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Citations de Lionel Groulx (48)


Lionel Groulx
« Nous étions élevés dans le culte du courage, de l’endurance quotidienne, silencieuse. Pas la moindre nervosité dans notre éducation. Nos parents étaient de nerfs solides. Je ne les ai jamais vus abattus, découragés devant l’épreuve, la tâche trop lourde. Il arrivait à notre mère d’essuyer une larme du coin de son tablier. Sa calme énergie rebondissait aussitôt sous le coup d’un ressort merveilleux, celui d’une foi simple, vivante, en la Providence qui n’abandonne jamais. Oh ! le courage de ces anciens ! Quand je ressuscite en ma mémoire ces jours de jadis, je me demande encore par quel miracle nos parents parvenaient à joindre les deux bouts. Quels muscles solides, physiques et moraux, il leur fallait pour résister à leur vie harassante ! Debout à cinq heures du matin, ils trimaient tout le jour, et tard dans la soirée, presque jamais sans la moindre détente. Notre père n’était pas seulement un agriculteur ; c’était aussi un artisan. Il travaillait le bois, le cuir, le fer. Rien des instruments de la ferme ne se fabriquait ailleurs que dans l’atelier familial. Notre mère boulangeait, cousait, tricotait, tissait, blanchissait. Elle faisait tous nos habits, en tissait au métier une bonne part ; elle trouvait même le temps de tisser de la catalogne pour les autres, pour arrondir le pécule ; elle tressait nos chapeaux de paille, plissait nos souliers de bœuf, entretenait son jardin, fabriquait son savon, voyait à la basse-cour, trayait les vaches, et les jours de presse, elle trouvait encore le temps d’aller donner un coup de main aux travaux des champs. Un soir qu’après l’école je m’en allais chercher les vaches, je me souviens d’avoir vu ma mère sur un haut mulon de grain, en plein champ. La fourche à la main, elle servait la batteuse. Oui, race de braves gens, dont la race paraît éteinte, et qui se proposait bien de ne pas faire de nous des mauviettes. »

Tome 1 "Mes Mémoires"
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Mon cher ami,
Vous me demandez ce que doit être, en vacances, la piété d'un membre de l'A.C.J. Je me demande, à mon tour, moi qui connais votre générosité et la noblesse de vos aspirations, ce que ma réponse pourrait bien vous apprendre que vous n'ayez quelque peu deviné. Mais enfin, vous souhaitez que je vous en écrive, et... je m'en vais vous en écrire. Ce n'est pas vous qui avez jamais considéré les vacances, comme une brèche, un arrêt total dans la vie du jeune homme, une solution de continuité dans le travail de son éducation . Vous n'avez pas cru, par exemple, qu'il est essentiel alors au bonheur d'un collégien de s'en tenir à la prière du matin et du soir, le plus souvent écourtée, et qu'on ne saurait sans grand dommage pour sa santé et ses parties de yacht, de base-ball ou de tennis, garder encore l'ennuyeuse habitude du chapelet, de la messe et de la communion quotidienne.
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Qu'est-ce qu'un intellectuel? Un ecclésiastique peut-il être un intellectuel? Et un traditionaliste? L'intellectuel existe-t-il dans le Québec du début du siècle? Après avoir esquissé une réponse à ces questions, on dressera l'inventaire des obstacles et des contraintes qui contrarient le goût de l'action intellectuelle chez Groulx. En même temps, on suivra l'itinéraire au cours duquel s'est bâtie sa notoriété et on s'attardera aux étapes qui, dans sa carrière, sont autant de préparations à la fonction d'intellectuel.
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Les années qui précèdent le professorat universitaire sont, pour lui, une période de préparation au rôle d'intellectuel. Ce rôle, le désir de servir la nation et la religion le pousse à y aspirer, même un peu confusément au début. Aussi saisit-il toutes les occasions de s'extérioriser7. Une volonté se porte au-devant des caprices du hasard. Groulx porte la toge blanche du candidat.
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Vaudreuil, 9 août 1906
Monsieur l'Abbé PA. Sabourin, Prêtre
Directeur du Collège de Valleyfield, Que.
Monsieur le Directeur,
Je me permets de vous offrir en très modeste «hommage d'auteur», un exemplaire d'une conférence que de mes amis viennent de faire mettre en brochure à Montréal. Je l'ai écrite pour nos élèves. On m'a dit qu'elle pourrait faire du bien à d'autres. Et pour ma part, j'ambitionne seulement qu'elle ne compromette pas trop sérieusement la réputation de mon collège et celle de son personnel.
Bien à vous humblement en N.S.
L.A. Groulx, Prêtre
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Après l'arrivée au pouvoir de l'Union nationale avec Maurice Duplessis en tête, en 1936, Groulx écrit à René Chaloult qui venait d'être élu député de Kamouraska :
Cette victoire a eu, hélas, son lendemain. Je m'en attriste profondément sans en être trop surpris. Je n'ai jamais pu partager, sur votre chef, à aucun moment, ni la confiance optimiste du Dr Hamel, ni la confiance enthousiaste de M. Oscar Drouin à qui il plaisait d'en faire « le plus grand national ». Non, cet homme m'a toujours paru vieux-jeu, vieux moule. Il est resté de la génération des hommes de soixante ans, avec tous les bobards de la bonne-entente et de la « coopération entre les deux grandes races ». Et il est tel, je veux être juste pour lui, non par malignité d'esprit ou de caractère, mais par manque de formation et d'impuissance morale. Il n'a pas assez de personnalité pour être de son temps. C'est ce qui est grave chez lui. Nous aurons, je le crois bien, quelques réformes administratives, quelques essais timides de politique économique et sociale. Il nous faut faire notre deuil de la grande politique nationale que nous avions rêvée. Quelle restauration en profondeur attendre de la part de gens qui n'entendent faire justice à leurs compatriotes que si la minorité anglaise l'a d'abord pour agréable ? Oui, c'est un grand désenchantement.
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La vie de Groulx a été longue, riche et fertile en événements de toutes sortes et dans des domaines divers et la correspondance témoigne de cette richesse et de cette diversité.
Malgré son rôle d'homme public où il s'est impliqué, pas encore assez souvent et encore trop peu au gré de ses amis, de ses disciples et de ses admirateurs, et, par contre, beaucoup trop souvent et, selon une habitude fâcheuse, à contretemps, au goût de ses détracteurs et de ses adversaires, son engagement sacerdotal le cantonnait malgré tout dans une certaine circonspection.
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Lionel Groulx (1878-1967), cet homme qui a, confie-t-il, « tellement et jusqu'à la fin de ma vie [...] rêvé grand, désespérément grand, pour mon pays, et pour les hommes, mes frères, qui l'habitent », mérite à coup sûr qu'on déploie une nouvelle bannière marquée de son chiffre. Qu'on la déploie non seulement en son honneur et comme un hommage mais comme un service encore à rendre.
Car l'écriture et ses lettres ont pour lui été mission, peuple et pays à conquérir, valeurs à défendre, à affirmer. Prenant charge d'âme et de pays, parole et écriture sont déployées fortement, hautement, longuement, au paroxysme de sa passion et de son idéal, d'une gigantesque stature, à la grandeur de son pays, de ses frères et de son coeur.
Prêtre, éducateur, professeur, orateur, polémiste, humaniste et homme de lettres, c'est surtout comme historien et comme leader intellectuel et nationaliste que Lionel Groulx s'est illustré pendant près de cinquante ans, et qu'il a exercé une influence difficilement mesurable mais considérable, que peu de ses compatriotes contemporains ont réussi à surpasser ou même à égaler, au Canada français.
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Lionel Groulx
"Un homme qui hésite, c'est un homme qu'on peut tenter."
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Voyez plutôt comme il va procéder. H commence par interrompre au Canada tout courant de vie française. Entretenir des relations avec les parents ou les amis résidant en France prend les proportions d'un crime contre la loyauté. Faire venir des livres ou des journaux directement du vieux pays, "c'était, nous assure Bibaud, une chose à laquelle il ne fallait pas penser." Prenez note aussi que, jusqu'à la moitié du dix-neuvième siècle, notre système des postes relève entièrement des autorités impériales, que les revenus en sont envoyés en Angleterre et que des taux exorbitants empêchent l'entrée au pays des livres et des journaux européens. Ce qui fait que jusque vers 1830 au moins, nos écoliers doivent copier à la main la plupart de leurs manuels.
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La liberté scolaire!. . . je n'ai pas écrit sans quelque émotion ces deux mots qui m'ont révélé le fond tragique de notre histoire. Jusqu'ici je vous ai parlé de libertés vitales sans doute, puisqu'elles furent la condition de toutes les autres. Il n'apparaissait point cependant que tel ou tel régime politique fût essentiel à notre survivance. Mais, désormais, puisque je vous parlerai de la liberté de l'école ou de la liberté de la langue, il faudra bien vous rendre à cette vérité douloureuse que nous, citoyens d'origine française, nous avons dû combattre en ce pays pour l'âme même de notre race.
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Vous raconter quelques-unes des péripéties de ce duel dramatique fera l'objet de la présente conférence. Nous referons rapidement l'historique des droits du français avant l'ère constitutionnelle. Je vous ferai voir ensuite les deux antagonistes dans le champ clos des parlements. Et nous apprendrons — ce qui ne sera pas sans profit dans le péril actuel — que les champions de la cause française ne doivent qu'à eux-mêmes d'avoir pu maintenir en ce pays le principe du dualisme national.
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Je distingue trois phases dans cette grande bataille parlementaire. La première, c'est celle où les notions s'élaborent et se précisent, où les idées et les hommes se cherchent, et qui va de 1791 à 1839. Puis vient la phase de 1839 à 1843, où la formule du gouvernement responsable est d'abord trouvée puis appliquée pour la première fois au Canada. Enfin, de 1843 à 1848, la troisième phase, alors qu'après un dernier retour de l'irresponsabilité, la politique de la responsabilité remporte son définitif triomphe.
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Londres nous laisse, à ce bref et premier séjour, une impression bien faite pour humilier en nous le sentiment français. Cette correction de tout le personnel des services publics; ces policiers qui vous accueillent avec un salut, vous parlent souvent français, peuvent faire cent pas pour vous indiquer une rue, un autocar, un édifice, vous remettre sur votre chemin; dans les magasins de la grande ville, cet empressement à vous donner le meilleur service possible, à prendre même le téléphone pour vous trouver l'article cherché, autant de menues attentions qui ne nous font ressentir que plus vivement, hélas, les polissonneries des fonctionnaires d'Outre-Manche, polissonneries que, jusqu'au dernier moment, on s'était plu à ne pas nous ménager. Puis, je le répète, nous sommes toujours en 1909. L'ère victorienne n'est pas encore terminée.
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Vers 1940 le mal ne paraît pas encore visible à tous. Il se trahit peut-être dans l'impuissance de l'AJC à se reconstituer. Il apparaît aussi dans la faillite des regroupements que tente la jeunesse: Jeunesses patriotes, Jeunesses laurentiennes. Mais l'on est inquiet, on cherche des formules de vie, d'action. Et c'est pourquoi, sans doute, devant la carence de nouveaux chefs, on vient vers les hommes d'hier. La jeunesse continue, ce me semble, de me faire confiance, une confiance qui souvent m'émeut. Je suis de ceux qu'elle interroge, à qui elle demande le secret de l'avenir. Je lui réponds volontiers. Si redoutables que m'aient toujours paru les auditoires de jeunes, je les affronte, les trouvant si réceptifs. Et puis-je échapper à la réflexion angoissante et banale que les jeunes générations nous apprennent, par ce qui se passe en elles, de quoi demain sera fait ?
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Paris a beau être Paris, c'est l'exil quand même. Et un pauvre petit Canadien se trouve bien seul dans ce monde. Avec le temps, quelques Canadiens vont, sans doute, me venir voir. Pour le moment, c'est la solitude que je m'en vais oublier en me mettant au travail.
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L'effort que leur destinée leur commande, c'est de se dégager de la sujétion étrangère et de l'inconsistance de leurs propres pensées; c'est de s'élever jusqu'à la personnalité nationale, jusqu'à l'état d'âme supérieur où ils prendront en eux-mêmes, dans la synthèse de leurs vertus natives, dans le commandement de leur histoire et de leur vocation, le gouvernement immédiat de leur pensée, l'essor souverain de leur vie.
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Mais une autre question se pose: comment suis-je devenu directeur de L'Action française ? Je l'ai noté plus haut: mes collègues de la Ligue, consciemment ou non, m'en ont peu à peu conféré le rôle. Ma collaboration à la revue est tout de suite passablement assidue. On me confie l'annonce de la première enquête: mode, méthode d'étude des principaux problèmes de notre vie française. Mes collègues ne tardent pas à pousser leur pointe. La petite revue a tôt fait d'acquérir de la notoriété. Elle compte déjà dans l'opinion.
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Écrire ses Mémoires ! J'y ai toujours vu la besogne d'un paresseux ou d'un impuissant. Pourtant j'écris les miens. La Providence a voulu qu'en mes soixante-seize ans, j'aie connu une période de fatigue. Le médecin m'a condamné au repos forcé. Pour me divertir, j'écris Mes Mémoires. On m'en a prié, depuis longtemps, de-ci, de-là. « Vous avez vu ou connu de près, m'a-t-on dit, la plupart des personnages qui ont tenu un rôle public à votre époque; vos souvenirs constitueraient un document historique de grand prix. » Et j'écris, comme j'ai écrit autrefois Les Rapaillages et les deux romans d'Alonié de Lestres, par pur divertissement.
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"La formation sociale a pour but de rendre le jeune homme apte à la vie sociale et au devoir social." D'où le corollaire s'impose : chaque individu doit être une personnalité robuste et active, un homme de combativité et de dévoûment.
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