Le chagrin érode les priorités de vie comme le vent et l'eau érodent les montagnes.
Tout était affaire de routine, par ici. Les années passent et je reste préposé à la préparation du thé. Les rituels revêtent une certaine valeur sécuritaire dans une époque affolée et affolante. On s'accroche à eux, tels des naufragés à des bouées de sauvetage, craignant à tout moment d'être emportés par les marées dévastatrices du temps et du progrès.
On ne fait pas une croix aussi facilement sur ce qui a été, ou ce qui est censé avoir été. Tandis que ma mémoire reconstitue petit à petit les partitions des deux existences, des croches entaillent mon cœur. Le manque, ça vous grignote et ça vous tue.
Les êtres partent, la musique reste, intemporelle, elle conserve sa beauté, au-delà de tout ce qu'elle peut relier, au-delà de de ceux et celles qu'elle raconte, elle continue d'exister, elle est éternelle.