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EAN : 9782070404612
835 pages
Gallimard (23/04/1998)
4.01/5   85 notes
Résumé :
Cette Semaine Sainte est celle du 19 au 26 mars 1815.
Le débarquement de l'île d'Elbe a eu lieu et "Bonaparte" a déjà dépassé Lyon. Louis XVIII est en fuite. Une indescriptible cohue l'accompagne, une foule de gens qui courent aussi vite qu'ils le peuvent de Paris à Béthune. C'est la Maison du Roi, la cour, les dignitaires, des maréchaux, les troupes qui sont restées loyales. La France, encore une fois, se trouve partagée en deux. Il y a la France du passé qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Au mois de mars 1815, le Moniteur Universel donnait successivement les nouvelles suivantes sur le retour de Napoléon en France, après son exil forcé sur l'île d'Elbe:

"— L'anthropophage est sorti de son repaire.
— L'ogre de Corse vient de débarquer à Golfe-Juan.
— le tigre est arrivé à Gap.
— le monstre a couché à Grenoble.
— le tyran a traversé Lyon.
— L'usurpateur a été vu à soixante lieues de la capitale.
Bonaparte s'avance à grands pas, mais il n'entrera jamais dans Paris.
— Napoléon sera demain sous nos remparts.
— L'empereur est arrivé à Fontainebleau.
— Sa Majesté Impériale et Royale a fait, hier au soir, son entrée dans son château des Tuileries, au milieu de ses fidèles sujets."

Ou quand la presse officielle s'adapte aux circonstances...

C'est sur cette trame que s'articule l'ultime (excellent) roman d'Aragon, au plus près de l'Histoire en marche et de ceux qui la font (ou la défont), et dans lequel, divine surprise, s'invite en personne le peintre Géricault. Caracolant en diable !
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Un chef-d'oeuvre.
Aragon met en scène la semaine du 19 au 26 mars 1815, où Napoléon revint de l'île d'Elbe, poussant Louis XVIII et les princes à un nouvel exil. Au cours de cette débâcle nous allons suivre de nombreux personnages, des monarchistes et d'anciennes figures de l'Empire rallié à Louis XVIII, mais aussi le peintre Théodore Géricault qui restera notre personnage principal. La question de l'avenir immédiat se pose pour tout ses gens et pour certains celle de savoir à qui rester fidèle. le talent d'Aragon est de ne pas juger ni de donner des leçons d'histoire mais au contraire de privilégier la pluralité et la multiplicité des points de vue. Par ce jeu d'empathie avec tous ces personnages, Aragon montre la complexité de la situation historique mais aussi que la fiction reste le procédé le mieux à même de nous la faire comprendre.

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J'ai beaucoup lu Aragon il y a une trentaine d'années, les trois tomes rouges des Communistes, Les cloches de Bâle, Blanche ou l'oubli, le mentir vrai, Je n'ai jamais appris à écrire, et bien sûr le Fou d'Elsa qui mérite le satisfecit d'Éluard : J'ai la beauté facile et c'est heureux. La Semaine sainte a été pour moi une énigme. Pourquoi l'auteur des Communistes a-t-il pris le parti de la réaction, de Louis XVIII fuyant à Béthune, donnant un titre sacré à la débâcle que la restauration retourne sans honneur, dans les bagages des alliés ? Bien sûr, le génie est dans le point de vue comme dans la forme, mais pourquoi Géricault ? Il est peintre dans la Semaine sainte, mais accessoirement, la face cafardeuse du peintre de la Méduse et des natures mortes de bras et de jambes. J'ai corné jadis la page 136 et je lis : « Il s'efforçait de ne penser qu'à la peinture. À l'effet des tons. À cette chaleur que peut prendre la chair, même dans les jaunes. À ce qu'un choix judicieux du sujet permet, autorise… par exemple, la maladie, la mort, en creusant et dépouillant l'anatomie, qui permettent d'atteindre à une vérité qu'on refusera toujours à l'homme bien portant, qui excusent le peintre de s'écarter de cette beauté grecque, jamais touchée de la pourriture, jamais blessée ». Je n'ai pas relu La Semaine sainte.
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Un livre superbe pour moi un chef d'oeuvre tout est bon ici le rythme, le suspense l'histoire bref on se regale !Je vous le recommande chaudement !
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Un gros travail d'Aragon sur cette période du retour de Napoléon et la fuite de Louis XVIII. J'ai adoré, mais je comprends que ce livre puisse rebuter certains lecteurs. Si vous adorez la période de la Restauration, je conseille.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il y a dans l'homme qui dort, parfois une expression de souffrance que peut-être la conscience éveillée ne fait que masquer, que la torpeur laisse remonter comme une méduse sur les eaux de la mer. Que voient ces yeux fermés, que murmure cette bouche qui s'abandonne ? Ces mouvements s'inscrivent sans nul doute dans un paysage que nous ne pouvons voir, l'épaule évite le voyageur croisé dans une forêt ou sur une route, ou c'est une prison, une église... Cet être dans le tombeau des choses, ce frissonnant cadavre, quand il ressortira de l'écume des draps, que la chambre tournera sur elle-même pour reprendre son sens et sa place, il saura que c'est lui que ce bruit désigne, mais pour l'instant ni son nom ni aucune parole humaine ne pourrait le tirer de ce profond dialogue des ténèbres où quelque chose d'inconnu vient de le faire frémir. Il appuie contre l'autre une de ses jambes violentes, sa main cherche un refuge sous l'oreiller, il a la bouche ouverte et ce n'est peut-être que pour aspirer l'air à travers les amygdales gonflées, les narines battantes, mais peut-être aussi que quelque Ondine l'entraîne au fond d'un fleuve surmonté de burgs, ou qu'il veut crier avant que les Maures n'entrent dans le défilé, ou qu'il appelle aux Enfers quelque Eurydice dont on ne voit plus voler que le voile sur les marais...
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Il était minuit, les cloches rentraient de Rome, et dans les églises, juste après le 𝘎𝘭𝘰𝘳𝘪𝘢 de la veillée pascale, on découvrait les statues et les tableaux, dans la gloire des cloches qui se répondaient d'église à église, avec cette hâte de la Résurrection qui n'attend pas l'aube où Marie-Madeleine et l'autre Marie allèrent visiter le Sépulcre. Toute la chrétienté à minuit déjà renonce à cet insupportable et long silence qui a commencé le jeudi soir. Les cloches sonnent, la vie recommence. Je donnerai un autre sens aux mythes anciens. Ce ne sera pas l'Ange du Seigneur qui est descendu du ciel, avec un grand tremblement de terre, qui a roulé la pierre, et s'est assis dessus. Celui qui brille ici comme l'éclair, celui dont le vêtement n'est point blanc comme neige, c'est l'Homme, et que ceux qui portent l'épée le regardent, et en soient bouleversés ! L'Homme est ressuscité, les gardes se sont enfuis, la vie recommence, la vie de tous les jours, où il n'y a besoin de personne pour faire les miracles, où un verre et un couteau chantent comme un cantique sur une table, une main de femme suffit pour faire le jour au rideau qu'elle écarte.
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Au dehors, il y avait des rafales de vent. Ça tombait. La pluie était mêlée de neige. Il faisait froid et sale, et dans la nuit finissante, la ville au-dehors encore silencieuse, le boucan de la cour, les chevaux qui piaffaient dans les écuries, on voyait, à la lueur vacillante des torches, les enfilades de croupes grises, les canassons des mousquetaires.
Les cavaliers, casques et bonnets à poil, se séparaient pour gagner chacun son peloton, ils emplissaient la cour du quartier d'un grouillement sombre. Le jour semblait ne pas descendre encore des toits dans ce puits. Ils avaient l'air, dans leurs manteaux dont les collets remuaient un peu comme des ailes à leurs épaules, de grands oiseaux carnassiers saisissant les chevaux aux mors. Par-ci par-là, dans le petit matin obscur, des sabots jaillissait une étincelle, on sentait le pavé sous la botte.
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Le mousquetaire gris, dans un mouvement d'humeur, se retourna vers Alfred, son interlocuteur. Un jeune gendarme du Roi venu s'asseoir sur le bord du lit, où lui était étendu, tout habillé, ou presque, botté, son dolman rouge dégrafé, n'ayant ôté que la soubreveste bleu roi, marquée de la grande croix blanche à fleurs de lys, et sa cuirasse dont plastron et dos se voyaient à terre dans la ruelle, appuyés l'un à l'autre comme deux mains jointes. Pour quelle prière ? [...]
Ah, il fallait se lever ! [...]
Il traînait sur les polochons des rêves attardés.
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Pauvre, pauvre Berthier... amant naïf, après tant d'années toujours semblable au jeune homme qui vient de découvrir le pouvoir de faire crier une femme, toujours semblable à ces garçons qui sortent d'une alcôve émerveillés d'eux-mêmes et de la vie, et qu'on voit dans les rues désertes d'une ville lunaire dansant et chantant tout seuls !
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