Il parle avec tellement de conviction ! Un peu plus et on pourrait le croire. Pourtant, chaque fois, c'est moi qui plie, qui acquiesce à ses désirs. La plupart du temps, il excelle à me sentir coupable.
Et à force d’essayer de devenir ce que les autres veulent que l’on soit, ne finit-on pas par ne plus savoir qui on est ?
Je me rends compte avec horreur que certains de ses doigts sont en sang, usés jusqu’aux phalanges.
Il joue toujours ses trois notes, frénétiquement, sans s’arrêter.
En même temps, il jette vers moi un regard fiévreux, il me fixe intensément de ses yeux noirs comme le charbon, comme s’il voulait me transmettre un message.
Il semble me supplier. Incapable de parler, incapable de faire autre chose que d’user ses doigts encore et encore sur sa guitare ensorcelée, il utilise ses yeux sombres pour m’appeler au secours.
C’est une petite fille de mon âge, qui s’appelle Greta, qui nous explique tout sur les moulins. Elle m’a même laissé mettre du grain dans l’entonnoir pour qu’il soit moulu.