L'homme est un surhomme qui s'ignore. Le corps humain est plein de surprises et de ressources insoupçonnées.
Sa solitude était son cadre, son choix. Un coffre-fort cérébral où personne ne lui faisait l'affront de la sottise intellectuelle qu'il haïssait par-dessus tout.
Les paysages grandioses ont quelque chose de solennel qui réconcilie avec la vie.
Les vraies plaies sont éternelles.
Au bout du monde, la liberté est inconfortable et solitaire car le grand air est une prison magnifique dont on ne voit pas les murs.
La réclusion rend attentif à tous les sons.
Au col de Chamoussière, au loin, le Viso nous aguiche comme s'il nous donnait rendez-vous pour plus tard. C'est vrai qu'il fait envie avec son arête de basalte noir saupoudrée de gros sel.
Les grands espaces avalent les sons, le vent emporte les miettes.
En montagne, quel que soit le nombre de compagnons avec lesquels on partage la pente, lorsque l'effort s'accentue, on est seul avec ses pensées au milieu du néant.
Un couple, c'est un rythme.
L'air pur libère les pensées.
Nez à nez avec les phalanges manquantes de Maurice Herzog, incapable de refermer ma bouche grande ouverte de stupeur, je restais de longues minutes à observer la photo de ses mains mutilées et de son visage brûlé par le soleil à son retour de l'Annapurna.
J'aime le vent froid, les pierriers qui grincent et la solitude des glaces.
La montagne est un territoire où je chasse mes démons.
Si les sommets ont des noms, c'est parce que leur âme flotte au-dessus des cimes.
J'ai la naïveté de penser que certains objets ont une âme et que leur mémoire voyage à nos côtés.
L'échec peut être héroïque et la victoire futile, c'est la manière et le contexte qui donnent du sens à l'effort.
En montagne, il faut avoir confiance en deux choses : son partenaire et son équipement.
[…] Je ne te connais pas encore très bien, et tu ne me connais pas non plus, mais nous sommes loin d’être des étrangers l’un pour l’autre. Au moment d’écrire les premières lignes de notre histoire, je t’aime déjà aussi fort qu’il est possible d’aimer. Un amour pur et infini. Le simple fait de te l’écrire me fait battre le coeur très fort.
M’entends-tu lorsque je parle à ta mère ? Ma voix t’est-elle déjà familière ? Je l’espère. Lorsque bientôt tu quitteras la chaleur de ton cocon et que je te prendrai dans les bras pour la première fois, j’aimerais que tu me reconnaisses et que tu sentes alors de tout ton corps qu’il n’y aura jamais de refuge plus sûr pour toi que les bras de ton papa.
[…] Devenir père, c’est vivre un peu plus fort, et tenir bientôt entre mes mains trois kilos d’éternité. Voilà pourquoi, aussi longtemps qu’il me sera donné de le faire et tant que tu m’y autoriseras, j’aimerais te guider pour faire de toi la personne que tu dois devenir, celle que tu choisiras d’être […
Lucia et moi n’avons jamais sérieusement parlé d’avoir des enfants ni formulé que nous voulions faire notre vie ensemble avec des mots simples lors d’un dîner aux chandelles.