AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.87/5 (sur 43 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Morlaix , le 20/07/1980
Biographie :

Énora Malagré est une chroniqueuse, comédienne et animatrice de radio et de télévision française.

Elle s'inscrit au Cours Simon et entame une brève carrière de comédienne. Elle fait ses premiers pas à la radio en 2004 sur Nova où elle est tantôt chroniqueuse tantôt animatrice pendant six ans.

Elle anime sa première émission de télévision sur Arte en 2005, une émission musicale intitulée "Juke box memories".

En 2009, elle fait des sketches dans l'émission "La mode la mode la mode" produite par Mademoiselle Agnès et diffusée sur Paris Première, ce qui, d'après Énora Malagré, marquera réellement ses débuts à la télévision.

Entre 2010 et 2017, elle connaît la notoriété en tant que chroniqueuse dans l'émission de télévision "Touche pas à mon poste !", animée sur C8 par Cyril Hanouna.

À partir du 26 Septembre 2019, elle est chroniqueuse dans l'émission "De quoi j'me mêle" sur C8, présentée par Eric Naulleau.

Le 8 octobre 2019, elle publie son premier livre autobiographique "Un cri du ventre". Dès le 15 novembre 2019, elle est à l’affiche de la pièce de théâtre "À vrai dire - Que serait le monde sans mensonge ?" une comédie de Sylvain Meyniac et Manuel Gelin.
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Énora Malagré   (2)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

C à vous https://bit.ly/CaVousReplay C à vous la suite https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite — Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa — Et retrouvez-nous sur : | Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/ | Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/ | Twitter : https://twitter.com/CavousF5  | Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/ Invitée : Enora Malagré, comédienne • Endométriose au travail : la levée d'un tabou ? L'enseigne de grande distribution Carrefour annonce prendre en charge les jours de congés supplémentaires pour les salariées qui sont atteintes d'endométrioses. C'est un grand pas pour lever un tabou.

+ Lire la suite

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En février 2017, au cours d'un prime de Touche pas à mon poste !, j'ai dit la vérité. C'était le jeu, le thème de la soirée. Un internaute m'a posé une question très personnelle, intime, à laquelle j'ai décidé de répondre franchement, sans ambiguïté. J'ai parlé de la maladie avec laquelle je cohabite depuis dix ans dans les larmes et la colère. J'ai rompu la loi du silence. « À quand un enfant ? » Une fois de plus, on me tendait la perche. Alors, je l'ai saisie. J'étais prête. J'ai inspiré un bon coup et j'ai lancé : « Je souffre d'endométriose. Je n'ai pas d’enfant parce que cette maladie m'en empêche. Pour moi, c'est compliqué. »

Paradoxalement, cet aveu de faiblesse m'a rendue plus forte et plus humaine. En parlant de moi, j'ai parlé à bien d’autres. Mes mots étaient un acte féministe qui non seulement m'a libérée, mais a libéré mes compagnes d'infortune. Ce soir-là, j'ai accouché de ma douleur. C'était, publiquement, une sorte de naissance.

On peut être très heureuse et parfaitement équilibrée sans enfant. Pourtant, en avoir ou pas, cela devrait toujours être un choix. Moi, aujourd'hui, rien ne me rendrait plus joyeuse que de changer des couches, de préparer des purées et de plier des mini-fringues. Mon ventre a beau me refuser ce cadeau, je n'en suis pas moins maman, au plus profond de mon âme. Et ce rêve, coûte que coûte, je vais le réaliser. Mon enfant sera mon roi, ma reine. Je ne l'aurai peut-être pas porté mais je vais l'élever, le chérir, l'armer pour qu'il sache se défendre.

Trop longtemps, je n'ai pas osé parler. J'ai fait comme si tout était normal. J'ai cru assurer. En fait, je me suis laissée ronger. Pourtant, même mes mauvais choix ont eu du bon. Ils m'ont conduite où je suis. Devant vous, sans fard, un peu plus posée pour vous raconter mon histoire.

Fadia Dimerdji, la cofondatrice de Nova à qui je dois tant, une femme libre comme on en fait peu, me l'avait dit : je suis une grande gueule à qui la notoriété donne des devoirs. Le mien, c'est de parler. Un peu fort parfois. De sortir du silence pour que les choses changent. Les femmes saignent, ce n'est pas une nouveauté. Certaines en ont mal à se damner. Ça ne doit plus être une fatalité.

Le rap était la synthèse parfaite de ce qui me forgeait : le goût des mots, la rue, la colère. Grâce au hip-hop, j'ai compris qu'on pouvait dépasser sa hargne et transformer sa douleur en art. Ça m'a sauvée.

Mes parents se sont saignés pour m'envoyer à l'étranger, pour que j'apprenne l'anglais et m'apaise au contact de la diversité. Ça a marché : voyager est devenu essentiel dans mon histoire. Dès que ma vie m'étouffe, je pars. Je vais me frotter au monde. Je vais me nourrir, m'inspirer.

La maladie m'a appris à vivre avec une sorte de désillusion permanente. La déception. Le vide. J'ai dû pisser sur une centaine de tests de grossesse depuis mes vingt ans. Parfois, je pensais être enceinte, alors que je ne l'étais pas. D'autres, j'avais juste envie de le faire, pour savoir ce que les autres femmes vivent. J'avais envie de m'entendre le demander à la pharmacienne. « Un test de grossesse, s'il vous plaît. » À voix haute, distinctement, et avec un large sourire, pour qu'elle comprenne que ce serait une jolie nouvelle. J'attendais un signe de connivence. Je voulais ressentir ce frisson. J'espérais un miracle.

Voilà ce que l'endométriose vous vole : la joie. Chaque fois que j'ai vu ce test bleu et blanc répondre à mon désir, la première chose qui m'est venue à été : « OK, prépare-toi à souffrir, ma grande. » C'est comme un compte à rebours. La fausse couche annoncée. Parce que je sais que je vais le perdre. Qu'il ne va pas pouvoir s'accrocher.

Je n'ai pas dit que je suis malade. J'avais peur de passer pour une fille un peu misérable, ou carrément dépressive. En même temps, on m'aurait peut-être filé un peu de Xanax avec le fraisier ? Je n'ai pas osé. J'ai préféré dire que je n'en voulais pas. Je me suis mis dans la peau de mes camarades libres, ces femmes qui assument de ne pas vouloir d'enfant. Après tout, je prendrai peut-être un jour cette décision, par lassitude de l'échec, ou par courage.

En société, ne pas avoir d'enfant est une maladie. Il faut être dingue ou dysfonctionnel pour ne pas vouloir se reproduire.

Nos emplois doivent pouvoir être adaptés et le regard sur le corps des femmes doit évoluer. Je ne veux plus jamais entendre que je suis de mauvais poil parce que j'ai mes règles ! Il est temps que nous soyons respectées dans toutes nos différences, de couleur, de religion, de sexualité, d'opinions, mais aussi en matière de santé.

Je me glisse entre les draps, dégoûtée par cette saloperie d'endométriose qui fout ma vie en l'air. Mon utérus est dégueulasse, alors moi aussi. Voilà ce que je me dis. Demain, ce sera peut-être pire. Ou peut-être pas. Peu importe. Les jours défilent, ma maladie avec.

Une fois que l'on sait ce qu'on a, le plus dur c'est de vivre avec. Le quotidien, ma capacité de résistance, c'est là que le bât à blessé... À partir de ce moment-là, au fond, la guerre entre moi et mon corps à été déclarée.

Boire pour oublier la sourde maladie, boire parce que j'aime ça, beaucoup trop. Boire pour boire.

Moi qui aimerais tant donner la vie, je n'accouche de rien. Je hurle de toutes mes forces, de toute mon âme pour que, si Dieu existe, il entende. Combien d'épreuves va t-il encore falloir que je supporte ? Combien de temps ce corps va t-il tenir ? Est-ce que ce ne serait pas mieux que je crève ?

Mes invités seront là dans quelques heures. Je vais sourire, incarner mon rôle principal. Eno la rigolote, qui danse et fait le pitre, pour que personne ne voie ce qui se joue vraiment à l'intérieur.

Lorsque je pense top à l'enfant que je ne porterai jamais, je pars. Loin. Et je me crée des souvenirs. Je n'aurai peut-être jamais personne à qui les transmettre, mais je me remplis de vie plutôt que de me noyer dans les larmes.

Quel paradoxe cruel de ressentir les effets de la grossesse à cause d'une maladie qui vous empêche d'être enceinte !

Perdue dans ce corps que je ne maîtrise plus mais que je méprisais, je me suis mise à jouer avec lui. Je l'ai exposé pour mieux le blâmer. En bon petit animal télévisuel, j'en ai fait un objet de séduction pour le public.

On m'a dit récemment : « Si l'endométriose était un problème masculin, ce serait réglé depuis longtemps. » Cette phrase indigne, il faut l'écrire parce qu'elle est vraie.

Il faut que j'arrive à faire la part des choses entre mon endométriose et mes pulsions d'autodestruction. Qui était là en premier ? Qui est responsable de l'autre ? Je mélange des souffrances. Mais elles sont toutes en moi.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Énora Malagré (66)Voir plus

¤¤

{* *}