On s'habitue à tout, même à la peur. C'est grand-mère qui avait dit çà un jour. Elle avait lâché cette petite phrase comme on ajoute une précision factuelle à un récit, en passant, sans ciller, sans marquer de pause. Elle parlait de la guerre ce jour-là, et grand-mère parlait rarement de la guerre.
Oncle Gricha, lui, aimait parler de la guerre, il aimait parler en général. C'était lui qui racontait les histoires de grand-mère d'habitude. (...) Il savait créer un suspense et faire trembler, parfois même un peu pleurer, souvent éclater de rire. Il racontait avec passion et on l'écoutait avec enthousiasme.