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Critiques de Lytton Strachey (6)
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La Douceur de vivre

Huit portraits du 18ème siècle, presque exécutés en taille-douce, avec l'érudition, la tendresse et l'irrévérence qu'on connaît à Lytton Strachey, surtout réputé pour Victoriens éminents et pas assez pour cette Douceur de vivre.

Fin lettré, Strachey élève à son point le plus brillant cet art de la miniature qu'est la biographie brève et dont il reste le magicien de référence.
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Correspondance : Virginia Woolf - Lytton St..

Je dois avouer une certaine déception en lisant cette correspondance recommandée par la critique. Je m'attendais au dialogue de deux esprits brillants, à des échanges de vue sur la littérature et la vie intellectuelle du groupe de Bloomsbury et je ne trouve dans ces lettres au contenu bien mince que le décompte des petits soucis quotidiens et des invitations à prendre le thé entrelardées de commérages.

Ce livre m'amène à deux ou trois constats. Tout d'abord, sur l'étroitesse du cercle dans lequel évoluent Virginia Woolf et Lytton Strachey. Amis de leurs familles respectives, frères et sœurs, anciens condisciples de Cambridge ou membres des Apôtres, le milieu dans lequel ils tissent leurs relations sociales est fortement homogame (exclusivement ?) et assez peu ouvert aux éléments de la société britannique venant d'un milieu social différent. Ils appartiennent par excellence au monde de l'entre-soi, hérité de la société victorienne qui leur fait tant horreur. Qu'un individu extérieur à ce monde pointe son nez, on lui trouve aussitôt un air ordinaire ou "une fantaisie légèrement vulgaire" comme l'écrit Lytton Strachey à l'égard de Katherine Mansfield.

Autre constatation, le silence qui entoure la guerre. On ne peut l'expliquer par la qualité d'objecteur de conscience revendiquée par Lytton Strachey qui pourrait fort bien évoquer les raisons de son pacifisme. Rien, mises à part une ou deux allusions aux tribunaux qui statueront sur l'objection de conscience soulevée par Strachey. Autour d'eux, des hommes partent et reviennent du front, parfois blessés dans leur chair et leur âme, mais pas un mot pour évoquer l'atroce guerre. À ce point, on ose penser : indifférence ?

J'ai également été surprise par le nomadisme de cette petite société qui part souvent à la campagne, séjourne en Cornouailles ou dans le Sussex, répond aux invitations des uns et des autres, à Londres, Cambridge, Oxford... Il se dessine là, à côté d'une vie de labeur intellectuel, une existence plaisante, ponctuée de villégiatures bucoliques et de retrouvailles au coin du feu, de théâtre de plein air et de promenades dans la nature.

Les missives de nos deux amis font la part belle aux petites mesquineries et aux potins. Ils savent se renvoyer la balle avec un certain enthousiasme quand il s'agit de leurs propres œuvres, mais ont la dent dure pour celles de leurs amis. Quant à Lady Ottoline, elle fait l'objet de moqueries et de méchancetés de façon récurrente. Cela n'empêche pas Lytton Strachey de fréquenter sa maison avec assiduité et de répondre à ses invitations sans trop se faire prier.

Je ne peux m'empêcher de comparer cette correspondance, somme toute banale dans son contenu, avec celle de Katherine Mansfield que je trouve remarquable et dotée de vraies qualités littéraires. Cependant, une même détestation réunit les deux femmes de lettres pour l'auteur d'Ulysse, avec chez Virginia Woolf un mépris violent qui laisse pantois : « Ma contribution à moi, cinq shillings et six pence, ne sera versée qu'à la condition qu'il (T. S. Eliot) se serve en public des deux cents premières pages d'Ulysse pour un besoin très naturel ». Quelle morgue !

La fin de leur correspondance prend une tonalité plus sourde, comme si la dépression, la maladie et la mort prenaient le dessus sur deux esprits entamés par la souffrance.
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Correspondance : Virginia Woolf - Lytton St..

Attention, langues de vipères à l'horizon ! Ces deux-là n'épargnent rien ni personne et surtout pas eux-mêmes. Virginia Woolf et Lytton Strachey sont, comme on le dit familièrement, des personnalités mais des personnalités riches, complexes, torturées, vives, et d'une extrême intelligence. La cruauté se transforme en art de plaire et la frustration sexuelle en art de vivre. Ils m'effraient et me séduisent tout à la fois (peur et séduction ne vont pas l'un sans l'autre) mais qu'est-ce-que je les adore !
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Elisabeth et le comte d'essex

Précisions sur un parcours d'une femme dans un siècle d'hommes et de guerres.



D'indécisions en intrigues et complots, un royaume se dessine et se déchire.



Comtés et familles de rangs vont s'observer, se jauger et se détruire.



Les empires vont s'ériger et les puissances vont se distribuer le monde.



Le lecteur va rapidement se retrouver au cœur de ces intrigues de cour et devra suivre son chemin au rythme des lignes que l'auteur lui rédigera.



Femme à découvrir dans son originalité et sa réalité.

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Scènes de conversation

La lecture de ces 88 pages est un bon remède contre les allergies aux romans classiques ; réconciliation avec ce genre littéraire garantie.
Lien : https://lesravissementsdeval..
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Correspondance : Virginia Woolf - Lytton St..

Critique de Claude Michel Cluny pour le Magazine Littéraire



Le siècle naissant vient d’enterrer Victoria. Se dépêtrer du conformisme régnant sur l’empire, les idées et les arts est une autre affaire. D. H. Lawrence, condamné pour pornographie, s’exile. Qui donc respire encore sous ce couvercle? Comment donc soupçonner qu’en 1906 un banal échange de lettres entre personnes convenables amorce dans la plus persifleuse des correspondances, aussi libre que si la bienséance eût été de longtemps jetée aux orties, une ère nouvelle? Ce qui s’y exprime sans détour n’a pas alors d’équivalent en Angleterre.



Virginia Stephen, fille de l’éminent sir Leslie Stephen, prend donc la plume, à la fin de novembre 1906, afin de convier en famille Lytton Strachey, un ami de Thoby, son frère préféré, décédé cette même année de la typhoïde. Installés depuis peu à Bloomsbury, quartier «douteux», les enfants Stephen, Vanessa, Virginia et Adrian reprennent les « conversations du jeudi » commencées par leur frère avec ses condisciples de Cambridge. Ils tissent très vite des liens avec d’autres intellectuels cultivés, artistes, écrivains. Ces enfants terribles de Victoria vont fonder l’unique nid de guêpes des lettres anglaises capable de nous enchanter encore d’un miel aussi poivré que savoureux. Et de s’inscrire dans l’histoire en changeant bien des choses. De l’ombre inoubliée de Thoby Stephen − le Perceval dont les personnages des Vagues attendront en vain le retour − naît par amitiés et affinités le «groupe» de Bloomsbury.



À l’exception de Virginia, qui va épouser Leonard Woolf, et de l’économiste John Maynard Keynes, sait-on aujourd’hui qui furent ces agitateurs en rupture de tradition ? Y compris dans leur vie privée, que clarifient heureusement les notices biographiques du remarquable catalogue de l’exposition de Roubaix. Les lettres, trop peu abondantes (ils se voyaient fréquemment), échangées par Virginia et Lytton, entre fin 1906 et le décès précoce de ce dernier (1932), donnent sur le groupe de Bloomsbury, par nature fort peu rangé, et d’autres personnages du temps des aperçus sans charité excessive mais non sans humour. Mécène et mondaine, lady Ottoline Morrell, une de leurs têtes de turc, n’est pas ratée non plus par le peintre français Simon Bussy, familier de Bloomsbury. Affectueusement complice, le duo épistolier ne se cachait pas grand-chose (sauf que la chose littéraire demeure par essence moins assoiffée de conseils que d’approbation surtout chez Virginia). Même âge, même culture, même milieu. Lytton, un jour d’égarement, sollicite la main de son amie ; qui dit non. Le lendemain, ils n’y pensent plus. D’autant que Strachey, un temps amant du peintre Duncan Grant (voir à Londres l’étonnant portrait qu’il a laissé de Lytton − il ne figure pas au catalogue), n’aime que les garçons. Bloomsbury est, aussi, un nid de liberté sexuelle et d’échanges dans tous les sens qui fait sourire du peu d’invention des Liaisons dangereuses… En témoigne Ermyntrude et Esmeralda , dans le rayon libertin élégant et spirituel, part émergée d’un petit iceberg d’inconvenances délicieuses dans l’oeuvre de Lytton. La prude Victoria n’y aurait pu croire. S’il épargne feu la vieille reine dans la biographie qu’il lui consacre, il exerce sa causticité voilée dans ses portraits de Victoriens éminents.



Croirait-on que la mélancolique et perturbée Virginia, devenue entre-temps Mrs Leonard Woolf, tient sa plume en retrait des ironies de son ami ? Je serai plutôt enclin à soutenir qu’elle l’emporte dans la vivacité, la crudité, l’absence d’indulgence envers les fâcheux aussi bien qu’aux toilettes des hôtels en Espagne. Quelle insoupçonnable, vivifiante liberté d’écriture entre amis ! Tous écrivent, ou peignent, s’intéressent à tout. Paola, roman de Vita Sakville-West (1), « plus connue pour sa liaison avec Virginia que pour son oeuvre littéraire », écrit en 1932, vient seulement de paraître en français. Noir, acide, cet amusant ersatz en mineur des Hauts de Hurle-Vent accable le traditionalisme de province. « Nous haïssons les victoriens ! », cette apostrophe de Strachey vaut pour devise à tous !



La révolution woolfienne dans le roman est précédée, dans le champ pictural, par deux expositions qu’organise, en 1910 et 1912, le critique et peintre Roger Fry autour des post-impressionnistes, de Manet à Cézanne, et de Gauguin à Matisse. À Londres, cette explosion des formes et de la couleur fait scandale, et délivre d’un coup les amis de Fry à la fois du préraphaélisme, de la probe mais par trop bitumeuse application de Sickert, comme de la vision fuligineuse de Turner, aimablement qualifié par le sarcastique Whistler de « Watteau à vapeur »… Nous pouvons imaginer quels horizons dégagés l’initiative enthousiasmante de Fry offrait soudain à des artistes alors en marge des évolutions de l’art sur le continent.



La première exposition en France consacrée à Bloomsbury (excellemment documentée et commentée) nous révèle dans sa diversité la nature très ouverte du groupe, uni par un état d’esprit frondeur plus que par des théories. Elle restitue la place des arts plastiques, que nous connaissions mal, dans les activités nombreuses de ce qui n’aura été ni un phalanstère ni une école formaliste tel le Bauhaus. Et nous donne à voir la face moins connue de ses créations plastiques. Peintres et décorateurs, créateurs de formes et de tissus, de poteries et de mobilier, éditeurs, graveurs sur bois… Roger Fry et Duncan Grant (le plus créatif de tous dans le domaine des arts appliqués) oeuvrent avec constance dans de vivre dans les moeurs et le cadre quotidien.



Vanessa Bell − soeur de Virginia − crée aussi des tissus et se charge, hélas! d’orner la couverture des ouvrages publiés par les Woolf à la Hogarth Press… Elle peint d’abondance, avec Duncan Grant (ils s’épousent dans un mariage de convenance). Dès 1914, elle signe des compositions « abstraites », puis revient au figuratif. Le profil pointilliste et lumineux de Fry par la même Vanessa ne manque pas de charme. Les uns et les autres se portraiturent, avec pas moins de cruauté que Lytton et Virginia s’y adonnent par écrit. Or, de cette dernière (qui sera la biographe de Fry), le catalogue cite une phrase en exergue: «Et puis, sous la couleur, il y avait la forme.» Ce qu’illustraient alors avec bien d’autres Seurat ou Bonnard dans une merveilleuse diffraction de la lumière. En foi de quoi il est permis de s’interroger sur ce qu’elle a pu penser de son portrait par Vanessa (1912, n° 30 du catalogue)… Tous sont erratiques dans leur quête. Le plus doué, le plus inventif, Grant, ne possède pas ce qui signe une oeuvre, quelle que soit son envergure : le style. Tous ont imprimé à leur époque, à un degré divers, un élan de liberté et de recherches formelles absolument inespéré. Ils n’ont pas, dans les arts plastiques, laissé de chefs-d’oeuvre, mais un pouvoir ludique d’incitation à être soi dont, un demi-siècle plus tard, un David Hockney paraît encore surgir. 
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