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Citation de aleatoire


Il y a dans l'homme qui dort, parfois une expression de souffrance que peut-être la conscience éveillée ne fait que masquer, que la torpeur laisse remonter comme une méduse sur les eaux de la mer. Que voient ces yeux fermés, que murmure cette bouche qui s'abandonne ? Ces mouvements s'inscrivent sans nul doute dans un paysage que nous ne pouvons voir, l'épaule évite le voyageur croisé dans une forêt ou sur une route, ou c'est une prison, une église... Cet être dans le tombeau des choses, ce frissonnant cadavre, quand il ressortira de l'écume des draps, que la chambre tournera sur elle-même pour reprendre son sens et sa place, il saura que c'est lui que ce bruit désigne, mais pour l'instant ni son nom ni aucune parole humaine ne pourrait le tirer de ce profond dialogue des ténèbres où quelque chose d'inconnu vient de le faire frémir. Il appuie contre l'autre une de ses jambes violentes, sa main cherche un refuge sous l'oreiller, il a la bouche ouverte et ce n'est peut-être que pour aspirer l'air à travers les amygdales gonflées, les narines battantes, mais peut-être aussi que quelque Ondine l'entraîne au fond d'un fleuve surmonté de burgs, ou qu'il veut crier avant que les Maures n'entrent dans le défilé, ou qu'il appelle aux Enfers quelque Eurydice dont on ne voit plus voler que le voile sur les marais...
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