leur niveau, au lieu de les laisser s'opposer frontalement.
(p. 100)
Commenter  J’apprécie          170
L'idéalisme amoureux pour un garçon [adolescent] est une gigantesque perte de temps et d'énergie.
(p. 187)
Commenter  J’apprécie          155
[années 80]
C'est mardi gras. Yann dans la cour s'est accroché une grosse bite en plastique à la ceinture. Elle pend jusqu'aux genoux. Il l'a fabriquée lui-même avec un tuyau en plastique souple et un peu de peinture. Il s'est appliqué à chiader les détails, comme les grosses veines sur le côté, façon Roberto Malone, dont il possède plusieurs films en cassette grâce au progrès culturel apporté par Canal + à la jeunesse française.
(p. 175)
Commenter  J’apprécie          134
Moi aussi, j'ai tendance à prendre la fuite rapidement [après les cours]. Qui peut vouloir rester dans le lieu de concentration de toutes les violences ? L'abrutissement, l'ennui, les comportements pulsionnels, la hiérarchie, l'initiation au consumérisme sexuel, la racialisation de l'identité, la soumission aux modes..., l'école ne les enseigne pas. C'est pourtant là que cela s'apprend.
Mais je reste, je fais comme les autres. Il faut bien se sentir vivre. Il y a les filles, le coeur qui palpite. C'est par là qu'on nous tient.
(p. 66)
Commenter  J’apprécie          120
De nombreux amis sur Facebook sont loin de l'avoir été autrefois. Quel est le sens de cette mascarade ? Certains se réinventent un faux passé d'élève bien intégré et bien dans sa peau.
(p. 71)
Commenter  J’apprécie          131
Madame Rossignol nous raconte son voyage en Egypte et l'épisode cocasse qu'elle y a vécu avec quelques amis. L'une des membres de son groupe de voyage, habillée en débardeur léger, épaules nues, s'est fait cracher dessus par un passant âgé, en pleine rue.
Notre professeur de conclure :
« C'est normal. »
Elle engage ensuite un discours sur le respect des différences culturelles. Des élèves approuvent avec vigueur. D'autres ne disent rien. J'adhère plutôt au commentaire du professeur. Cela m'ennuie car j'aurais aimé ne pas être d'accord avec elle.
Dans cette harmonie générale, une petite voix faible se fait entendre :
« Et donc, en France, si je vois une femme en boubou, je lui crache dessus ? »
C'est Louis.
Nous n'avons presque jamais encore entendu le son de sa voix. La sonnerie vient de retentir. L'attention des élèves n'est plus à la discussion. Ils rangent leurs affaires, il y a du bruit. Madame Rossignol entend distinctement sa remarque, mais feint de l'ignorer. Deux ou trois autres élèves réagissent vigoureusement :
« Mais non. Ça n'a rien à voir !... »
(p. 51-52)
Commenter  J’apprécie          100
C’est là, à cet instant, que se joue la sélection. Ces deux élèves, et eux seulement, iront loin. Par leur verve, ils me convainquent, mais aussi toute la classe, du moins la minorité qui nous écoute dialoguer : il faut supprimer ces questions. Les élèves sont derrière eux.

Pourtant, certains ont dû y répondre mieux que d’autres. Ils ne le savent pas, ou n’ont pas compris comment se joue la distinction scolaire. Ils soutiennent leurs camarades. Ces deux élèves, Dylan et Mélissa, n’y ont certainement pas répondu.

J’ai préparé le contrôle ; ce sont les questions les plus importantes, pour lesquelles j’ai prévu le barème le plus élevé. Les supprimer reviendrait à transformer le contrôle en quasi-QCM élémentaire. Leur intelligence est ici clinique. Ils l’ont compris, ces questions sont cruciales et, sans savoir y répondre, ils ont réussi à se distinguer en me poussant à les retirer. Je ne résiste pas. La compétition a eu lieu.

La jungle sociale est entrée dans l’école. C’est la loi du plus malin et le professeur ne peut plus qu’accréditer ce qui se joue en classe. Je tente de me justifier intérieurement, j’essaie de reconnaître leur talent d’expression naturel. Je les confonds avec tous les autres : je me dis « les élèves » comme s’ils avaient tous réellement voulu la même chose.

Je suis à un poste d’observation, rien de plus. Mon autorité est là pour asseoir celle des élèves les plus influents.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Auteurs proches de Laurent Torres
Lecteurs de Laurent Torres (25)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}