Voyages et retours (Viajes y regresos) ou la très belle découverte de la poésie du poète chilien Luis Mizón. Ce qui marque d'emblée et dans toutes les pages du recueil, c'est la beauté des images, des impressions qu'elles suggèrent, pensées évanescentes. Des textes courts à l'écriture sensuelle et lumineuse, une abondance d'images qui révèlent chez l'auteur une incessante quête de sens, une recherche qu'il va mener à la source même du langage.
"Les mouettes qui émigrent
longent les rives des grands rêves.
L'arbre déploie ses ailes de sel rouge.
Le récit est caresse
mémoire de gestes
coeur éveillé
et transparent.
L'écho bifurque dans les branches
et prend des chemins différents."
La poésie de Luis Mizón s'imprègne de choses vues, de voyages, d'êtres rencontrés, de lieux traversés dans toute leur part invisible, inaudible, inarticulée. C'est par le corps, par les sens que viennent se déverser dans l'esprit du poète l'abstraction du monde, comme des impressions inconscientes d'avant le langage, d'avant les mots.
Le corps tout entier (coeur, nerfs, os, peau, etc.), traverse le monde de manière instinctive et vient ici effleurer au plus près l'âme du poète.
"Chaque écho de mon corps est une porte.
Une migration de mots.
Un vieux rythme aux notes de cendre.
Le feuillage d'une étoile
navigatrice."
La création, l'écriture poétique se met alors à l'oeuvre dans une pluralité de sens, d'interprétations, tout un travail de restitution par les mots, par le rythme mais aussi par la sensibilité. L'acte d'écriture peut se déployer, prendre le large. Et avec, toute la poésie belle, libre, lumineuse, mélancolique de Luis Mizón.
"Nous rentrerons de nos voyages
comme des amants dévêtus
Offrant des mots
les bras ouverts."
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J'ai toujours trouvé que la littérature sur les Mayas était moins abondante et plus difficile d'accès que celle sur les Indiens d'Amérique du Nord. L'avenir de ces deux peuples a pourtant été le même, ils ont été décimés l'un et l'autre même si les moyens utilisés par les colons ont été quelque peu différents.
Tout l'intérêt de ce recueil est de ramener le lecteur aux sources mêmes : on y trouve des textes rédigés par Cortès, par des prêtres envoyés convertir les impies (certains prenant d'ailleurs - de manière toute relative - la défense des autochtones), mais aussi par des Indiens qui se sont soumis aux colons et qui décrivent leurs habitudes, leurs croyances, leur art de vivre.
Ce qui m'a frappée avant tout, c'est la ruse qui a permis aux colons de s'implanter. Il y a eu des carnages, impossible de l'ignorer. Mais assez souvent, Cortès n'a pas eu besoin de s'imposer par les armes. Il était rusé le bougre, il a monté les différents peuples les uns contre les autres.
J'ai vu beaucoup d'hypocrisie aussi dans les dires des catholiques conquérants, qui voulaient anéantir la sauvagerie indienne (les sacrifices humains, la bigamie, le marchandage des femmes etc...) alors même qu'ils profitaient pleinement des femmes qui leur étaient offertes par exemple.
Et il apparaît très clairement à la lecture de ces pages que les colons n'avaient qu'un seul et unique but : obtenir toujours plus d'or.
Ce recueil offre un aperçu des différentes forces en présence à cette époque, des liens qui se sont tissés entre elles. Mais les textes originels ne sont pas complets, ni analysés. La lecture n'est pas très aisée et, surtout, elle ne fait que passer en revue toute cette période sans vraiment approfondir la question. En même temps, la collection Librio est connue pour ses livres très courts, je ne pouvait donc guère en attendre plus. Ce fût une lecture intéressante mais qui m'invite à approfondir le sujet.
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