Citations de Léa Clermont-Dion (29)
On m'avait tellement parlé de ces êtres qui perdent le contrôle totalement, sans lendemain. Ce cousin germain schizophrène mort par suicide. Et cette tante anxieuse à s'en ronger l'âme, à ne plus sortir de la maison. Et moi, petite personne bien affolée, incapable d'affronter la vie, j'ai fui.
La femme occidentale, est un sexe derrière lequel elle disparaît, alors que la femme voilée par la burqa, la vraie, est aussi un sexe, que l’on recouvre de la tête aux pieds, pour le faire disparaître.
L’apparence est-elle si importante? À en croire la pression sociale engendrée par les médias de toutes sortes, les femmes doivent être belles et performantes ou ressembler à Barbie: taille de guêpe, chevelure blonde, abdominaux dessinés, muscles découpés, fesses bombées, cuisses fines, bassin étroit, ongles parfaits, lèvres pulpeuses, seins pleins et fermes, teint clair, longs cils, dents droites et immaculées, ventre plat, peau bronzée, aucune vergeture, aucun bouton, aucune ride, ni mèche grise.
Je m’installe à mon spot habituel. Là où il y a un rocher sur lequel il est écrit « Clodelle + Vincent = Coeur ». Sérieux, c’est qui les caves qui ont l’idée de massacrer la nature en se croyant assez importants pour graver leur nom sur une pierre ? Je veux dire, t’es pas Jésus ou mère Teresa. Ça sert à quoi de crier à tout le monde que ton amour de six mois est digne d’intérêt ? Poupie et moi, on n’a jamais fait chier personne avec notre amour. Ça aurait été la chose la plus absurde de dire à la terre entière qu’on s’aime à mourir. Mon petit collier best friends forever, je le porte, mais je ne le montre pas à tout le monde.
J'ai le corps qui tremble de l'intérieur. Comme un manège à la Ronde qui gronde fort. Ça fait si mal que j'ai l'esprit confus. Ma gorge m'écorche la vie.
À 12 ans, j’étais obsédée par mon poids jusqu’à m’en rendre malade. Cliché, un peu. Triste, beaucoup. J’ai voulu plaire jusqu’à disparaître. À force de vouloir tout contrôler, j’ai perdu ma liberté. Je suis devenue obsédée par ma silhouette. À tout prix. J’ai voulu mourir. Oui, l’anorexie est assassine.
La fille choisie pour figurer en première page d’un magazine devient rentable. L’argent est le dénominateur le plus fort, ce que la masse désire acheter demeure le meilleur selon l’implacable loi de l’offre et de la demande.
Le monde que présente la publicité est un monde de facilité: il suffit d’acheter un objet pour obtenir le bonheur, claironne la publicité. Ce genre de lavage de cerveau, le consommateur le subit ad nauseam, si bien que le monde réel apparaît bien dur à plusieurs.
LA MAIN SYMBOLISE LE POUVOIR D’AGIR, LA LIBERTÉ: AVOIR LES MAINS LIBRES, COMME LE VEUT L’EXPRESSION. LA MAIN RAPPELLE NÉANMOINS LA PRISE DE POSSESSION, LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE: METTRE LA MAIN SUR QUELQUE CHOSE. ELLE RÉFÈRE À L’ACTIVITÉ, À L’ACTION, AU TRAVAIL: METTRE LA MAIN À LA PÂTE, PRÊTER MAIN-FORTE. LA MAIN SYMBOLISE LA FORCE, L’AUTORITÉ: UNE MAIN DE FER DANS UN GANT DE VELOURS.
Le corps ne sera jamais autre chose qu’une enveloppe, à moins qu’on l’habite vraiment, et ça c’est mon grand triomphe. Je pense que je suis une révolutionnaire. Les femmes sont le contenant de la souffrance de l’humanité, à cause de leur corps.
L’intérêt d’être femme, c’est d’avoir un utérus, c’est de donner naissance à des enfants. Un homme peut donner son sperme jusqu’à la fin. Il est utile à l’humanité. Pas les femmes. C’est pour ça que le lien entre beauté et féminin est si fort. Quand tu es jeune et belle, tu peux faire des bébés. Maintenant, la vie est plus longue pour les femmes! Il faut continuer à vivre, malgré l’inutilité biologique.
Il y a une grande différence entre vivre dans les apparences et le senti. Il existe une réelle et véritable expérience où il se passe quelque chose. J’ai été superficielle. J’ai tenté de montrer une image de perfection.
...un beau corps est à même de prendre les allures d’une icône, et de devenir l’image emblématique de ce qui est admis, de façon universelle, comme la beauté en matière corporelle.
Ce qui est intéressant, pour un adolescent, «c’est d’appartenir à un groupe.» Pourtant, le corps reste une enveloppe. Quand j’étais adolescente, j’étais attirée par les garçons qui avaient une cicatrice dans le visage. Ça parlait. Les marques sur le corps, ça parle d’une vie.
Le miroir est devenu mon pire ennemi, alors que c’était un objet de jouissance. La balance est devenue un fardeau tout aussi ingrat. Me peser relevait de l’enfer. Je maudissais cet outil tout comme je l’adorais. Je prenais en note mon poids quotidiennement. Si j’avais le malheur de prendre une livre, je rageais contre mes parents qui m’obligeaient à me gaver.
La question du poids est l’aspect le plus important de ma quête, c’est l’origine de ma démarche, le critère premier pour déterminer si quelqu’un est beau ou pas.
La beauté est partout: dans l’art, la littérature, l’architecture, le design, le théâtre, la mode… et ce n’est pas d’hier que nous parlons du rôle de la beauté dans notre société. J’avais l’habitude de sous-estimer l’importance du beau. En vivant à Paris, à force de passer des après-midi au musée, j’ai aussi compris l’importance de la beauté dans nos vies. En plus d’être héritage culturel immense, la beauté fait du bien. Elle contribue à notre bonheur. La vie serait bien morne sans elle.
La beauté fait du bien. Les artistes la recherchent, la questionnent et la façonnent depuis des lustres. On aime être éblouis. Et c’est tant mieux!
L’idéal de l’argent et de la jeunesse n’était pas dominant, mais l’est devenu par la force des choses. Dans certaines cultures ancestrales, le pouvoir était le savoir. Aujourd’hui, le succès, la célébrité et le profit représentent le pouvoir.
C’est frustrant pour l’être humain de réaliser qu’on arrive au top de ses moyens intellectuels au moment où on ne correspond plus aux critères de beauté parce qu’on a vieilli.