L'ancienne PDG d'Areva Anne Lauvergeon est l'invité du 7/9 sur France Inter ce vendredi 13 avril 2012. Elle sort un livre "La femme qui résiste" paru chez Plon, livre dans lequel elle revient sur son parcours, ses années comme sherpa auprès de François Mitterrand et ses 10 ans à la tête d'Areva.
(Anne Lauvergeon parle des déchets nucléaires enfouis)
... Par quel miracle, ceux ci pourraient remonter à la surface? Quelle est la probabilité qu'un de nos très lointains descendants ait la malencontreuse idée d'entreprendre de creuser un trou de plusieurs centaines de mètres à l'endroit précis d'un stockage tombé dans l'oubli au fil de milliers d'années ?
SOIT, mais il faut prévenir les volcans, (les séismes et autres tsunamis comme à Fukushima) alors...:-)
Mieux vaut déclarer son ignorance, que de répondre à une question de manière évasive.
C'est une recommandation née de l'expérience.
Vous êtes alors presque immanquablement assimilée aux "énarques" et rangée parmi ces gens qui, selon lui, répondent au hasard plutôt que d'avouer une lacune.
Cette attitude l'insupporte au plus haut point.
Il a réussi une compartimentation à l'extrême. Il sait arriver et partir d'un cercle donné sans autre argument que
"Je dois partir", "Il est temps", "On m'attend", les jours de grande prolixité.
Passant le dernier, son [Michel Audiard] avis est requis. Un abandon en rase campagne est espéré voir attendu.
"Il y a une chose qui me frappe, voilà un homme qui a un pied dans la tombe et l'autre sur une peau de banane, et tout le monde aboie après lui; pourquoi ne lui foutrait-on pas la paix?
Il a faait deux septennats, ce qui prouve qu'au bout du premier, les Français l'ont reconduit, donc il ne devait pas être aussi catastrophique que ça ..."
François Mitterrand lègue "Il faut laisser du temps au temps.".
Ce n'est pas la devise du président Queuille "Il n'est pas de problème qu'une absence de décision ne finisse par résoudre."
Non, pour lui une solution doit mûrir, pas pourrir ni non plus être cueillie trop verte.
...
Les idées mûrissent comme les fruits et les hommes. Il faut qu'on laisse le temps au temps."
Tout l'art du politique est de svoir reconnaître le bon moment.
Au risque de désespérer Jacques Séguéla, François Mitterrand, n'a pas de Rolex au poignet. A vrai dire, il n'a pas du tout de montre et se désintéresse même souverainement de l'objet.
... Il y a bien une pendulette dorée sur la cheminée mais son emplacement fait que, précisément, il lui tourne le dos quand il est assis à son bureau.
Il vous reste à apprendre sur la nature humaine. Les hommes sont lâches et conformiste, surtout parmi les élites.
Même lorque les périls sont limités... Alors vous pouvez imaginer après une défaite comme celle de 1949 et l'occupation Allemande...
François Mitterrand professe parfois des doutes sur la nature humaine. On lui prête cet aphorisme : "La reconnaissance est une maladie du chien, non transmissible à l'homme."
"Il n'abandonnait jamais un choix. Danielle est un choix qu'il avait fait et il ne l'abandonnerait jamais."
"Oui, Mitterrand manque. Et il me manque, pourquoi ne pas le dire? J'aimerai tant pouvoir échanger avec lui sur la situation actuelle. Dans des cadres conviviaux, on pouvait l'entretenir de tout. Les discussions n'étaient jamais à sens unique, il fallait souvent être sur le qui-vive et déployer une acuité mentale et intellectuelle. A chaque nouveau sujet, il vous obligeait à faire un pas de côté, à changer votre perspective et vous vous surpreniez alors à penser : «Tiens, je n'avais pas vu cela sous cet angle ». Il était aussi capable à partir d'un faisceau d'événements en apparence disparate de discerner, de relever des lignes de force. Mais dans l'exercice de ses fonctions, il n'y avait jamais place pour le relâchement. Jamais.